One Last Dance – Chapitre 4 : quand LeBron James et Chris Bosh ont rejoint Dwyane Wade pour atteindre le Graal (1/2)

Le 09 mars 2019 à 13:19 par Nicolas Meichel

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Le 16 septembre dernier, Dwyane Wade a annoncé à la planète basket que sa seizième saison NBA serait la dernière. Sélectionné par le Miami Heat lors de la fameuse Draft 2003, Flash a connu une carrière magnifique qui va l’emmener tout droit au Hall of Fame. Avec trois bagues de champion, un titre de MVP des Finales, treize nominations au All-Star Game et une médaille d’or olympique, Wade fait incontestablement partie des meilleurs arrières de l’histoire. TrashTalk a ainsi décidé de lui rendre hommage à travers une série de six articles retraçant son parcours au sein de la grande ligue. Après le troisième chapitre, place au quatrième, dédié à la période Big Three avec LeBron James et Chris Bosh. Aujourd’hui, on fait un focus sur la saison 2010-2011, la première des Heatles. 

Dans la légende du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde, le Graal représente un objet sacré très convoité et qui est souvent symbolisé par une coupe creuse. Dans le vocabulaire actuel, quand on parle de quête du Graal, on parle de cet objectif ultime très difficile à atteindre, ce rêve de toute une vie. On peut donc utiliser cette expression un peu à toutes les sauces mais dans l’univers de la NBA et pour la plupart des basketteurs, le Graal correspond à une seule chose, le Larry O’Brien Trophy. Le trophée de champion, celui qui permet à un joueur de changer de dimension et de statut pour toujours. Pour atteindre la consécration, certains sont prêts à tout, même à se couper les couilles (coucou KD). Déménagement, sacrifice financier, rôle réduit… peu importe, la bagouze avant tout. A l’été 2010, Dwyane Wade, LeBron James et Chris Bosh se retrouvent à un carrefour de leur carrière. Ils sont tous les trois agents libres, et ils ont tous les trois le même objectif. Atteindre ce Graal. Pour D-Wade, déjà champion en 2006, il veut regoûter à l’ivresse d’un titre NBA. Pour le King de Cleveland et le Dinosaure de Toronto, c’est le moment idéal pour se mettre dans la meilleure position possible afin de maximiser leurs chances d’aller au bout pour la première fois. Ça fait beaucoup de points communs, surtout que les trois franchise players ont développé une vraie amitié à travers la Draft 2003 ainsi que les différentes expériences avec Team USA en 2006 et 2008. Tellement de points communs qu’ils vont décider de choquer la NBA et se réunir sous le soleil de Miami. Le 7 juillet 2010, Dwyane Wade prolonge au Heat tandis que Chris Bosh décide de le rejoindre. Un jour plus tard, la planète basket explose avec la décision de LeBron James en direct sur ESPN, qui annonce devant des millions de téléspectateurs sa volonté “d’emmener ses talents à South Beach”.

A partir de là, la franchise de D-Wade devient la cible numéro un en NBA et la grosse teuf du 9 juillet, dans laquelle le nouveau Big Three est présenté au public de Miami dans une ambiance de folie, n’arrange évidemment pas les choses. Cette hostilité à l’encontre des Heatles va durer toute la saison 2010-2011. Une saison caractérisée par des hauts et des bas, des attentes énormes, une pression permanente et une couverture médiatique immense. Dwyane Wade avait déjà eu un aperçu de tout ça avec l’arrivée de la superstar Shaquille O’Neal en 2004, mais là on est dans un autre monde. Chaque défaite est accentuée, chaque mouvement est analysé à la loupe et une question existentielle plane au-dessus de l’équipe floridienne pendant toute la saison. On sait que Chris Bosh est la troisième option, mais est-ce que c’est la team de Dwyane Wade ou de LeBron James ? Qui a les clés, celui qui évolue à Miami depuis sept ans avec un titre en poche ou le double MVP en titre ? Sur le terrain, les deux superstars font leurs stats mais se cherchent, notamment dans le money-time. “A toi, à moi, vas-y, non finalement j’y vais”. Les galères du Heat dans les moments clutch, associées à l’incapacité des Floridiens pour battre les poids lourds de la NBA, représentent l’un des grands thèmes de cette première campagne du Big Three, tout comme la légitimité d’Erik Spoelstra en tant que coach. Mais malgré un début de saison compliqué et de nombreuses rumeurs concernant un retour sur le banc de Pat Riley, Spo est maintenu par Patoche. Finalement, Miami remporte tout de même 58 matchs et termine deuxième de la Conférence Est derrière les Bulls du MVP Derrick Rose.

Avant le début des Playoffs, des doutes persistent sur la capacité du Heat à battre des équipes peut-être mieux construites et plus avancées sur le plan collectif. Sauf que ces doutes, les Floridiens vont les balayer. Après avoir battu Philadelphia en cinq matchs au premier tour, Miami rencontre Boston, vainqueur de l’Est en 2008 et 2010 et champion NBA trois ans auparavant. Un véritable choc entre un trio nouvelle génération et un Big Three expérimenté qui a déjà remporté un titre. Si Wade, LeBron et Bosh se sont réunis, c’est notamment pour concurrencer les Celtics de Paul Pierce, Kevin Garnett et Ray Allen. Et au terme d’une série âpre et disputée, le Heat prend le dessus 4-1. Énorme soulagement pour les trois stars, et en particulier pour le King, enfin victorieux de Boston après plusieurs échecs. En Finales de Conférence, Chicago écope du même tarif que les deux précédents adversaires de Miami. Les hommes d’Erik Spoelstra prennent une grosse claque d’entrée mais réagissent très vite. Ils prennent le Game 2 au United Center, gardent leur invincibilité à la maison, avant de conclure dans la Windy City grâce notamment à un énorme come-back dans les dernières minutes de la cinquième manche. Cinq ans après le titre, la franchise floridienne est de retour en Finales NBA. Face à qui ? Les Mavericks de Dirk Nowitzki, comme en 2006. Tiens tiens, ça rappelle des souvenirs tout ça, surtout pour Dwyane Wade, champion cette année-là et nommé MVP des Finales.

Avec leurs Three Amigos, les Heatles sont logiquement considérés comme favoris et le début de la série ne fait que confirmer cela. L’équipe de Miami remporte la première rencontre à l’American Airlines Arena et est prête à exploser les Mavs dans la seconde. Sauf que le Heat s’écroule dans le quatrième quart-temps et laisse échapper la victoire après avoir mené 88-73 à sept minutes de la fin. Un vrai tournant dans la série, même si Dwyane Wade et ses copains parviennent à reprendre l’avantage du terrain dans le Game 3. Un avantage qui ne va pas durer car c’est à partir de ce moment-là que Miami va perdre pied, à l’image de LeBron James. Alors que D-Wade a activé le mode Flash depuis le début de la série, le King se montre plutôt discret avant de lâcher mentalement. Dans l’histoire du choking, les Finales 2011 de James ont une place de choix. Le double MVP craque sous la pression et est invisible dans les moments importants. Wade fait ce qu’il peut pour porter son équipe, et ce malgré une blessure à la hanche lors du cinquième match. Mais c’est insuffisant. Mené 3-2, le Heat s’incline à domicile dans le Game 6 et perd les Finales pour le plus grand bonheur de quasiment toute la planète basket, ravie de voir le Big Three se planter face à la bande à Dirk Nowitzki, notamment après les moqueries de Wade et James concernant l’état de santé de l’Allemand. Bref, Miami est au fond du trou, les blagues sur LeBron fusent dans tous les sens et on se demande comment la franchise floridienne va pouvoir rebondir après un tel désastre.

On dit souvent que les pires épreuves sont celles qui font grandir le plus. Cette défaite face aux Mavericks va servir de prise de conscience pour Dwyane Wade et LeBron James. Lors de l’été 2011, les deux superstars se retrouvent aux Bahamas avec leurs femmes pour évacuer toute cette tension. Ils en profitent pour discuter du fiasco afin de réaliser les ajustements nécessaires dans le but de maximiser leurs chances de gagner ce foutu titre ensemble. Et le constat est très simple. Pour D-Wade, le Heat doit devenir l’équipe du King, et le King doit redevenir lui-même, c’est-à-dire ce basketteur qui joue pour le plaisir du jeu et pas pour fermer la bouche de tous ses haters. En clair, Flash est prêt à donner les clés du camion, les clés de sa franchise, à LeBron. Forcément, pour une superstar comme Dwyane, ce n’est pas le genre de décision qui est facile à prendre. Mais à ce stade de sa carrière, il n’a plus rien à prouver individuellement et tout ce qui compte, c’est trouver un meilleur équilibre collectif et accumuler les bagues de champion.

“On a eu de bonnes discussions là-bas. D-Wade était du genre, ‘Ecoute, si on veut être une grande équipe, tu dois être le patron.’ On parle de Wade-County là. On parle d’un gars qui a gagné un titre ici, qui a été six fois All-Star, et il veut que je prenne les clés ? Il m’a dit, ‘Absolument’.”

– LeBron James (via USA Today).

Après cette saison 2010-2011 très éprouvante qui s’est terminée de la pire des manières possibles, Dwyane Wade estime que c’est le moment de laisser LeBron James prendre les commandes. Un gros sacrifice pour un joueur de sa trempe, mais nécessaire pour atteindre le Graal.