Thomas Bryant, la success story en provenance de la capitale : d’homonyme un peu pété à pivot titulaire des Wizards

Le 27 sept. 2019 à 10:28 par Benoît Carlier

Thomas Bryant
Source image : YouTube

Il y a des joueurs pour qui tout est facile et il y en a d’autres qui doivent se battre un petit peu plus que tout le monde pour tenter de se faire une place dans la Grande Ligue. C’est ce que Thomas Bryant a fait, et à force de travail et d’abnégation jumelés à un petit peu de chance, le voici passé de second tour de draft un peu obscur à pivot titulaire d’une franchise NBA. Bon, il s’agit des Wizards, mais quand même !

De retour à l’université d’Indiana pour y disputer une deuxième saison, en 2016, Thomas Bryant n’est pas un surdoué comme pouvaient l’être certains de ses homologues de la cuvée de 2017 par exemple. Loin de la maturité d’un Jayson Tatum ou d’un Donovan Mitchell, pas aussi hypé que des De’Aaron Fox ou Lauri Markkanen ou encore Zach Collins, c’est finalement au milieu du deuxième tour qu’il est appelé sur l’estrade du Barclays Center pour enfiler la casquette du Jazz à la Draft. Point positif, il est immédiatement tradé à Los Angeles et arrive finalement dans une équipe des Lakers en pleine reconstruction suite à la retraite de Kobe douze mois plus tôt. Un Bryant en remplace un autre, la story était partie pour être grandiose ! Malheureusement, le poste de pivot n’est pas le plus dépourvu et les grands se marchent un peu dessus entre Brook Lopez, Ivica Zubac et même Andrew Bogut. Difficile de se faire une place dans la peinture entre tous ces gros bras et c’est pourquoi il est rapidement assigné en G League pour continuer à se développer chez les South Bay Lakers. Il n’y a rien de surprenant là-dedans, c’est même arrivé à des gens très bien durant leur carrière et notamment au début. Au total, il sera appelé 15 fois par Luke Walton durant la saison soit 72 minutes passées sur les planches pour 22 points cumulés. On est loin d’une saison de Rookie of the Year mais Toto va quand même trouver un moyen d’ajouter une ligne à son palmarès dès sa première année dans le monde professionnel en se faisant élire dans la All-NBA G League First Team avec 19,7 points, 7,3 rebonds, 2,1 assists et 1,5 block de moyenne en 37 matchs. A défaut de devenir le nouveau Mamba, il domine déjà les débats comme son homonyme dans la ligue de développement. C’est pas aussi clinquant qu’une invitation au Rising Stars Challenge mais ça représente quand même une belle promesse quand on voit les autres joueurs nommés dans ces équipes : Quinn Cook est devenu champion NBA, Luke Kornet, Georges Niang, Christian Wood et Alex Caruso ont tous leur place en NBA et Trey Burke a même encore de quoi devenir un grand joueur. Néanmoins, ça n’a pas l’air de satisfaire les Lakers qui se voient mal l’associer à LeBron James pour former un duo au nom mythique et le libèrent à l’été 2018.

Encore en place pour une petite saison à l’époque, Ernie Grunfeld réussit à flairer le bon coup et ramène l’agent-libre dans la capitale. Chacun ses priorités et les Wizards qui ont raté le coche pour faire venir KD n’ont pas suffisamment de pouvoir d’attraction pour faire venir un Paul George, un Nikola Jokic ou un DeAndre Jordan par exemple. Néanmoins, Dwight Howard est quand même venu garnir l’effectif durant l’été et le sophomore n’est que troisième dans la hiérarchie des pivots derrière Ian Mahinmi et son contrat généreux. Mais il en faut plus pour faire renoncer Thomas qui, après avoir poncé le banc et même fait un court passage en G League, va profiter d’un heureux concours de circonstances pour grimper directement tout en haut de la pyramide des postes 5. Le malheur des uns fait le bonheur des autres et en l’occurrence c’est Superman et le Frenchie qui vont douiller à l’infirmerie pendant que le produit des Hoosiers va réellement découvrir la NBA avec un temps de jeu et des responsabilités qui montent en flèche à partir du 20 novembre. Tout s’accélère alors, mais ce n’est que quelques jours avant Noël qu’il va commencer à réellement faire parler de lui avec un exploit historique en devenant le second joueur avec Wilt Chamberlain à réaliser un sans-faute au tir avec un volume de 14 tentatives lors d’une victoire en triple prolongation contre les Suns. Career-high à la clé (31 points et 13 rebonds), la soirée parfaite pour se faire un nom et un prénom dans la Grande Ligue même s’il en faudra plus pour que le grand public ne remette vraiment sa tête. Qu’à cela ne tienne, invité à Londres dans le cadre du Global Game, il prend le tir de la gagne à moins d’une seconde du buzzer. Le contre d’Allonzo Trier est corrigé en goaltending et Toto devient la star internationale de la NBA le temps d’une soirée.

Réputé pour son adresse et sa capacité à contrer notamment, Thomas Bryant termine sa deuxième saison avec 10,5 points, 6,3 rebonds et presque un contre de moyenne. Ça manque un peu de hype et c’était légèrement précoce pour parler de MIP, mais l’évolution était l’une des rares satisfactions des Wizards l’année dernière. Mis à part douze rencontres durant lesquelles Scott Brooks placera son nouvel arrivant, Bobby Portis, dans le cinq majeur à la place du sophomore au mois de mars, “mention TB” a débuté 53 matchs en tant que titulaire et plus personne ne se soucie des blessures de D12 depuis longtemps à la Maison Blanche. Logiquement prolongé pour 25 millions sur trois ans durant la Free Agency, il pourrait rapidement devenir l’un des meilleurs ratios de la Ligue s’il poursuit sa progression alors que Ian Mahinmi risque de souffrir toute la saison de la comparaison avec ses 15 millions de dollars promis pour jouer les back-ups du jeune joueur de 22 ans. Déjà capable de tirer de loin, il doit encore développer son volume du parking pour devenir un pivot moderne et dominant lors de sa troisième saison chez les pros. En tout cas, il pourra compter sur la confiance de son coach qui devrait faire de son duo avec le rookie Rui Hachimura le cœur de ses priorités en 2019-20. Complémentaires, les deux intérieurs pourraient vite faire des ravages et redonner le sourire aux fans de la capitale en formant une raquette jeune et ambitieuse capable de remettre la franchise sur de bons rails. Ça nécessitera un peu de patience mais pas énormément car on a bien compris que Thomas Bryant n’avait pas le temps.

Qui a dit que la saison des Wizards allait être triste et sans intérêt ? Beaucoup de monde certes, mais c’est parce qu’ils n’ont pas encore vu ce que nous réserve Thomas Bryant pour sa troisième année pro. S’il garde le rythme, la saison à 18/9 et 2 contres c’est tout droit et vous ne pourrez pas dire que vous ne le saviez pas.


Dans cet article