La KeyArena : c’est quand vous voulez pour ramener une franchise à Seattle

A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction le Washington et plus particulièrement Seattle, pour une visite guidée de la KeyArena qui accueillait les SuperSonics de 1967 à 2008.

La fiche

• Nom actuel : Climate Pledge Arena
• Anciens noms : Washington State Pavilion, Washington State Coliseum, Seattle Center Coliseum, KeyArena
• Adresse : 305 Harrison Street
• Ville : Seattle, Washington
• Date d’ouverture : 21 avril 1962
• Capacité : 17 072 personnes
• Propriétaire : ville de Seattle

Histoire

Située sur Harrison Street dans le centre de Seattle, sur les rives de la Baie Elliott, la salle est construite en 1962 sous le nom de “Seattle Center Coliseum” avant que les droits d’appellations soient achetés par la société Key Bank pour 15,1 millions de dollars sur 15 ans, en 1995. Les architectes ayant travaillé sur le projet provenaient de l’agence NBBJ, l’arène était implantée pour recevoir à temps la Century 21 Exposition, exposition universelle qui s’est tenue du 21 avril au 21 octobre 1962. Le coût total fut de 94 millions de dollars, financé à 75 millions par la ville de Seattle et 19 millions par la franchise des SuperSonics. Entre 1979 et 1985, l’équipe jouait au Kingdome en raison de l’âge avancé de la KeyArena, les places assises n’étaient pas assez nombreuses, des fuites étaient observées, la ville ne faisait rien et cela mena même à des blessures puisque le 5 mars 1972 c’est Spencer Haywood qui se blesse au genou. Il portera plainte contre la ville du Washington, rassemblant alors 55 000 dollars de dédommagement.

Pour le premier match dans la KeyArena, le 20 octobre 1967, Seattle recevait les Rockets de San Diego. Dans un match assez offensif pour l’époque, ce sont bien John Block et Johnny Green qui mèneront les Rockets à la victoire, compilant 62 points et 36 rebonds, trop pour Walt Hazard et Rod Thorn, auteurs de 56 points et 19 rebonds. Pendant ce match on pouvait même voir un certain Pat Riley jouer au ballon-panier, ce dernier inscrivant 10 points et sortant à 6 fautes. Avec ce bâtiment, les fans avaient à disposition 14 000 sièges avant de connaître des rénovations en 1995, ce qui augmentera le nombre total de place à 17 072. Dans les belles années de la franchise, les années 1990 donc, il fallait compter en moyenne 34 dollars pour assister au spectacle délivré par les joueurs. Au niveau du parquet, les couleurs ont plus ou moins toujours été les mêmes, le vert restant proéminent et une touche de rouge est arrivé avec le duo Shawn Kemp – Gary Payton.  Le dernier connu voyait le logo au milieu du rond central, le nom de la salle derrière l’arc, des deux côtés du terrains ainsi que le logo, à nouveau, à l’intérieur de la ligne à trois-points, de chaque côté également. Il faut d’ailleurs noter que le jaune vient remplacer le rouge à l’extérieur de la raquette.

Connue pour être une enceinte multifonctions, l’arène n’a pas le temps de se reposer avec les nombreux concerts dont un des Beatles en 1964. En parlant basket, seul le All-Star Game de 1974 a été organisé dans la ville de Seattle qui a vu Bob Lanier être élu meilleur joueur de la rencontre, posant 24 pions à 73% au tir accompagnés de 10 rebonds. La Finale NBA disputée et remportée en 1979 aura pris place dans la salle de substitution, le Kingdome. Sans oublier bien sûr la Finale NBA de 1996 face aux Bulls de Michael Jordan. Parlons désormais records, le 12 janvier 2007 lors de la réception du Jazz c’est Ray Allen qui a marqué 54 points pour trôner devant Spencer Haywood. En-dessous des panneaux et avec 30 prises contre les Lakers, c’est Jim Fox qui détient ce record depuis le 26 décembre 1973 alors qu’avec 25 passes décisives contre les Clippers le 23 février 1987, c’est Nate McMillan qui a délivré du caviar toute la soirée. Honnêtement, on espère que la franchise reviendra en ville pour nous offrir de bons moments et qui sait, battre ces records.

Meilleur souvenir à la KeyArena

Vous l’aurez compris, on ne peut pas parler du titre remporté en 1979 étant donné qu’ils ne jouaient pas dans cette salle. On pourrait s’étaler sur la campagne de Playoffs 1993 et la première Finale de Conférence depuis… 1979 justement ! Mais non, on a décidé de nous concentrer sur une action en particulier. On fait donc un saut en avril 1992, le premier tour de la postseason fait rage et l’une de ces affiches oppose les SuperSonics de Seattle (sixièmes) aux Warriors de Golden State (troisièmes). Au cours de la saison, ces derniers avaient perdu en overtime à la KeyArena avant de reperdre un autre match en janvier 1992. Les trois dernières rencontres entre les deux équipes se sont avérées bonnes pour les Guerriers ce qui les place favoris dans cette série qui devrait être réglée rapidement. La scène se passe alors le 30 avril 1992, lors du Game 4 alors que Shawn Kemp et ses copains mènent étonnamment 2 victoires à 1 et veulent conclure à domicile afin de se qualifier (les premiers tours se jouaient au meilleur des cinq matchs).

Il reste six minutes dans le deuxième quart-temps, les Warriors mènent d’un point, Shawn Kemp reçoit un caviar de Nate McMillan, pénètre la raquette et vous savez, quand ce genre de bête est lâchée il est impossible de l’arrêter. Les yeux rivés sur l’arceau, il monte en dunk en ne prêtant pas attention à ce pauvre Alton Lister qui s’était placé en-dessous pour tenter de provoquer un passage en force. Trop tard, le monstre est déjà lancé, il prend appui sur ses ressorts qui lui servent de jambes, prend la balle à une main et vient écraser le panier (et Lister) avec une violence rare. Le public explose mais il sera encore plus jubilatoire lorsque Kemp s’accroupit et provoque sa victime, le pointant du doigt à multiples reprises, histoire de l’humilier encore un peu plus. Niveau trashtalk, la note ne sera pas de 9/10 (salut D-Wade) mais plutôt dans les 2000/10, le genre de choses qu’on ne pourrait pas revoir tant la Ligue est soft à ce sujet depuis quelques années. Pour couronner cette action absolument dingue, les joueurs de Seattle ne vont pas tremble et s’imposeront dans ce match grâce aux 27 points de Ricky Pierce, les 26 d’Eddie Johnson et Shawn Kemp auteur de 21 points, 20 rebonds et 4 contres. L’upset est acté, sayonara les Warriors et bonnes vacances !

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Pire souvenir à la KeyArena

Qu’y a-t-il de pire dans l’histoire d’une franchise que de perdre… sa franchise justement ? Rien. C’est pour ça que tous les fans des SuperSonics et de la balle orange n’ont pas vu du bon œil cette décision, en 2008, de déplacer l’équipe dans l’Oklahoma. Depuis 2006, le club est aux mains d’un homme d’affaires originaire d’Oklahoma City (vous voyez la douille arriver ?), Clay Bennett. Cet homme voulait amener son équipe dans sa ville afin de lier l’utile à l’agréable comme dirait l’autre. Entre les résultats qui n’étaient pas terribles et les difficultés financières, le club n’avait pas réuni assez d’argent pour pouvoir s’offrir une nouvelle salle et ainsi remplacer la vieille KeyArena. C’est donc la NBA, le 18 avril 2008, qui accepta le déménagement de la franchise (les propriétaires des clubs votent par 28 à 2 en sa faveur). Le changement est officiel le 2 juillet 2008, les Sonics ne sont plus, place au Thunder, nouvelles couleurs, nouveaux maillots, nouvelle salle, nouveau tout. Cependant la NBA a souhaité garder le nom SuperSonics ainsi que les couleurs du club dans l’optique de réimplanter une franchise dans la ville de Seattle, chose que l’on attend depuis plus d’une décennie. Il n’y avait qu’à voir l’euphorie des habitants pour un match de pré-saison organisé le 5 octobre 2018 entre les Kings et les Warriors de… Kevin Durant pour constater que la ville regrette toujours autant sa franchise.

Maillots retirés au plafond de la KeyArena

• #1 : Gus Williams, le 26 mars 2004
• #10 : Nate McMillan, le 24 mars 1999
• #24 : Spencer Haywood, le 26 février 2007
• #32 : Fred Brown, le 6 novembre 1986
• #43 : Jack Sikma, le 21 novembre 1992
• “The Voice” aka Bob Blackburn (speaker), en 2008

Palmarès à la KeyArena

• Champions de Conférence (1978 et 1996)
• Champions de Division (1994, 1996, 1997, 1998 et 2005)
• Meilleur bilan : 64-18 (1996)
• Pire bilan : 20-62 (2008)

La suite

En 2017, un groupe de promoteur a comme projet de rénover la KeyArena pour la rendre plus moderne pour permettre d’accueillir à nouveau une franchise NBA. Le coût de ce projet est d’environ 930 millions de dollars. La salle devrait ouvrir en fin d’année 2021 avec comme premier locataire, une franchise de NHL, la ligue nationale de hockey sur glace. En 2020, le patron d’Amazon, Jeff Bezos, achète les droits de naming et choisit de rebaptiser l’enceinte la Climate Pledge Arena pour servir de “rappel régulier qu’une action pour lutter contre le changement climatique est urgemment nécessaire”. Bezos a également annoncé vouloir que l’arène soit la première salle certifiée zéro carbone dans le monde alors que la patinoire devrait être constituée à partir d’eau de pluie, ce dont la Cité Émeraude ne manque pas.

Il ne faut pas perdre espoir, peut-être assisterons-nous à une expansion de la Ligue dans les années à venir ce qui permettrait aux SuperSonics de refaire leur apparition, on sait très bien que les habitant de Seattle ne sont pas les seuls à vouloir assister à ce spectacle.

Source image : YouTube/ESPN