Retour sur un match étrange, le dernier de la saison : Boban Marjanovic superstar, même Mamie Voyante ne l’avait pas vue venir

Le 03 avr. 2020 à 13:10 par Giovanni Marriette

Boban Marjanovic 2 avril 2020
Source image : YouTube

Mercredi 11 mars 2020, l’ambiance est étrange sur la planète basket, et pour cause. Des six matchs prévus cette nuit-là seuls… quatre se joueront, et l’on apprendra quelques heures plus tard que ce seront probablement les derniers de la saison. Rudy Gobert a choppé cette merde, la NBA est à l’arrêt mais à Philadelphie, Atlanta, Miami et Dallas on joue les prolongations, car tant qu’à arrêter de taffer pendant six mois autant mettre la gomme encore deux ou trois heures.

Les Sixers tapent les Pistons en début de nuit, les Knicks offrent peut-être la dernière défaite de la carrière de Vince Carter, les Hornets s’imposent étonnement à South Beach, et le dernier match avant… le prochain se déroule donc du côté de Dallas, avec une belle opposition entre les Mavericks et les Nuggets, deux des belles darlings de la Conférence Ouest. Dans les tribunes l’info tombe en début de quatrième quart, ça ne parle que de COVID et de Rudy mais balek comme disaient les jeunes de 2010, il y a un match à jouer et du plaisir à prendre, en évitant si possible de s’atchoumer à la gueule.

Les esprits les plus fins ont alors ceci à l’esprit : profitons de l’instant présent car on n’est pas prêt de revoir du basket en direct sur le League Pass. Et comme la NBA sait si bien le faire… ce match sera “différent”. Pas de Kristaps Porzingis côté Dallas et c’est donc ce bon vieux Boban Marjanovic et ses 2m80 qui débutent le match, première info croustillante. En face Nikola Jokic fera son match mais galèrera comme rarement à se rapprocher du cercle, parce que c’est quand même un peu la mer à boire de jouer au basket contre un peuplier. Un match équilibré, merci pour le suspense, lors duquel le géant serbe sera avec Willie Cauley-Stein le seul véritable intérieur à fouler le terrain côté Mavs, léger souci texan que Paul Millsap tournera vite à son avantage en empilant les easy buckets dès lors que le small-ball de Dallas se met en place. Mais si Jokic, Murray, Doncic, Kleber ou Tim Hardaway Jr. feront leur match habituel, c’est évidemment une autre image que l’on gardera en tête sur ce dernier match : celle d’un géant aux oreilles décollées qui maitrise l’espace aérien comme aucun autre joueur actuel n’est capable de le faire à part Tacko Fall l’été sur son terrain privé.

Les stats de Boban Marjanovic ce soir-là ? 31 points et 17 rebonds à 12/20 au tir, record en carrière au scoring pour l’homme à tête de chou, et douze paniers inscrits à un étage où absolument personne ne pouvait venir le chercher. Des rebonds offensifs attrapés à une seule main, des défenseurs qui sautillent en espérant toucher le ballon, un speaker qui hurle des grands Bobbyyyyyy à chaque panier inscrit, bref une soirée psychédélique terminée par une victoire des Mavs devant un American Airlines Center sous le charme mais surtout frappé d’un sentiment étrange, et des fans qui devaient alors se demander comment ils allaient raconter cette soirée à leur conjoint une fois rentrés à la maison. Car ce soir-là non seulement Boban Marjanovic s’est octroyé le trophée officieux de MVP de la nuit, mais il s’est surtout chargé de fermer le couvercle d’une casserole qui sent pourtant tellement bon et nous donne à bouffer tous les soirs d’octobre à juin.

La cote d’une NBA qui cesse toute activité début mars sur une dernière mixtape de Boban Marjanovic ? Elle était probablement à plus de 2 000 000/1. Et si vous y avez pensé on vous demande aujourd’hui solennellement de commander 20 milliards de masques et de construire en urgence quelques milliers d’hôpitaux. D’avance merci, et gloire à Bobby.