Mike Bibby : un king sous-estimé, passé à un coup de coude de la postérité

Le 13 mai 2018 à 12:13 par Alexandre Martin

Mike Bibby
Source image : youtube

C’était un soir de mai 2002, le 31 précisément, les Lakers de Shaq et Kobe – en quête de Three Peat – étaient en grande difficulté dans ce Game 6 des Finales de Conférence face à des Kings menant 3-2 dans la série et fermement décidés à en finir, là, tout de suite, au Staples Center. Mike Bibby était un de ces Kings, un de ces immenses Kings. Et malgré le résultat terrible, Bib’ aura marqué cette série. De sa détermination, de sa clutchitude et pour avoir été victime d’une action scandaleuse très controversée.

Ces immenses Kings… Ceux qui comptaient dans leurs rangs un Chris Webber monstrueux associé à Vlade Divac sous les cercles pendant que Peja Stojakovic, le sniper, et Doug Christie, le pitbull, occupaient les extérieurs. Vous savez, ces immenses Kings qui pratiquaient un basket tout aussi collectif que rapide, tout aussi huilé que spectaculaire. Un basket qui ravissaient les fans et les observateurs aux quatre coins des States. Ces immenses Kings, Mike Bibby en était le meneur. Enfin celui avec lequel les résultats sont tombés car la hype, c’est un autre meneur, un certain Williams, Jason de son prénom, qui a participé à la faire monter quelques années auparavant. Il faut dire que J-Will était un magicien pour qui le showtime n’était pas juste une expression mais bien une philosophie de jeu immuable. Bibby est plus une sorte d’alliage entre rigueur tactique, défense sérieuse, excellente vision de jeu et shoot longue distance très fiable, clutch si besoin. C’est exactement ce que le moustachu Rick Adelman recherchait quand, à l’été 2001, un trade fut organisé pour envoyer Jason Williams chez les Vancouver Grizzlies (sur le point de s’installer à Memphis) et donc l’ami Mike à Sacramento.

Nous sommes donc le 31 mai 2002. Au Staples Center. Il ne reste qu’un peu plus de 12 secondes à jouer et les Lakers mènent d’un point (103-102). Être encore aussi proche au score à cet instant du match était un véritable exploit de la part des Kings tant le trio arbitral les avait saqués depuis le début de la rencontre. Mais l’heure n’est pas à la pleurnicherie pour les hommes d’Adelman. L’heure est à la pression tout-terrain puisque les Angelinos ont une remise en jeu bien compliquée à effectuer. Robert Horry est sous son propre cercle et les Kings pressent comme des morts de faim, Bibby et Christie en tête. Horry galère à trouver une ouverture pour faire sa passe. Les secondes s’égrènent et Los Angeles va perdre la balle. Kobe Bryant le sait et tente tout ce qu’il peut d’appel, contre-appel pour se démarquer mais Bibby le colle comme un morpion. L’arrière des Lakers décoche alors ni plus ni moins qu’un bon vieux coup de coude dans le nez de Bibby, qui s’écroule. Il est sonné, il se tient le nez mais les arbitres ne bronchent pas (alors que l’arbitre situé juste à côté d’Horry a forcément vu ce qui vient de se passer…). Kobe se retrouve démarqué, il reçoit le ballon et Doug Christie n’a d’autre choix que de faire faute sur le Mamba. Mike Bibby, lui, est toujours à terre. Ses coéquipiers viennent le voir. Bibby finit par se relever mais Kobe est déjà sur la ligne de lancer en train de convertir les deux tirs qui viennent de lui être injustement accordés. 105-102 Lakers. Les Kings ne s’en remettront pas et c’est ce même Bibby qui va rater le trois points qui aurait pu remettre les deux équipes à égalité lors de la possession suivante. Score final, 106-102, après un dernier petit lancer de Robert Horry. C’est très cruel pour celui qui avait été le héros du Game 5 quelques jours plus tôt…

Les Kings étaient menés, chez eux, de trois unités à environ 45 secondes du terme. Mike Bibby va commencer par permettre aux siens de recoller à 1 point (91-90) en plantant deux lancers-francs consécutifs à une faute de Kobe Bryant. Ce même Kobe va ensuite prendre et rater un tir dont l’ami Mike va prendre le rebond. S’ensuit une attaque ratée et un temps-mort demandé par Adelman. Remise en jeu Bibby. Pour Webber. Qui lui redonne instantanément et lui pose un écran façon LED Full HD. Bibby plante ses appuis, s’élève, arme et envoie le cuir au fond des filets adverses. 92-91 pour les Kings qui viennent là d’arracher le Match 5 et se dirigent confiants vers le Staples Center pour un Game 6 où ils se savent attendus de pied ferme par les Lakers. Ainsi que par un trio arbitral plus vicieux et moins intègre qu’une meute de hyènes… Qui sait ce qui ce serait passé si le Match 6 avait été disputé dans des conditions normales ? Si Scott Pollard ou Chris Webber ne s’étaient pas faits siffler le moindre effleurement de maillot pourpre et or, si les Kings avaient récupéré cette balle après ce coup de coude de Kobe sur Bibby… Beaucoup de destins en auraient été bien changés. C’est fort probable.

Car les Kings ne sont jamais retournés aussi loin en Playoffs même si Mike Bibby va rester à Sacramento et envoyer de sacrées bonnes saisons à la mène entre 2002 et 2007. Au total, si on se souvient évidemment de cette série contre les Lakers en 2002, il ne faudrait pas en oublier le joueur que fut Bib’. Un meneur petit mais costaud. Un shooteur efficace et insensible aux effets de la pression. Un passeur inspiré qui est monté à plus de 8 caviars par soir dans ses premières années NBA à Vancouver. Un défenseur qui compensait sa petite taille par de la puissance et de l’envie à revendre. En six saisons et demie sous le maillot des Kings, Bibby c’est 17,6 points de moyenne accompagnés de 3,2 rebonds, 5,4 passes décisives et 1,2 interception qui ont mené à cinq participations aux Playoffs pour deux demi-finales de Conférence, deux éliminations au premier tour et donc une finale de l’Ouest.

En ce 13 mai 2018, Mike Bibby fête ses 40 ans. Nul doute qu’il aura une pensée émue pour le 13 mai 2002. Parce qu’il avait fêté ses 24 ans en terminant les Mavs pour se diriger vers une série contre l’ennemi Angelino. Un ennemi qu’il allait affronter fièrement, sans peur et avec sang froid, comme il l’a toujours fait, même si on n’en parle finalement (presque) jamais. 

Un nez sur un coude

Game winner au match 5 face aux Lakers en 2002


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