Top 30 des franchises de la décennie : les Detroit Pistons, Motor City est au point mort (#27)
Le 05 déc. 2019 à 17:49 par Paul Quintane
Il est l’heure. L’heure de fermer la page sur les années 2010, et donc de fermer la page sur dix ans de NBA et de souvenirs plus ou moins ancrés, plus ou moins légendaires. Il y a ceux dont on se rappellera encore dans cinquante ans et ceux qui disparaitront au rythme des exploits de notre génération contemporaine, mais aujourd’hui et avec un regard tout neuf sur ces dix dernières années, nous nous sommes donc amusés à… trancher dans le vif. Coup d’œil aujourd’hui sous le capot, pour décrypter la décennie basket à… Detroit.
Classer les trente franchises de la Ligue, de 1 à 30 cela va sans dire, en prenant en compte aussi bien les victoires en saison régulière que les trophées individuels, le palmarès des printemps ou les stars passées en ville. Exercice difficile, ô combien discuté et évidemment toujours discutable, mais qui aura au moins le mérite d’être posé. Exercice subjectif également, qui prend en compte des chiffres mais aussi des ressentis, et que l’on vous demandera donc de respecter ou de débattre, seulement et seulement si vous faîtes l’effort, comme nous, de vous creuser un peu les méninges et de jeter un coup d’œil derrière votre épaule, sur ces dix années de NBA qui nous contemplent.
- Saisons prises en compte : de 2009/10 à 2018/19
- Critères étudiés : les victoires en saison régulière, le palmarès en Playoffs, le nombre de All-Stars et les trophées individuels
- Objectivité : celle de fans NBA
Après le magnifique titre surprise de 2004 et de belles années basket à l’entame du nouveau millénaire, les Pistons ont fini par se résoudre à tourner la page pour débuter une nouvelle ère. La décennie 2010 s’était entamée pour la franchise du Michigan par un changement de propriétaire, et donc l’idée de démarrer une logique reconstruction. Près de dix ans plus tard… difficile pour Detroit d’être satisfait par l’évolution de l’équipe et par les résultats qui en découlent.
Le bilan en régulière : 333 victoires – 471 défaites
Un bilan comptable vraiment pas folichon. Trois années de suite en dessous des trente victoires, entre 2011 et 2014, et le triste constat d’une seule saison terminée dans le positif avec 44 victoires pour 38 défaites durant l’exercice 2015-16. Mon Dieu que la décennie des Pistons fut laborieuse.
Le bilan en Playoffs : deux défaites au premier tour (2016 et 2019)
Deux qualifications accrochées de justesse pour la postseason avec la huitième place de l’Est… pour à chaque fois se faire sortir au premier tour, à chaque fois en quatre matchs secs. La première fois en 2016 face aux Cavaliers d’un LeBron James en mission qui ira chercher son exploit historique à la fin de la campagne. Les Pistons de Drummond et Reggie (qui à l’époque jouait encore au basketball) se font sweeper mais en livrant une belle bataille avec quatre affrontements serrés face aux futurs champions. La seconde campagne ? Une débâcle la saison dernière face aux trop faciles Bucks de Giannis. Blake Griffin était alors sur une jambe et beaucoup trop seul pour rivaliser avec les troupes de Budenholzer.
Les joueurs majeurs
- Deux All-Stars : Andre Drummond (2) et Blake Griffin (1)
Le constat du joueur majeur de la franchise parait encore plus alarmant que le bilan comptable précédemment évoqué. Le visage de la franchise sur cette décennie à Detroit reste celui d’Andre Drummond, drafté en neuvième position. Le pivot est un bon joueur NBA, très solide même, mais il n’a jamais été question d’en faire un franchise player, là où des équipes avec des bilans encore plus mauvais avaient au moins dans leur roster un joueur de niveau supérieur (coucou DMC et les Kings ou Kevin Love et les Wolves) et qui avaient le mérite d’être à eux-seuls un motif d’espoir pour les fans de leur franchise respective. Arrivé récemment, Blake Griffin constitue finalement le meilleur talent intrinsèque des Pistons sur la décennie. Et les autres joueurs majeurs de Detroit sur les dix années écoulées n’auront pas leurs maillots retirés. Citons pêle-mêle les trois saisons de Tobias Harris, les quatre de Reggie Bullock ou Kentavious Caldwell-Pope et les quatre également de Reggie Jackson, les quelques saisons solides d’un Greg Monroe qui n’était pas encore un gros fainéant, citons aussi le passage éclair de… Tracy McGrady, celui très onéreux de Josh Smith, alors que les légendes Ben Wallace, Tayshaun Prince, Rip Hamilton ou Chauncey Billups ont également effectué quelques dernières piges sous leurs maillots de cœur et que Derrick Rose tente actuellement de redonner un peu de couleur à une ville bien grise…
Le cinq majeur de la décennie : Reggie Jackson – Kentavious Caldwell-Pope – Tobias Harris – Blake Griffin – Andre Drummond
Le souvenir du rédacteur
Tout simplement la plus belle performance individuelle de la décennie pour un joueur de Detroit. Blake vient d’arriver dans le Michigan, et l’ailier fort se défonce corps et âme pour emmener son équipe en Playoffs. Avec ses fondamentaux léchés et son mental d’acier, Griffin fait la totale aux Sixers. Record en carrière au scoring, gros and-one dans le moneytime pour la gagne, et au final un magnifique 50 points, 14 rebonds et 6 assists face à, pourtant, une grosse défense de Philadelphie. Youpi, Motor City a enfin trouvé son franchise player.
La forme actuelle
Ça partait plutôt pas mal en tout début de saison, puis la vérité a fini par rattraper le squad de Dwane Casey. Le retour de Blake Griffin aura à peine redonné le sourire aux fans de la ville (est-ce… pire avec lui ?) et aujourd’hui la seule chance des Pistons dans la course aux Playoffs est de pouvoir compter, une fois de plus, sur une concurrence bien claquée. Mais pour reprendre une volée de plomb au premier tour… es-ce vraiment raisonnable ? L’arrivée de Derrick Rose c’est fun, les progrès de Luke Kennard, Bruce Brown et on l’espère Sekou Doumbouya… c’est fun, Dede Drummond qui se déchire c’est fun aussi, mais très franchement la flamme a du mal à s’allumer cette saison encore. Encore une saison qui s’annonce un peu trop longue, vite vite qu’on passe à la suite.
La projection pour la décennie 2020
La franchise du Michigan semble toujours patauger. En revanche la masse salariale de l’équipe va se dégraisser drastiquement dans les toutes prochaines années. Andre Drummond veut tester la Free Agency et le roster est composé de quelques jeunes prospects plutôt intéressants, avec un Dwane Casey qui parait être le bon candidat pour développer de nouveaux talents. Mention à notre Sekou Doumbouya national qui devient le premier français de l’histoire à porter le maillot des Pistons, et mention également à un Luke Kennard qui doit s’imposer comme un acteur majeur du futur des Pistons. La franchise aura l’opportunité de prendre des décisions radicales tout bientôt et pourra faire table rase du passé pour se projeter dans le futur, elle est pas belle la vie ?
Une décennie sans saveur pour Detroit. Pas de joueur ultra-talentueux à la tête de l’équipe (excepté Blake), pas beaucoup de fond de jeu et zéro victoire en Playoffs, à tel point que les souvenirs des fans doivent se résumer à quelques instants volés de saison régulière. Et encore. Les difficultés des Pistons se sont également manifestées en dehors des terrains avec des choix de Draft pas toujours cohérents, la preuve en étant que, à part Drummond, aucun joueur drafté par la franchise n’a effectué plus de quatre saisons sous les couleurs bleu et rouge. Les coachs se sont également succédés sans qu’aucun ne réussisse à imprégner un soupçon de quelque chose. La décennie suivante peut potentiellement être pire en terme de bilan comptable mais elle sera difficilement moins excitante que l’a été celle qui se termine dans quelques semaines. Et comme un symbole, les Pistons ont dit adieu au Palace d’Auburn Hills en 2017. Une page historique des belles années de la franchise s’est tournée, il faut maintenant bâtir une nouvelle ère, et un nouveau mythe à Detroit.
Classement
#30 : Sacramento Kings
#29 : Charlotte Bobcats / Hornets
#28 : Minnesota Timberwolves
#27 : Detroit Pistons