Cedi Osman s’éclate dans le tank des Cavaliers : la pépite turque commence à se faire un nom en NBA

Le 31 janv. 2019 à 12:25 par Florian Benfaid

Cedi Osman
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Quand LeBron James quittait Cleveland l’été dernier, la place de titulaire semblait promise à Cedi Osman. Les observateurs ne se sont pas trompés et, jusqu’à présent, le Turc s’en sort plutôt bien. Depuis une dizaine de jours, il semble meilleur que jamais. Des bonnes prestations qui lui ont permis d’être retenu pour disputer le prochain Rising Stars Challenge.

L’été dernier, les Cavaliers se retrouvaient orphelins du King pour la deuxième fois de leur histoire. Forcément, tout le monde s’attendait à ce que Cleveland vive une saison galère. Avec l’antépénultième bilan de la Ligue (11 victoires, 41 défaites) et une sublime 14ème place à l’Est, c’est effectivement le cas. L’après-LeBron se déroule à merveille et l’opération ”Road to Zion” est enclenchée. Au moins, ce genre d’exercice a pour avantage de permettre aux jeunes de se développer tranquillement, sans aucune pression. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Cedi Osman profite plutôt bien de la situation pour confirmer les belles promesses entrevues durant sa campagne rookie. En 2017-18, au sein d’un roster qui atteignait les Finales NBA, Jedi avait pu emmagasiner beaucoup d’expérience, tout en évoluant et apprenant aux côtés du quadruple MVP, l’icône de toute une franchise et de toute une ville. Un joueur qu’il remplace désormais dans le cinq de départ des Cavs. Avec des moyennes de 12,7 points, 4,7 rebonds et 2,2 passes en 32 minutes, The First Cedi ne comble évidemment pas le vide laissé par le King mais réalise tout de même une belle saison. Depuis cinq matchs, il fait même encore mieux avec aucun match sous les 15 unités et un record en carrière établi (29 pions contre le Heat). Ce qui nous donne environ 21 points (à 54% aux tirs et 46% longue distance), 5 rebonds, 4 passes et 2 interceptions de moyenne sur la période, en 36 minutes. Surtout, les prestations du sophomore font gagner Cleveland (pas de blague), qui reste sur deux victoires consécutives, soit la plus longue série de succès des joueurs de l’Ohio en 2018-19. Champagne ! Dans des propos rapportés par Chris Fedor, de Cleveland.com, le coach des Cavaliers, Larry Drew, revient justement sur la première moitié de saison de sa jeune pépite.

“Je dois dire qu’il a dépassé nos attentes de par son niveau de jeu. Je le vois s’améliorer sans cesse. Cedi représente notre avenir. Tant qu’il continue à grandir et à se développer, il a une chance de devenir un joueur spécial. Il a prouvé qu’il était prêt à franchir la prochaine étape, celle qui l’amènera à devenir un vrai bon joueur NBA. Il en prend le chemin.”

Pour l’heure, Cedi Osman se dirige surtout vers le Rising Stars Challenge puisqu’il a été retenu pour représenter la Team World lors du prochain All-Star Weekend. Une belle récompense qui lui permet d’être considéré comme l’un des meilleurs jeunes de la Ligue. À 23 ans, le 31ème choix de la Draft 2015 en veut, il ne cesse de vouloir s’améliorer et n’est jamais le dernier quand il s’agit de regarder et analyser ses dernières prestations. Quelques instants après la victoire des Cavs face aux Wizards, Osman réagissait à sa sélection pour le RSC 2019 et expliquait ce sur quoi il devait travailler pour être encore meilleur.

“Je suis très heureux. Tout le monde m’a félicité, est venu vers moi et j’ai apprécié. Je le dois à mon équipe et mes coéquipiers, je leur suis reconnaissant. Le basket, ce n’est pas du un contre cinq mais du cinq contre cinq. Ils m’ont beaucoup aidé. La moitié de la récompense leur revient. […] Désormais, la prochaine étape pour moi est de devenir plus régulier. La NBA est la meilleure ligue de la planète et tu ne peux pas aller loin sans régularité. Bien sûr, je vais connaître beaucoup de hauts et de bas, mais je vais juste devoir continuer à travailler, observer et apprendre.”

Évidemment, la marge de progression de Cedi Osman est encore conséquente et il en est le premier conscient. Son évolution est logique jusqu’à présent, avec un temps de jeu qui triple et des moyennes qui triplent elles aussi. Il faut cependant la relativiser en raison de la faiblesse de l’effectif de Cleveland. Sans Kevin Love, blessé depuis le début de saison, les Cavaliers ne possèdent aucune première option offensive fiable et viable. Trop timide, Cedi est un joueur altruiste, il cherche la passe avant le tir et n’a pas les épaules d’un go-to-guy. Sa nature est telle qu’il doit se forcer à être égoïste. Ce qu’il fait d’ailleurs assez bien sur la fin du mois de janvier, et c’est ce que les Cavs souhaitent voir de sa part d’ici à avril prochain. Ils auront également besoin que Jedi devienne davantage valuable et bénéfique à son équipe, ce qu’il n’est pas véritablement quand on s’attarde sur ses statistiques avancées. Son PER culmine à 10,6, ce qui est faible et bien en-dessous de la moyenne NBA, qui est de 15. En attaque, Cleveland marque environ 102 points sur 100 possessions quand il est sur le terrain alors que, sur la saison, les hommes de Larry Drew en inscrivent 107 sur 100 possessions. Son plus-minus global est lui de -15,7 ce qui signifie que les Cavaliers perdent d’environ 16 unités quand il est sur le parquet. Parmi les six joueurs de la franchise ayant joué au moins 1000 minutes cette saison, seul Collin Sexton fait pire.

Défensivement, ce n’est guère mieux. Des progrès sont à noter depuis le training camp mais c’est encore trop faible et limité. Il faut aussi dire que Cedi Osman passe les deux tiers de son temps de jeu à jouer en tant qu’ailier-fort, alors que c’est un poste 3 (voire 2) de métier. Il est ainsi régulièrement amené à défendre sur des joueurs plus grands et plus costauds. Forcément, l’ailier doit compenser ce déficit avec son intelligence de jeu, pour éviter de commettre de nombreuses fautes. Néanmoins, au sein de la pire défense de NBA (118,3 points encaissés sur 100 possessions), il est difficile d’espérer mieux de sa part. En tout état de cause, le chemin est encore long pour l’ancien joueur de l’Anadolu Efes, qui doit travailler sur de nombreux aspects de son jeu avant de, pourquoi pas, devenir une référence à son poste. Il devra aussi espérer un miracle pour que Cleveland réussisse à attirer un grand joueur…

Dans cette saison affreuse collectivement, les prestations individuelles de Cedi Osman sont les bienvenues à Cleveland. Le Turc possède du talent mais a encore beaucoup de boulot afin de devenir plus qu’un simple role player. Quoi qu’il en soit, si les Cavaliers se demandaient quel rôle pouvait espérer Cedi à l’avenir, dans un effectif plus talentueux, il leur donne des réponses depuis quelques matchs. À lui de continuer sur cette lancée.

Sources texte : Cleveland.com, ESPN, Basketball-Reference