Star de demain – Romeo Langford : le pur produit de l’Indiana prêt à s’attaquer au reste du monde

Le 07 avr. 2019 à 17:21 par Benoît Carlier

Romeo Langford
Source image : YouTube/Big Ten Network

Chaque année, ils sont plusieurs centaines à s’inscrire à la Draft pour tenter d’y décrocher un spot dans l’une des 30 franchises NBA. Mais au milieu de ce vivier de jeunes talents, quelques joueurs tirent déjà leur épingle du jeu et sont promis à un grand avenir chez les pros. Parmi eux, le plus grand espoir de tout l’état d’Indiana. Un enfant fidèle à son lieu de naissance qui va probablement devoir quitter son petit cocon pour la première fois de sa vie, Romeo Langford.

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Chaque histoire est différente et celle de Romeo Langford commence le 25 octobre 1999 à New Albany. Rien à voir avec le pays qui partage une frontière avec la Grèce de Giannis Antetokounmpo, il s’agit d’un petit bled dans ce grand bled qu’est l’Indiana. Au pays des Amish, le fils de Sabrina et Tim est très vite porté sur la balle orange. Sûrement que les exploits de Reggie Miller ont joué un peu même si on peut parler d’un enfant des années 2000 à 37 jours près et qu’il n’a pas dû voir beaucoup de matchs du sniper en direct. Danny Granger a aussi dû faire partie des posters de sa chambre d’adolescent, tout comme Paul George même si c’est davantage le nom de LeBron James qui ressort au moment de citer sa plus grande inspiration. Toujours est-il que le jeune Romeo est plutôt précoce et commence à pratiquer en club dès la maternelle. Bien entouré par sa famille, il met un point d’honneur à obtenir de bonnes notes à l’école. Malgré un talent certain pour son sport, il garde les pied bien sur terre grâce à ses sœurs, Tiffany et Tisha, comme l’explique sa mère dans une interview avec Alex Bozich de Inside Hall.

“Quand il sort du terrain et qu’il reçoit toute cette attention de la part des fans, ses sœurs sont là pour lui rappeler qui il est. Il est juste Romeo. Nous n’avons jamais aimé les joueurs qui se prenaient pour quelqu’un d’autre. Lorsqu’il était plus petit et que nous l’emmenions voir ses sœurs, nous lui faisions remarquer le comportement de certaines personnes et nous lui demandions ce qu’il en pensait. Nous parlions souvent du fait de ne jamais penser que vous êtes meilleur qu’un autre. Ne faites jamais ça. Une fois que vous commencez, vous ne pouvez que régresser.”

C’est donc sans aucune autre prétention que de poursuivre son parcours scolaire dans de bonnes conditions qu’il choisit le lycée de la ville, New Albany High School, pour poursuivre son apprentissage malgré les sirènes de nombreuses prep schools réputées pour leur programme sportif. C’est seulement lors de son année de freshman qu’il réalise qu’il peut espérer aller un peu plus loin grâce au basket sans pour autant mettre les études de côté comme se souvient sa professeure d’anglais, Suzanne Ponder, au micro de Fletcher Page du Courrier Journal.

“Il venait, s’assoyait et faisait tout ce qu’il été supposé faire. Vous ne pouviez pas vous douter qu’il était en train d’être suivi par les meilleures fac de basket du pays.”

Avant ses entraînements, Langford fait ses devoirs avec comme objectif d’obtenir son diplôme avec les félicitations du conseil de classe. Il n’a jamais obtenu de note en-dessous du C-minus au lycée, vient en cours avec assiduité et se comporte en parfait petit étudiant. L’humilité est un mot qui revient régulièrement à propos de ce jeune joueur qui esquive tous les pièges de la célébrité pour avoir l’adolescence la plus normale possible. Quand on voit l’importance de l’entourage dans la carrière d’un joueur, on peut se dire que celle de Romeo devrait être bien gérée sans trop d’écart de comportement si sa famille reste derrière lui pour lui rappeler ses valeurs au quotidien. Jim Shannon, son coach à New Albany, peut témoigner à Kyle Neddenriep de l’IndyStar d’un gosse au comportement irréprochable malgré la hype qui commençait déjà à monter vers ses 14-15 ans.

“Généralement, ils finissent pas tomber de ce genre de piédestal un jour ou l’autre mais ça ne semble pas se produire avec lui. Je ne l’ai jamais vu refuser une interview ou des autographes après un match ou une visite. Il ne se plaint jamais. Avec tout l’attention qu’il reçoit, il reste un garçon poli ‘Oui Monsieur’, ‘Non Monsieur’. Les gens l’aiment vraiment. Il est facile à aimer.”

Là encore, son père a eu un rôle important à jouer dans l’éducation de son fils où l’on peine à trouver des failles. Tim a su trouver les bons mots lorsque son fils n’était qu’un pré-ado pour lui faire réaliser l’importance qu’il pouvait avoir sur la vie des autres et plus particulièrement de ses fans. Hors de question de squeezer un autographe dans ces conditions, même en cas de défaite. Le vrai test a eu lieu en mars 2018, après une élimination dans les dernières secondes en demi-finale d’état correspondant à son dernier match en high school. Malgré la déception du résultat, Romeo a tenu à passer du temps avec les supporters qui l’attendaient à la sortie des vestiaires alors même que son paternel aurait compris qu’il s’échappe par une sortie de secours dans ces circonstances particulièrement difficiles. Ses mots prononcés plus tôt avaient trouvé une oreille pour écouter. Il raconte à Matt Norlander de CBS Sports.

“Je lui ai dit : ‘LeBron est ton joueur préféré. Comment réagirais-tu si tu le voyais à l’aéroport par exemple, que tu lui demandais de te signer un autographe et de prendre une photo avec toi et qu’il te répondait qu’il n’avait pas le temps ?”

Car Romeo n’est pas LeBron, mais il commence à prendre une sacrée dimension dans son état de l’Indiana. Pour sa première saison de lycée, il mène son équipe à un bilan de 23-3. L’année suivante, il tourne à 30 points, 9 rebonds et 3 passes de moyenne et permet à New Albany de remporter son premier titre d’état depuis 1993 au terme d’un exercice dominé de bout en bout (27-1) avec son ami d’enfance Rondale Moore désormais recyclé dans le foot US à Purdue. Lors de sa junior year, toute la ville est déjà à ses pieds mais il décide de montrer à tous quel type d’arrière scoreur il est en battant son career high avec 63 points contre un club du conté voisin. Finalement, à l’inverse de la plupart des jeunes prospects de son âge, il n’a pas eu besoin de rejoindre un top programme pour se faire un nom dans le petit monde du basket. Il améliorera encore ses statistiques lors de sa quatrième et dernière année de lycée mais échouera donc tout proche d’un second titre d’état. Tant pis, avec ses 3 002 points il est déjà le quatrième plus gros scoreur parmi tous les lycéens de l’histoire de l’Indiana et est nommé Mr. Basketball 2018 de son état lors de la cérémonie annuelle organisée par l’IndyStar. La consécration ultime pour le gosse de New Albany et surtout totalement inimaginable quelques années auparavant qui ne lui fait pas tourner la tête pour autant.

“C’était mon plan depuis le départ, je voulais rester ici quatre ans. Si vous êtes bon, les gens se déplaceront pour vous voir, peu importe où vous jouez. Les gens vous trouveront. Il n’y a pas besoin d’aller dans une prep school.”

Jusque-là protégé par son clan et évoluant dans une ambiance familiale à New Albany, il est pour la première fois de sa vie confronté à un choix déterminant pour le reste de sa carrière. Même si le one-and-done est une évidence, encore faut-il bien choisir sa fac pour remplir ses objectifs personnels. Dragué par toutes les plus grosses universités du pays et notamment Duke, Kentucky ou Kansas et North Carolina dont il a reçu la visite des coachs tout au long de ses dernières saisons au lycéee, il réduit dans un premier temps sa liste à Indiana, Kansas et Vanderbilt. La pression est forte mais son père ne veut pas qu’il soit influencé par qui que ce soit.

“Ma femme semblait pencher pour Vanderbilt. Je lui ai dit, ‘Fils, la seule chose que je veux te dire c’est de ne pas choisir une école à cause de ce que les fans veulent ou parce que tu viens de cet état ou quoi que ce soit d’autre.”

Finalement, il conserve la logique qu’il a toujours eu et annonce sa décision de rejoindre Indiana University le 30 avril 2018. Le défi est de taille car même si l’équipe est renommée, elle n’a plus disputé la March Madness depuis deux ans et Langford sait qu’il sera attendu en tant que star locale, avec des heures de queue pour venir le faire signer un autographe ou prendre un selfie tout au long de l’année à commencer par sa présentation officielle sur le campus. Le gamin en est conscient et se dit très fier de devenir un membre de l’équipe des Hoosiers mais sa seule saison annoncée sur les bancs de l’université ne se passe pas aussi bien que prévue. Malgré des statistiques individuelles au niveau de ce qui était annoncé par les observateurs à l’exception de sa maladresse du parking lors des premiers mois (16,5 points, 5,4 rebonds et 2,3 assists), son équipe n’est pas assez dense et ne lui permet pas de concurrencer les meilleures formations du pays. Il termine meilleur marqueur parmi les freshmen de la Big Ten et même troisième de l’histoire des first year de sa fac derrière Eric Gordon et Mike Woodson mais était le grand absent de la March Madness. De plus, ses actions sont moins spectaculaires et ne font pas le tour du monde comme les dunks de Zion Williamson instantanément partagés en masse sur les réseaux sociaux. Cette saison universitaire ne lui aura pas permis de marquer des points avant la Draft mais il a déjà montré suffisamment de choses durant toutes ses années à sillonner l’Indiana pour ne pas chuter trop loin dans la Draft sans oublier les workouts où il devrait aussi briller. S’il voulait viser les Pacers, on part donc plutôt sur un joli loupé à moins qu’il ne tanke ses essais dans les différentes franchises ou que le management local ne trade-up son pick de premier tour. Pour la première fois de sa vie, Romeo va donc probablement devoir dire au revoir à son état natal pour commencer sa carrière professionnelle là où on lui fera confiance. Déjà passé par là en tant qu’enfant de l’Indiana, Cody Zeller le prévient qu’il pourra traverser des moments difficiles lors de sa saison rookie auprès de Bob Kravitz de The Athletic.

“La première année en NBA peut être compliquée. Pour moi, c’était la première fois que j’étais loin de la maison. La NBA est une bête d’un autre calibre. Il y a tellement à apprendre. Tu joues 82 matchs au lieu de 30-35, tu joues contre des adultes. Le temps de jeu n’est pas garanti et tu n’es plus le meilleur joueur de ton équipe. C’était dur pour moi mentalement.”

A 19 ans, Romeo Langford a déjà conquis l’Indiana. Il lui reste à conquérir le monde en commençant par la NBA. Le parcours ne sera pas facile et le changement d’état prendra sûrement un peu de temps pour être digéré mais avec un entourage comme le sien on ne se fait pas trop de souci pour le bon déroulé de sa carrière. Avec autant de talent et de belles promesses, ce sont les Juliette qui vont faire la cour à Romeo durant les prochaines semaines !

 

 

Source texte : The Inside Hall, Courrier Journal, IndyStar, The Athletic


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