La fin du one-and-done se rapproche encore : accord multilatéral sur un programme d’identification des jeunes prospects
Le 30 août 2018 à 11:18 par Aymeric Saint-Leger
Un des grands thèmes qui bousculent l’actualité basket aux Etats-Unis ces derniers mois est le one-and-done. Ce principe qui dit qu’un joueur de lycée est obligé de passer un an à la fac avant d’escompter se présenter à la Draft NBA. Alors que l’ensemble des avis convergent, on se rapproche peu à peu de la fin de cette pratique. En effet, un accord multilatéral vient d’être passé entre les grands institutions du basketball américain afin de mettre en place une expansion du programme de l’équipe nationale junior masculine. Une mesure où chacun y trouve son compte.
Lorsque l’on vient à parler du cas des jeunes joueurs en dernière année de lycée, ça bouillonne dans les atours du monde de la balle orange aux States. Les intérêts divergent forcément : la NBA souhaite soit pouvoir attirer les joueurs qui sortent du lycée dans leur ligue de développement sans passer par la case NCAA, soit la fin du one-and-done afin que les plus gros talents puissent garnir les rangs de la Grande Ligue, exploser au grand jour et rapporter de l’audience et donc, de l’oseille. La National College Athletic Association a des desseins opposés à la Ligue d’Adam Silver. Le but étant pour elle la formation des joueurs, que ce soit au niveau sportif, social, intellectuel. L’université veut donner un bagage aux futurs adultes avant qu’ils se lancent dans le monde professionnel. Pour l’intérêt de son championnat également, la NCAA veut pouvoir accueillir les meilleurs prospects du pays en son sein. LA NBPA, l’Association des joueurs de la NBA, a pour intérêt majeur la formation en tant qu’êtres humains et qu’adultes responsables des jeunes joueurs. Le bien-être et la conscience des risques et des dangers encourus sont leur cheval de bataille. Enfin vient la position d’USA Basketball, qui chapeaute les équipes nationales seniors et jeunes du pays. Son objectif est de faire rayonner les meilleurs jeunes du pays à travers le monde, afin d’afficher sa supériorité permanente et son règne sans partage sur ce sport. Voici les quatre acteurs qui gravitent autour cette problématique de one-and-done, et du sort réservé aux joueurs de dernière année de lycée. De nombreux joueurs NBA, comme Jaylen Brown, ou même le commissionnaire Adam Silver se sont prononcés récemment pour la fin de cette pratique. La NBPA pourrait finalement l’accepter, mais à certaines conditions. La NCAA paraît bien sûr partagée, mais elle aurait besoin de cette suppression pour pouvoir mettre en place ses nouvelles réformes annoncées en début de mois. De fait, comment satisfaire tout le monde avec la situation des jeunes lycéens ? USA Basketball semble avoir trouvé la solution.
L’organisation qui gère les équipes nationales a annoncé ce mercredi l’expansion de son programme de l’équipe nationale junior masculine, en accord avec la NBA, la NBPA et la NCAA. Qu’est ce que cela signifie concrètement ? Cela veut dire que les prospects d’élite du lycée vont être mieux encadrés, vont plus travailler avec Team USA, de manière à être prêts à entrer dans le monde professionnel plus tôt. Dans la pratique, ce sont les vingt meilleurs joueurs de chaque année d’âge au lycée (4 ans aux USA), donc 80 joueurs qui vont participer à six camps d’entraînement ainsi qu’à des compétitions internationales pour lancer le programme en 2018-19. Team USA convoquait déjà des joueurs en U18 et U16 par le passé, et bien il s’agit d’une extension de cela avec plus de training camps et de programmes de développement de joueurs tout au long de l’année. L’accent sera mis sur le basket, mais aussi sur le bien-être et la santé – avec une équipe encadrante également composée de coach sportifs, de médecins – ainsi que sur les compétences de vie. Bon, en termes plus simples, il y aura plus de rassemblements pour les jeunes de Team USA, et ce par catégorie d’âge. Si l’on voit bien l’intérêt d’USA Basketball là-dedans, celui des autres institutions est moins facilement décelable. Pourtant, chacun y trouve son compte. C’est le cas de la NBA, par la voie de sa présidente de la responsabilité sociale et des programmes des joueurs, Kathy Berens.
“Fournir à ces jeunes joueurs talentueux des entraînements supplémentaires et des programmes hors terrain va améliorer les voies de développement avérées de l’équipe nationale junior. Nous sommes impatients de travailler avec USA Basketball, la NBPA et la NCAA pour collectivement fournir les ressources et les opportunités de développement aux athlètes de l’équipe nationale junior afin qu’ils atteignent leur plein potentiel sur et en dehors du terrain.”
Bon, un peu de langue de bois, forcément. Qu’est ce qu’y gagne la NBA ? La possibilité de voir les meilleurs jeunes prospects du pays à de plus multiples occasions. Cela signifie que les scouts des franchises pourront avoir une vision plus affinée de ces jeunes joueurs, de manière à mieux les connaître, et à pouvoir attirer ceux qui sont vraiment prêts au sein de la Grande Ligue. Vous l’avez compris, pour que tout cela puisse vraiment avoir un intérêt, il faut la fin du one-and-done. Et cette mesure prise collégialement signifie que ce sera bientôt un none-and-done, les lycéens pourront d’ici 2021 ou 2022 passer le cap directement sans passer par la case fac. Mais alors, en quoi est-ce que cela convient à la NCAA ? Et bien, si cette règle instaurée en 2005 n’existe plus, ils peuvent mettre en place les deux mesures qu’ils ont annoncé. La première est la possibilité pour les prospects d’élite d’avoir un agent dès la senior year en high school dans le cadre de l’effacement du one-and-done, ou dès la première année universitaire si cette règle reste effective. La deuxième décrit l’opportunité de se présenter à la Draft en sortant du lycée, et en cas de non-sélection, l’opportunité de (re)venir en NCAA pour continuer à se former. Si ces deux réformes passent, la NCAA permettrait aux joueurs d’avoir le conseil d’un agent qui pourra les orienter dans une autre voie que le passage direct vers le monde pro, mais aussi de tenter leur chance dans la grande aventure, mais surtout de pouvoir récupérer les meilleurs prospects pour elle lorsqu’ils ne sont pas draftés. L’association universitaire trouve donc son compte dans ce nouveau programme. C’est aussi le cas de la NBPA, qui par sa présidente Michele Roberts, se satisfait de la prise en compte de la facette hors terrain pour ces jeunes joueurs, un impondérable.
“C’est un ajustement naturel de suivre l’excellent enseignement des compétences de vie et des programmes de développement hors terrain que nous procurons aux joueurs NBA et de les étirer de manière à pouvoir apporter du soutien et des conseils aux jeunes talents en développement. C’est un effort qui se fait attendre depuis longtemps.”
Ouais, tout le monde il est beau tout le monde il est content. Les quatre institutions semblent trouver leur compte dans ce nouveau programme étendu des jeunes joueurs avec Team USA. En filigrane, on peut donc observer que c’est un pas de plus vers la fin du one-and-done. D’ici quelques années, le temps que tout cela suive son cours et donne des résultats, on pourra voir les meilleurs lycéens du pays essayer de faire le grand saut, et d’emmener leurs talents directement en NBA. Ce n’est pas possible, il doit bien y avoir un perdant quelque part… Oui, il s’appelle G League. Si la règle du one-and-done n’existe plus, cela voudra aussi signifier qu’Adam Silver laisse tomber sa ligue de développement, comme l’a fait Darius Bazley. Le projet d’antichambre de la NBA pour les jeunes pourrait finalement être un championnat au rabais de seconde zone, avec des seconds couteaux.
Source texte : NBC Sports