Star de demain – Zion Williamson : le nouveau freak qui va terroriser la NBA pendant 20 ans

Le 27 févr. 2019 à 16:21 par Benoît Carlier

Zion WIlliamson
Source image : YouTube/Ballislife

Chaque année, ils sont plusieurs centaines à s’inscrire à la Draft pour tenter d’y décrocher un spot dans l’une des 30 franchises NBA. Mais au milieu de ce vivier de jeunes talents, quelques joueurs tirent déjà leur épingle du jeu et sont promis à un grand avenir chez les pros. Parmi eux, un nouveau monstre prêt à terroriser le monde, Zion Williamson.

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Né à Salisbury en Caroline du Nord le 6 juillet 2000, Zion Williamson n’est encore qu’un poupon malgré ses mensurations de mutant. D’ailleurs, c’est un peu l’histoire de sa vie, lui qui a été baptisé en référence au Mont Zion représentant le point culminant de Jérusalem sur les conseils de sa grand-mère. Une femme bien inspirée quand on voit la carrure de son petit-fils aujourd’hui. Mais il n’a pas toujours été une force de la nature et il était même souvent le plus petit sur ses premières photos de classe. Fils de deux athlètes reconnus au niveau universitaire, respectivement en football américain et en athlétisme, les gènes ont pris leur temps pour agir. A l’âge de cinq ans, le divorce de ses parents aurait pu l’éloigner du sport qu’il pratiquait déjà assidument en tant que joueur de soccer et quarterback dans la petite équipe de foot US locale. Heureusement, son beau-père était un ancien joueur de basket et c’est lui qui va pousser l’enfant à se mettre à la grosse balle orange. Dans un documentaire de Ballislife, Lee Anderson raconte comment il a transféré ses rêves de succès dans ceux de son beau-fils.

“J’ai joué trois ans pour Bill Foster à Clemson et je suis passé à deux semaines de disputer un camp NBA mais j’ai été heurté par une voiture. J’ai demandé à Dieu pourquoi il avait laissé ça se produire et tout ce qu’il m’a dit avant qu’on me mette dans l’ambulance c’est que ce n’était pas pour moi mais qu’il allait me récompenser par l’intermédiaire de mes enfants.”

C’est ainsi que Williamson va commencer à s’intéresser au basket. D’abord entraîné par sa mère, Sharonda Sampson, il participe à des compétitions junior où il affronte parfois des adversaires de plus de quatre ans ses aînés. Puis, rapidement, il va devenir l’élève particulier de son beau-père qui lui concocte un programme d’entraînement intensif. A neuf piges, le petit Zion se lève déjà à cinq heures du matin pour aller sur les planches. Là, Anderson lui apprend les fondamentaux du poste de meneur étant donné sa petite taille. Une phrase improbable aujourd’hui mais qui participe pourtant à faire du favori de la prochaine Draft le joueur qu’il est aujourd’hui. Dans le même temps, il intègre une équipe de collège coachée par Sharonda où il tourne directement à 20 points de moyenne malgré un profil de pass-first point guard. C’est à ce moment là qu’il se met à rêver plus grand, après avoir longtemps eu l’ambition d’arriver en ligue universitaire à l’instar de ses parents biologique et de son beau-père.

“Au début, je croyais que l’étape ultime pour un basketteur était de rejoindre la NCAA. Je disais à mon beau-père que je voulais aller à l’université pour jouer au basket parce que je croyais que c’était la NBA. J’ai commencé à penser à la NBA à partir de 8 ou 9 ans.”

Mais ce dont Zion ne pouvait se douter, c’est que la montagne qui dormait en lui allait se mettre à pousser à peu près au même âge, le rapprochant tout à coup de ses rêves les plus fous. Car l’histoire de celui qui domine la concurrence avec les Blue Devils passe évidemment par ce pic de croissance incroyable lorsqu’il était encore au collège. C’est lors de sa saison de freshman qu’il a pu se préparer un peu à ce qui allait suivre. Blessé au poignet, il consulte un médecin qui lui annonce que l’articulation est fracturée. Mais ce dernier a quand même une bonne nouvelle pour son patient, les radios indiquant qu’il devrait rapidement grandir. Les effets sont quasiment immédiats et l’adolescent passe de 1 mètre 75 à près de deux mètres entre 13 et 15 ans, le faisant immédiatement passer dans une autre dimension et à un poste plus adapté à sa taille. Mais une telle poussée n’est pas sans impliquer quelques problèmes et Zion est rapidement gêné par son dos et ses genoux. Un passage obligé quand son corps se transforme autant mais qui ne va heureusement pas durer comme il l’a expliqué à Langston Wertz Jr. du Charlotte Observer.

“Une fois que la douleur a disparu, j’ai découvert de nouvelles qualités athlétiques. Je ne sais pas d’où cela vient, je les ai juste acceptées. A partir de ce moment-là, j’avais le handle et la taille. Je pouvais voler par-dessus les ailiers et les ailiers-forts qui essayaient de défendre sur moi.”

Qu’il le veuille ou non, Williamson est devenu une force de la nature qu’on ne peut pas manquer dans un couloir ou au rayon céréales du supermarché du coin. A 18 ans, il est annoncé à 2,01 mètres et 129 kilos ce qui ferait tout simplement de lui le deuxième joueur le plus lourd de toute la NBA actuelle juste derrière le géant Boban Marjanovic. A titre de comparaison, c’est seulement quatre unités de moins que ce que Shaquille O’Neal affichait sur la balance durant son passage à LSU. Vous visualisez à peu près le bestiau ? Maintenant, imaginez-le avec une détente verticale de 115 centimètres – Duke a dû rajouter des barres pour la connaître avec précision puisqu’elle dépassait le maximum autorisé par l’outil de mesure utilisé pour les autres joueurs. Pour résumer, c’est le physique du Shawn Kemp de Cleveland avec son jump des années de Seattle. On comprend mieux pourquoi sa mère sautait au-dessus d’1,80 mètre dans les épreuves de saut en hauteur lorsqu’elle arpentait les pistes d’athlétisme. Forcément, de telles aptitudes physiques attirent du monde et les memes sur son âge se multiplient alors qu’il devient peu à peu un phénomène sur les réseaux sociaux. C’est ainsi qu’il se retrouve régulièrement en train de tenter de justifier son âge selon des propos recueillis par Jason Jordan de USA Today.

“Les gens me demandent souvent si j’ai vraiment 16 ans,” déclare Williamson en riant. “Même quand je leur dis que c’est mon vrai âge, ils continuent à en douter.” “C’est très drôle, les gens pensent vraiment cela ?” interroge sa mère. “Je comprends qu’il est costaud mais si vous regardez son visage il a même l’air encore plus jeune.”

Mais avant de questionner sur sa date de naissance, Zion Williamson est encore très peu médiatisé à son arrivée au lycée privé de Spartanburg Day School d’abord réputé pour son enseignement. Malgré un potentiel immense à développer, il reste très simple et souhaite déjà prévoir son après-carrière ou même un plan B s’il n’arrivait pas à passer pro. Un choix qui colle parfaitement au personnage de ce jeune garçon casanier très complice avec son petit frère, Noah, né en 2013. Plus souvent sur Netflix ou sa console que dans les fêtes, il se concentre sur le basket et c’est pourquoi il peut maintenant train de récolter le fruit de ses efforts. C’est ainsi que, sans prévenir, Drake s’est affiché avec son maillot de lycée sur un post Instagram. Une célébrité improbable et quasiment jamais vue auparavant pour un joueur de son âge qui l’a forcément surpris. Les vidéos de ses dunks circulant partout sur la toile n’y sont évidemment pas pour rien et il comprend petit à petit que son statut commence à changer. En même temps, on peut dire qu’il y met du sien en ne tentant jamais deux fois le même tomar dans un match selon son entraîneur au lycée.

“C’est déjà incroyable que Drake connaisse mon nom. Quand votre rappeur favori porte votre maillot, c’est un sentiment indescriptible.”

Double champion d’état avec son lycée, il est élu Mr. Basketball lors de son année senior grâce à des statistiques effrayantes de 36,4 points, 11,4 rebonds et 3,5 assists de moyenne. Avec un tel profil, Zion n’a que l’embarras du choix pour réaliser son premier rêve d’enfant d’intégrer un programme de basketball au sein de l’une des meilleures universités du pays. Au total, il reçoit près de 36 offres de bourses aux quatre coins du pays dont une pour rejoindre l’équipe de football américain de LSU. Mais malgré les louanges de Roy Williams, le coach de North Carolina, déclarant ne jamais avoir vu de meilleur lycéen que lui depuis Michael Jordan, il décide finalement de rejoindre l’ennemi à Duke pour former un trio d’enfer avec deux autres futurs lottery picks, R.J. Barrett et Cameron Reddish. Mais même là, celui que l’on compare parfois à LeBron pour son physique et sa précocité la joue modeste au micro d’ESPN en estimant que ce passage par la case NCAA est nécessaire dans son apprentissage avant de viser plus haut.

“J’y ai pensé [à quel aurait été son choix sans la règle du one-and-done, ndlr] mais c’est ma seule chance de jouer au niveau universitaire. Et même si j’avais pu directement passer du lycée à la NBA, je serais quand même allé à l’université. J’ai le sentiment que c’est quelque chose que je n’aurais pas pu manquer.”

A un peu plus d’un mois de la fin de la saison, on peut également dire sans trop se tromper que la NCAA n’aurait pas pu se passer de lui non plus. Chaque sortie des Blue Devils est un événement national et les billets s’arrachent à prix d’or. Tout le monde veut voir le phénomène avant qu’il ne décolle pour le monde professionnel, même LeBron et Jay-Z, ce qui mène à des situations ahurissantes où des gens sont prêts à débourser plusieurs milliers d’euros pour assister à un match de Duke. Cela s’appelle le Zion Effect et cela a poussé quelqu’un à lâcher 10 652 dollars pour voir le futur rookie craquer sa chaussure au bout de 36 secondes de jeu dans le derby de Caroline du Nord contre les Tar Heels et sortir sur blessure. Les boules… De sa longue carrière d’entraîneur, Mike Krzyzewski n’a jamais vu pareille célébrité pour un joueur de cet âge, si bien que l’on peut désigner son joueur star comme le premier lycéen à craquer l’ère du digital comme coach K l’explique si bien.

“Le monde a changé ces dernières années et personne n’a attiré autant d’exposition que lui. Il avait déjà un ou deux millions de followers avant d’arriver ici. Depuis quand cela arrive ? Mais c’est arrivé pour lui. Chacun de ses faits et gestes est scruté et tout le monde observe son jeu. La particularité avec lui c’est qu’il ne souhaite pas toute cette attention mais il la gère très bien.”

Plus de peur que de mal concernant la blessure, Zion devrait être de retour avant le début de la March Madness pour finir son expérience NCAA avec un titre et quelques centaines de milliers de followers en plus. Ensuite, il sera principalement mis en concurrence avec ses coéquipiers pour tenter de succéder à Deandre Ayton dans la longue liste des first picks NBA pour réaliser son second rêve d’enfance. Cela peut paraître accessoire mais le personnage qu’il s’est construit va forcément jouer dans le choix des GM au mois de juin. Et allez expliquer aux fans de la franchise qui aura le premier choix que vous avez décidé de miser sur quelqu’un d’autre que le joueur de 18 ans le plus médiatisé de ces vingt dernières années et un certain LeBron James.

Le 18 juin 2016, Zion Williamson était nommé MVP du NBPA Top 100 Camp. Quatre jours plus tard, il tweetait qu’il allait choquer le monde. Une phrase restée épinglée depuis lors sur son compte et qui n’a jamais été aussi proche d’être vraie. Comme ce petit bébé qui était promis dès son baptême à devenir grand comme une montagne, la prophétie est en marche et personne ne semble capable de pouvoir l’arrêter. La réponse dans quelques mois maintenant.

 

 

Source texte : Ballislife, The Charlotte Observer, The Ringer, USA Today, ESPN