One Last Dance – Chapitre 3 : la descente aux enfers de Dwyane Wade, et sa résurrection

Le 17 janv. 2019 à 17:05 par Nicolas Meichel

Dwyane Wade
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Le 16 septembre dernier, Dwyane Wade a annoncé à la planète basket que sa seizième saison NBA serait la dernière. Sélectionné par le Miami Heat lors de la fameuse Draft 2003, Flash a connu une carrière magnifique qui va l’emmener tout droit au Hall of Fame. Avec trois bagues de champion, un titre de MVP des Finales, treize nominations au All-Star Game et une médaille d’or olympique, Wade fait incontestablement partie des meilleurs arrières de l’histoire. TrashTalk a ainsi décidé de lui rendre hommage à travers une série de six articles retraçant son parcours au sein de la grande ligue. C’est l’heure du troisième chapitre, dédié à sa chute brutale après le titre mais surtout à son retour parmi l’élite. 

Juin 2006. Tout juste auréolé de son premier titre NBA après sa performance légendaire face aux Dallas Mavericks, Dwyane Wade vit sans doute la plus belle période de sa life. A seulement 24 ans, il est sur le toit du basket mondial et tout le monde se l’arrache. Il enchaîne les plateaux TV et les signatures avec des sponsors, son maillot se vend comme des petits pains et on retrouve sa tête partout sur les couvertures de magazines, et pas uniquement ceux spécialisés basket. Bref, sa grande popularité a franchi un nouveau palier et dépasse désormais largement le cadre de la balle orange. Depuis son arrivée dans la ligue trois ans plus tôt, Flash a donc connu une ascension exceptionnelle, sur comme en-dehors du terrain. Issu d’une Draft composée notamment de LeBron James et Carmelo Anthony, D-Wade n’était pas censé devenir une telle superstar aussi vite. Malgré tout son potentiel, ses qualités athlétiques et son éthique de travail, personne ne s’attendait à ce que le gamin de Chicago débarque comme ça en NBA pour imposer sa loi en l’espace de seulement trois ans. Mais c’est bien le nom de Dwyane Wade qui est sur toutes les lèvres à ce moment-là. Cette attention démultipliée ne semble pas perturber le principal intéressé, qui se caractérise par une humilité bien ancrée en lui. Par contre, il ne se rend probablement pas compte à quel point tout cela est fragile. Arriver au sommet est déjà très difficile, mais le rester l’est encore plus. Malheureusement, il va apprendre cette leçon à ses dépens.

Avec des blessures, des résultats collectifs en chute libre mais aussi des soucis sur le plan familial, Dwyane Wade va connaître un déclin assez brutal au cours des deux saisons qui suivent le titre. En 2006-07, il ne joue que 51 matchs au total. L’année suivante ? Idem. Autrement dit, il a un abonnement à l’infirmerie. Victime d’une luxation de l’épaule et de douleurs au niveau du genou, Flash passe deux fois sur le billard en 2007, avant de suivre un traitement à base d’ondes de choc pour lutter contre ses problèmes de genou qui persistent. S’il reste performant sur le plan individuel quand il est sur le terrain, Wade ne peut pas vraiment évoluer à son meilleur niveau et le Heat s’effondre comme un château de cartes. Du statut de champion NBA, Miami va passer à celui de cancre de la ligue en un temps record. La première saison après le titre, les Floridiens ne remportent que 44 matchs pour 38 défaites, un bilan bien décevant pour une équipe championne, avant de se faire humilier par de jeunes Chicago Bulls aux dents longues. Déjà battu de 45 points par les Taureaux lors de la soirée de remise du trophée (pire défaite en ouverture de l’histoire pour un champion), le Heat se prend un méchant sweep dans la gueule au premier tour des Playoffs. 4-0, merci, au revoir. Cette élimination nette et sans bavure sera suivie par une campagne 2007-08 tout simplement désastreuse, où Miami termine au fin fond de la NBA avec seulement… 15 victoires au compteur. Shaquille O’Neal est transféré à Phoenix en cours de saison, Pat Riley se retire du coaching à la fin de celle-ci pour se concentrer sur son rôle de président, tandis qu’Alonzo Mourning se dirige vers la retraite. La fin d’un cycle pour le Heat, et une période difficile à vivre pour D-Wade. Outre ses soucis de blessure et les résultats catastrophiques de sa franchise, Dwyane connaît également des turbulences dans sa vie personnelle puisqu’il entame une procédure de divorce en 2007 avec sa femme Siohvaughn Funches. Ça fait beaucoup.

Dans le dur, Flash va cependant renaître de ses cendres, comme un champion. Cette résurrection commence à l’été 2008 du côté de Pékin, qui organise cette année-là les Jeux Olympiques. Remis de ses problèmes de genou, Wade fait partie des douze joueurs sélectionnés pour remettre Team USA à sa place, c’est-à-dire sur la plus haute marche du podium. Après avoir décroché une pauvre médaille de bronze lors des JO 2004 d’Athènes et lors des championnats du monde 2006 au Japon, les Américains n’ont qu’un seul objectif en tête, écraser la concurrence afin de montrer au monde entier que le basketball est un sport qui leur appartient. Dwyane Wade, LeBron James, Kobe Bryant, Chris Paul, Carmelo Anthony, Dwight Howard, Jason Kidd, Chris Bosh, Deron Williams, Carlos Boozer, Tayshaun Prince, Michael Redd, avec Mike Krzyzewski sur le banc pour faire fonctionner tout ça. Voici le casting de rêve avec lequel débarquent les Etats-Unis en Chine. Surnommée la “Redeem Team” (l’équipe du rachat) en référence au contexte et à la fameuse “Dream Team” de 1992, l’équipe américaine détruit tout sur son passage lors de la phase de poule et D-Wade prend son pied. Si la concurrence n’est évidemment pas la même qu’en NBA, Flash s’amuse et montre une explosivité redoutable qui rappelle ses meilleures moments avec le Heat. Mais il va garder le meilleur pour la fin. Suite à la victoire face à l’Australie en quart de finale puis contre l’Argentine en demi, Team USA croise la route de l’Espagne avec comme enjeu la mythique médaille d’or olympique. On va alors assister à une rencontre légendaire, peut-être la plus belle dans l’histoire du basket international. Pendant 40 minutes, les deux équipes se rendent coup pour coup et montrent leur meilleur visage en même temps, le tout sur la plus grande scène imaginable. Les actions de classe mondiale s’enchaînent, le suspense est à son paroxysme, le public est aux anges. Et au milieu de tout ça, Dwyane Wade enclenche le mode Finales 2006. 27 points et quatre interceptions au total dans cette partie, à 9/12 au tir et 4/7 du parking (dont un tir primé assassin dans le money time). C’est officiel, Flash is back ! Team USA remporte la rencontre 118-107 et remplit donc sa mission rédemption. Malgré la présence de Kobe Bryant ou LeBron James dans l’équipe, c’est sans doute Wade qui a brillé le plus parmi toutes ces stars, lui qui a terminé meilleur marqueur des siens au cours de cette compétition. Mais surtout, c’est lui qui symbolise le mieux le renouveau de l’équipe nationale américaine.

La performance de Dwyane Wade aux JO 2008 marque donc le retour de l’arrière du Heat au premier plan. Et Flash va très vite confirmer tout ça sur les parquets US, au sein d’une équipe de Miami radicalement différente de celle des années précédentes et désormais coachée par le jeune Erik Spoelstra. Enfin libéré de ses blessures, le produit formé à Marquette réalise une campagne 2008-09 fabuleuse, peut-être la meilleure de sa carrière d’un point de vue purement individuel, et remet presque à lui tout seul Miami sur la carte NBA. Ses statistiques ? Attention, c’est du très lourd. 30,2 points, 5,0 rebonds, 7,5 caviars, 2,2 interceptions et 1,3 contre en moyenne, à 49,1 % de réussite au tir ! Des cartons dans tous les sens, un leadership exemplaire, un titre de meilleur scoreur, une apparition dans le meilleur cinq de la saison et dans la deuxième équipe défensive de l’année… bref, une saison où il aurait pu décrocher le titre de MVP si les résultats collectifs avaient été un poil meilleurs (Wade termine finalement troisième de la course derrière Kobe Bryant et LeBron James). Le Heat remporte tout de même 43 victoires cette saison-là et retrouve ainsi les Playoffs, avant de se faire sortir par les Hawks en sept matchs au premier tour. Une saison réussie donc après la débâcle de l’an passé. Sur la bonne voie, la franchise floridienne confirme l’année suivante grâce encore une fois aux exploits de D-Wade, qui emmène les siens vers une cinquième place de Conférence pour la deuxième année consécutive tout en raflant le titre de MVP du All-Star Game au passage. Cependant, Miami est incapable de franchir un cap en postseason puisque les Floridiens s’inclinent d’entrée face à Boston et son Big Three, composé de Paul Pierce, Kevin Garnett et Ray Allen. Le constat est évident, le Heat n’est pas assez armé pour rivaliser avec les meilleures équipes de l’Est et Dwyane Wade doit être mieux entouré pendant qu’il est dans ses meilleures années.

A l’été 2010, après deux saisons magnifiques où il est revenu sur le devant de la scène, Dwyane Wade arrive à un carrefour de sa carrière. Agent libre, il fait partie des gros poissons qui se retrouvent sur le marché cette année-là, en compagnie notamment de LeBron James, Amare Stoudemire et Chris Bosh. On ne le sait pas encore à l’époque, mais on va assister à un véritable tremblement de terre.