Suivre Kyrie Irving toute la saison : des hauts, des bas, et des perceptions à remettre en question

Le 11 mars 2019 à 02:36 par Bastien Fontanieu

Kyrie Irving
Source image : NBA League Pass

Trois victoires de suite, trois succès en terre californienne, deux démos et un sourire à nouveau présent, Kyrie Irving semble apprécier davantage le quotidien avec les siens et c’est toute une équipe qui le suit dans son enthousiasme récent. L’occasion est idéale pour faire un grand point.

Et allez, on est reparti pour un tour. Kyrie ceci, Kyrie cela, qu’est-ce qu’ils vont nous inventer encore ? Cette saison plus qu’aucune autre auparavant, le meneur des Celtics a été la cible de nombreuses critiques (ici notamment), visant son leadership ainsi que les résultats de sa franchise, nettement en dessous des attentes. Dire que suivre Irving depuis le mois d’octobre a été particulièrement exténuant serait un doux euphémisme. Pas une semaine ne s’est passée sans qu’on nous file du matos tout frais, tout prêt, pré-emballé, afin de le faire tourner à souhait dans notre région du net. Kyrie pourrait rejoindre LeBron, Kyrie est hors de son groupe, Kyrie fera ce qu’il y a de mieux pour sa carrière en juillet, Kyrie et Tatum se chauffent, Kyrie, Kyrie, Kyrie. Bla, bla, bla. Ceux qui suivent notamment ce média et ont pu lire la couverture réalisée autour du All-Star sauront à quel point, pour le plus faible plaisir du lecteur comme celui du rédacteur, analyser les aventures d’Irving aura été un véritable parcours du combattant, option nausée cette année. On ne savait pas vraiment où donner de la tête, même en choisissant ses sources habituelles. Bleacher ? Fuck it. The Ringer ? Euark. NBC Sports Boston ? Lol. Tour à tour, les papiers traitant de la situation des Celtics nous maintenaient dans ce manège fort désagréable, qui pouvait parfois nous pousser à remettre notre couverture en question. Peut-être vaut-il mieux ne rien relayer, peut-être vaut-il mieux ne rien dire. Pas par peur de l’avis extérieur, loin de là, mais plutôt par bordel total dans le tri de ce qui est à relayer et à dire. Preuve étant, il suffisait d’un seul tacle sur tel ou tel membre des Celtics, pour qu’une étiquette soit collée. Pour avoir le sentiment d’être dans le faux. Et allez, c’est reparti pour un tour de manège.

Sauf que les faits sont ceux-ci, et les mots tenus par Kyrie Irving en déplacement à Los Angeles ce weekend ne faisaient que résonner en ce sens. Parfois, ça peut rendre fou ouais, de prendre part à ce space mountain médiatique permanent. Quand on respecte le modèle habituel, avec un joueur frustré en dernière année de contrat et des défaites qui s’enchaînent, oui, ça peut pousser à émettre des hypothèses. Sans avoir à créer des scénarios qui n’ont ni queue ni tête, mais simplement en avançant des réflexions concrètes et qui se basent sur des éléments fondés. Même avec la meilleure des volontés, vous pouvez être parfois désemparés. Exemple parfait il y a une semaine, le dimanche 3 mars, lorsque les Celtics recevaient les Rockets au TD Garden. Gros match, grosse ambiance. Boston vient de gagner et doit confirmer. Mieux encore que tout ce qu’on peut envisager, non seulement on se retrouve à 300 sur une péniche à Paname pour suivre le match de près, mais en plus il y a un correspondant maison sur place. Là-bas, à Boston. Un espion qui va, de ses propres yeux, zoomer sur Kyrie Irving et le reste de l’effectif afin de voir ce qu’il en est réellement. Le genre d’initiative qui peut permettre de résoudre bien des histoires, car la couverture réalisée sur la NBA les pieds posés en France peut parfois manquer de pertinence, ou de précision. On n’est pas , avec les joueurs, donc on se base sur ce qu’on lit. Et ce qu’on lit est déjà teinté de subjectivité, car cela vient d’une autre main, d’autres yeux, d’un autre crâne. Le discours tenu par Kyrie ce weekend avant de jouer les Lakers ne va pas dans ce sens, et pourtant, il peut être emprunté pour souligner cette troublante situation.

“Disons que cela peut rendre un peu fou parfois, c’est un peu répétitif, car on vous pose les mêmes questions concernant la saison régulière et on sait tous que cela passe par la fenêtre une fois que les Playoffs démarrent. Ce qui compte le plus, c’est la façon dont vous êtes connectés au sein d’une même équipe, à l’approche des Playoffs. Ce que j’ai dû comprendre au fur et à mesure, et ce vers quoi je me suis dirigé, c’est le fait qu’une fois que vous êtes une des stars les plus suivies de toute la Ligue, vous avez droit à un traitement particulier pour le reste de votre carrière. Vous allez vous faire attaquer, vous allez être applaudis, on va vous élever puis vous abattre, mais c’est aussi ça la nature de ce business.”

Est-ce qu’on a envie de dire amen ? Oui, un peu, instinctivement. Mais on a aussi envie de dire CQFD. Parce que c’est de ça dont il est question. Cette répétition des questions, ce martèlement permanent sur les soucis des Celtics, les Playoffs qui arrivent, patati patata, c’est normal que cela puisse rendre fou. Que dire alors de ce qu’on peut analyser dans notre coin, quand on obtient par moments des propos sortis de leur contexte, ou sans avoir l’intonation, le préambule ou la conclusion ? L’idée ici n’est pas de se dédouaner de quelconque responsabilité. Il y a eu des moments où, forcément, pour suivre un début de logique et la voir se poursuivre, des angles d’articles ont été pris s’appuyant sur des antécédents. C’est ce qu’on aime développer lorsqu’on est persuadés d’une chose : j’en étais sûr, voilà ce qu’il dit, bingo. Et pourtant, peut-être faut-il se faire à l’idée que certains, comme Kyrie Irving cette saison, ne sont pas dans le circuit habituel. Peut-être faut-il se faire à l’idée que les propos tenus par les Brad Stevens, Marcus Morris, Marcus Smart, Jaylen Brown et compagnie sur le groupe (des propos réellement tenus, pas inventés en penchant sa tête par la fenêtre) ne doivent pas être pris comme le reflet d’un mélodrame en coulisses. Cette équipe 2018-19 de Boston est, sans aucun doute, un des casse-têtes les plus fascinants et frustrants à couvrir depuis quelques temps. Et quand on voit à quel point le vent peut tourner en l’espace de trois jours, on a envie de brûler nos notes et de leur promettre le Larry O’Brien Trophy en juin prochain. Mais cela ne devra pas changer la méthode, une méthode, même bousculée par un leader qui cherche lui aussi à démonter les principes pré-établis dans le monde du sport. Si cela peut rendre fou Kyrie, qu’il sache que cela peut nous rendre fou, aussi.

Certains le disent fou, d’autres le disent trop intelligent. De la forme de notre planète aux propos tenus, en passant par ses déclarations et ses feintes parfois faites aux médias, Kyrie Irving est un joueur à part, qui défie les lois de la couverture basket jour après jour. On doit probablement encore se tromper en le définissant ainsi, mais tant pis : on continuera à l’observer et à émettre des pistes en se basant sur lui.

Source : The Athletic


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