Le trade de DeMarcus Cousins en 2017 : un crève-cœur inévitable pour les Kings ?

Le 02 déc. 2019 à 18:49 par Benoît Carlier

DeMarcus Cousins
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Lorsqu’on jette un coup d’œil dans le rétroviseur des Kings pour retracer cette dernière décennie, un joueur sort tout de suite du lot. DeMarcus Cousins, évidemment, dont le passage et le trade en 2017 ont marqué tous les fans de la franchise pour au moins les dix années à venir. Ils sont comme ça dans la capitale californienne, ils n’oublient rien. D’ailleurs, quand est-ce qu’on va enfin faire rejouer cette foutue série de Playoffs 2002 contre les Lakers ?

Le pivot originaire de l’Alabama aura quand même réussi à user cinq coachs et des centaines d’arbitres en un peu plus de six saisons dans la franchise qui l’a drafté en cinquième position en 2010. Une année qui marque aussi le début d’une décennie tristounette pour Sacramento mais peut-être pas autant que la trajectoire de son principal visage quand on voit les galères qui s’accumulent devant la porte de Boogie depuis quelques années. Car avant que les blessures ne viennent frapper cette force de la nature, on peut légitimement poser la question pour savoir si DMC n’était pas le meilleur poste 5 du monde à l’apogée de sa carrière. En tout cas, il est le meilleur élément à être passé par les Kings depuis dix ans et il n’y a là même pas matière à discuter. Durant ses 470 rencontres disputées sous les couleurs mauves de Sacto, il a tourné à 21,2 points et 10,9 rebonds de moyenne pour atteindre le sixième rang all-time de la franchise dans chacune de ces deux catégories. On ne parlera même pas de ses 107 fautes techniques, un record depuis le Sheed qui témoigne aussi d’un sacré caractère. Mais à l’instar de son career-high de 56 points lors d’une défaite contre les Hornets en 2016, les exploits du produit de Kentucky n’ont jamais permis aux Rois d’accéder au trône suprême de la NBA, ni même d’atteindre les Playoffs. Pire, ils ne dépasseront pas les 33 victoires avec lui. C’était lors de l’avant-dernière saison du quadruple All-Star dans l’organisation détenue par Vivek Ranadivé. Fatigués de devoir sans cesse couvrir leur vedette pour ses écarts de comportement sur le parquet et dans l’intimité du vestiaire, les Kings vont ainsi décider de s’en séparer à contre-cœur lors d’une étrange soirée de février 2017.

On s’en rappelle tous comme si c’était hier tellement on aurait dit un scénario hollywoodien. D’un côté, Vlade Divac répète que son joueur, qui arrivera dans sa dernière année de contrat l’été suivant, ne bougera pas malgré toutes les rumeurs de transfert et la trade deadline qui se rapproche. Mais on sait ce que vaut la parole d’un GM à cette période de l’année et nos doutes seront confirmés quelques jours plus tard, au terme d’une soirée remplie d’émotion pour l’intérieur potelé. Cloué sur le banc à l’occasion du All-Star Game 2017 finalement organisé à New Orleans après le boycott de la ville de Charlotte par la NBA, DeMarcus est au premier rang pour assister au récital d’Anthony Davis devant son public. 52 points et 10 rebonds pour le mono-sourcil qui va logiquement récupérer son trophée de MVP de la partie à la fin d’un match où l’on aura vu DMC en short que deux petites minutes au total. Interviewé après la rencontre, le pivot est interrompu par son agent qui lui souffle une information à l’oreille. Changement de visage instantané pour l’enfant terrible qui témoigne soudainement son amour pour la ville de NOLA dans laquelle il se trouve à ce moment-là. Quelques minutes après, la bombe est rendue publique sur les réseaux sociaux : Sacramento a accepté l’offre des Pelicans et envoie son franchise player et Omri Casspi en Louisiane en échange de Buddy Hield, Tyreke Evans, Langston Galloway, d’un premier et d’un second tours de draft. Six ans et demi balayés en une signature, la fin d’un chapitre pour les Kings et DMC. Les die-hard fans français ayant déjà organisé leur voyage en Californie pleurent leur héros, la franchise a préféré accélérer sa reconstruction pour ne pas se retrouver complètement déplumée dans un an. Pour la première fois, les dirigeants ont préféré la stabilité sur leur banc qu’au poste 5 de leur cinq majeur.

Deux ans et demi plus tard, Dave Joerger n’est plus de la partie mais Sacramento n’a jamais semblé aussi proche du Top 8 de la Conférence Ouest depuis la saison 2007-08. De ce trade initial, il ne reste finalement que Buddy Hield, récemment prolongé pour quatre années supplémentaires dans l’ancien état gouverné par Arnold Schwarzenegger. Mais ce virage à 180° dans la politique du club a favorisé l’éclosion d’autres talents tels que De’Aaron Fox, Bogdan Bogdanovic ou Marvin Bagley. Sacramento est tout d’un coup devenu une ville beaucoup plus tranquille à l’image de son nouveau leader, Harrison Barnes. Tout de suite, c’est beaucoup moins bavard. Fini les barfights et les soirées gâchées par des réactions puériles, les Kings présentent désormais un savant mélange de jeunesse et de vétérans mais sans la menace d’implosion à chaque coup de sifflet en leur défaveur. Après un début de campagne compliqué, les hommes de Luke Walton semblent s’être remis la tête à l’endroit pour poursuivre le travail entamé la saison dernière. Plus homogènes et moins dépendants d’un seul homme, les Rois ont définitivement tourné la page Cousins et semblent même en droit de rêver à leur première campagne de postseason en 14 ans. Ce n’est pas gagné évidemment, mais quand on voit la manière dont le sort s’est acharné sur DMC depuis sa rupture du tendon d’Achille le 4 avril 2017 et les échecs à répétitions rencontrés par les Kings à l’époque de leur pivot ultra dominant, on se dit que cette décision difficile était peut-être un mal pour un bien pour la franchise la moins à la fête de la NBA lors de ces dix dernières années.

Le nom de DeMarcus Cousins ne sera jamais oublié à Sacramento et a marqué à jamais les années 2010 de la franchise. Mais son départ tumultueux coïncide aussi avec le renouveau de cette équipe qui n’a jamais dépassé la mi-avril avec son leader au bandeau, aussi fort était-il. Il faudra peut-être attendre de nombreuses années avant de revoir un joueur aussi talentueux au Golden1 Center, mais les Kings ont déjà gagné plus de match lors de leur deuxième saison sans lui qu’en six campagnes complètes avec Boogie à la barre. Un signe qu’il faut parfois accepter de se séparer de ceux qu’on aime pour aller plus loin. Les Raptors et DeMar DeRozan en savent quelque chose. On souhaite la même réussite aux Kings, à leur rythme bien sûr.