Steven Adams revient sur sa mentalité de All-Black : un rugbyman refoulé qui fait le bonheur du Thunder

Le 09 janv. 2019 à 10:40 par Enzo Ferretti

Steven Adams
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En NBA, il existe plein de profils différents : des scoreurs fous, des spécialistes de la défense, des athlètes qui montent au plafond ou encore des magiciens de la passe ou du dribble. Mais au milieu de tout ça, il y a aussi les mecs qui vont au mastic, qui font tout ce que les autres ne veulent pas faire, les tâches ingrates quoi. Steven Adams fait partie de ceux-là. Le pivot du Thunder est d’ailleurs aujourd’hui reconnu et apprécié pour ça. Il est justement revenu sur les origines de cette mentalité hors du commun.

Pour commencer, rappelons que Steven Adams est Néo-Zélandais. Du coup, la référence en matière de sport dans cette partie du monde est bien évidemment l’équipe de rugby des All Blacks. Tous les gamins passionnés de sport ayant grandi dans cette partie du Pacifique rêvent de devenir l’un d’entre eux pour aller défoncer le monde entier à la Coupe du Monde de rugby et effrayer la terre entière en faisant le haka. C’est donc tout naturellement que le petit Steven a d’abord commencé par le sport national. Plus jeune, le pivot du Thunder n’était pas encore l’athlète en béton armé qui terrifie les autres pivots de la Grande Ligue. Non, à l’époque, il était plutôt chétif, maigre, mais très grand par la taille. Au rugby, il occupait déjà un poste ingrat, pas glamour, où on fait aucun truc cool. Il jouait deuxième ligne, le genre de poste peu valorisant qui consiste à aller se frotter aux autres dans la mêlée et à sécuriser le jeu de son équipe en faisant le nettoyeur. Un poste réservé aux joueurs de devoir, courageux, voire téméraires et qui se prête facilement à la baston. Cette rudesse s’est d’ailleurs retranscrite dans le jeu d’Adams en NBA puisqu’il est le septième pivot de la Ligue à commettre le plus de fautes par match. Pour lui, comme au rugby, le basket est avant tout un combat. Néanmoins, la grande taille du jeune Adams s’avérait utile pour son équipe qui s’en servait sur les touches en le soulevant pour s’assurer de récupérer le ballon : sûrement le seul moment de gloire pour lui lors des matchs. Ce n’est pas d’ailleurs sans rappeler sa vie d’aujourd’hui en NBA où 90% du temps, il se mue en soldat pour faciliter le jeu de son équipe mais, une ou deux fois dans le match, il brille en allant chercher les alley-oops de son poto Westbrook. Malheureusement, ces moments de grâce étaient trop brefs et il décide de quitter ce rêve de devenir un All Black, notamment à cause de son physique de géant. En effet, son sang à moitié polynésien a fait de lui un grand gaillard très tôt. Du coup, ni une ni deux, il se met au basket et décroche une bourse pour aller jouer à l’Université de Pittsburgh, une période difficile émotionnellement, mais tout en gardant au fond de lui cette mentalité d’homme de devoir. Ce sens du devoir dont nous parlons a d’ailleurs été très sobrement nommé et défini par l’effrayant moustachu dans un bel entretien avec Ben Golliver du Washington Post et renvoie justement à son pays d’origine.

“La devise qui résume la Nouvelle-Zélande est la politique de l’anti-crétin […]. Ne sois pas un crétin, à aucun moment. Si le coach te demande de faire quelque chose, fais-le. Si tu rentres chez toi avec un nez cassé, merci pour tes services, t’as fait ton job. J’ai grandi en sachant à quel point le hustle et les petits détails contribuent au succès.”

Et il n’a pas tort. Si aujourd’hui Steven Adams pointe en troisième position des pivots ayant reçu le plus de votes pour le All-Star Game (261 000 voies), qu’il va amasser 25 patates à l’issue de la saison, et qu’il est vu par Sam Presti comme un véritable game-changer, c’est grâce à ce leitmotiv. Ce tempérament et cette manière de jouer l’ont non seulement amené tout en haut mais ont aussi permis à son équipe de redevenir dominante tout en se créant une nouvelle identité. Qu’elle est loin l’époque Durant-Harden-Westbrook caractérisée par l’enthousiasme et le spectacle en attaque. Aujourd’hui, OKC est une équipe défensive, la meilleure de la Ligue. En attaque, elle est seulement 21ème et se classe dernière au pourcentage de loin. Mais ce n’est pas très grave, car le Thunder est quatrième de toute la Ligue au rebond, notamment grâce à la combativité de chacun sous le cercle mais aussi et surtout grâce à son pivot capable de box-out une ville entière derrière son dos pour assurer à son équipe de récupérer le ballon, que ce soit en attaque ou en défense. Aujourd’hui, OKC a trouvé une nouvelle façon de gagner. Alors oui, ce n’est pas super excitant, pas très esthétique mais terriblement efficace. Les joueurs du Thunder sont tous des frères, prêts à se battre les uns pour les autres, et nul doute que cette fameuse no dickhead policy est au centre du projet.

Voilà l’histoire de Steven Adams. L’histoire d’un gamin qui, dans l’incapacité de devenir un All Black, a décidé de changer de sport tout en emportant cet état d’esprit néo-zélandais avec lui pour le transposer au basket-ball. Ce sens de la camaraderie a su toucher ses coéquipiers et créer des liens très forts entre les joueurs. Steven Adams, ou l’histoire d’un joueur atypique, intriguant, mais tellement attachant.

 Source texte : The Washington Post


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