Le Bradley Center : ancien terrain de jeu des Bucks

A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction le Wisconsin et plus particulièrement Milwaukee, pour une visite guidée du Bradley Center qui accueillait les Bucks entre 1988 et 2018.

La fiche

  • Dernier nom : BMO Harris Bradley Center
  • Ancien nom : Bradley Center
  • Adresse : 1001 North Fourth Street
  • Ville : Milwaukee, Wisconsin
  • Date d’ouverture : 1 octobre 1988
  • Date de fermeture : 25 juillet 2018
  • Démolition : 31 mai 2019
  • Capacité : 18 717 personnes
  • Propriétaire : Bradley Center Sports and Entertainment Corporation
  • Surnom : The Bank
  • Successeur : Fiserv Forum depuis 2018

Histoire

Construit dans l’optique d’offrir un plus grand nombre de places aux spectateurs ainsi que d’améliorer les infrastructures présentes dans l’US Cellular Arena (domicile des Bucks entre 1950 et 1988), le Bradley Center est planifié en 1985. En construction à partir du 20 octobre 1986, il sera officiellement ouvert le 1er octobre 1988 pour une somme totale de 90 millions de dollars. Outre les Bucks de la NBA, les colocataires sont nombreux. On y retrouve les Admirals (hockey sur glace), les Golden Eagles (club omnisports universitaire), le Wave (soccer indoor) ainsi que les Mustangs (football US indoor). Anecdote sur cette enceinte, la foule avait établi un record du monde le 20 décembre 2008 en devenant la salle de sport la plus bruyante avec 106,6 décibels, record qui aura tenu cinq années puisque ce sont les fans des Kings qui briseront ce record avec une pointe à 122,6 décibels, le 15 novembre 2013.

Pour leur premier match sur leur parquet encore neuf, les Daims recevaient les Faucons en cette soirée du 5 novembre 1988. Le match est serré entre ces deux équipes du haut de tableau et les Bucks craqueront dans le dernier quart-temps, derrière le duo composé de Dominique Wilkins et Moses Malone, auteur de 47 points. La défense de Terry Cummings, Jack Sikma et Sidney Moncrief a été mise à mal le temps d’une soirée et c’est une première défaite concédée à domicile, score final 107 à 84 en faveur d’Atlanta. Avec ce tout nouveau bâtiment, les fans ont désormais 18 717 sièges pour regarder confortablement leurs joueurs favoris contre à peine plus de 10 000 auparavant, un changement non négligeable, d’autant plus que ces 8 000 places de plus rapportent également de l’argent à la franchise. Le prix moyen d’une place entre 2012 et 2018 était de 50 dollars et sachez que si vous êtes jeunes parents, le billet est gratuit si votre rejeton a moins de deux ans, fini les soirées avec un bouquin sur l’oreiller, emmenez votre enfant voir Giannis. Du moins, à l’époque… Le parquet du Bradley Center a aussi connu quelques changements au fil du temps. Il y a d’abord eu le parquet rétro aux couleurs violettes et vertes, puis le rouge est venu remplacer le violet à la fois dans la raquette et sur le jersey. En 2014, le terrain fait peau neuve. On peut alors distinguer une forme géométrique, des losanges superposés avec un logo du daim revisité. Le vert est proéminent et le rouge n’apparaît qu’en bordure de la police d’écriture. Cette dernière est présente sous les panneaux, indiquant la ville. En 2015, ils changent à nouveau de parquet, le logo est plus agressif, la police d’écriture plus moderne et le rouge a totalement disparu. L’intitulé de la salle apparaît de chaque côté, derrière la ligne à trois-points.

Etant une enceinte multifonctions, le Bradley Center ne se repose que très rarement puisqu’entre les matchs des Bucks et des autres locataires, sans compter les autres événements culturels comme le catch et les concerts, ce sont plus de 180 évents qui se déroulent chaque année du côté de Milwaukee. Concernant le basket, l’arène a uniquement organisé le tournoi de la Great Midwest Conference en 1995. Parlons désormais records, le sniper Michael Redd planta le plus de points avec 57 unités contre le Jazz le 11 novembre 2006, Andrew Bogut goba 27 rebonds le 7 janvier 2011 face au Heat alors que ce bon vieux Ramon Sessions établit un record de passes décisives le 14 avril 2008 avec 24 caviars délivrés. Les Bucks ont joué leur dernier match au Bradley Center le 26 avril 2018 lors du Game 6 du premier tour des Playoffs face aux Celtics. Une win qui ne suffira pas puisque Milwaukee ira s’incliner au Garden lors du match couperet mais c’est toujours plus cool de dire au revoir à ses fans avec le V de la victoire.

Meilleur souvenir au Bradley Center

La franchise de Milwaukee a connu beaucoup de bonnes saisons et de nombreux moments satisfaisants, parmi eux, le match du 12 décembre 2015 qui met fin à la série de 24 victoires de suite des Warriors grâce à Greg Monroe et ses 28 points, 11 rebonds et 5 passes décisives ou encore les 55 pions de Jennings alors qu’il n’est que rookie. Mais le match qui retient notre attention n’est autre que le Game 6 des Finales de Conférences 2001. Duel au sommet entre les deux meilleurs bilans de l’Est, les Sixers, premiers, et Milwaukee, dauphins. Dans une série très disputée, les hommes de George Karl perdent coup sur coup le quatrième et cinquième match, donnant alors l’avantage à Allen Iverson et sa bande, 3 victoires à 2. Le sixième se déroule donc à la maison des Daims, le match est maîtrisé pendant la première période, allant même jusqu’à mener de 30 points pendant le troisième quart-temps mais c’était sans compter sur The Answer. Le surnom du meilleur joueur rapport taille/talent correspond alors très bien à ce qu’il va se passer. Menés de 26 points à l’entame de l’ultime période, la vendetta du combo guard sera létale, inscrivant 26 pions en 10 minutes. Heureusement pour les Bucks, l’arrière All-Star Ray Allen est bien réveillé et ne se laissera pas endormir par la performance monstrueuse de son adversaire du jour. Déjà auteur de 19 puntos consécutifs entre le premier et le deuxième quart-temps, RayRay plantera deux trois-points assassins pour assurer la victoire à son équipe, empêchant AI3 de qualifier les siens. Jesus Shuttlesworth force le Game 7 en plantant 41 pions et les Bucks ne coulent pas sous les bombes d’Iverson, auteur de 46 points à la fin du temps réglementaire, score final 110 à 100 en faveur du Wisconsin. Malheureusement, la suite n’est pas jolie jolie puisque les Bucks vont s’incliner à Philadelphie malgré 70 points du trio Sam Cassell, Ray Allen et Glenn Robinson. En revanche, voir un tel coup de chaud lors de ce Game 6 était plutôt rare, Sugar Ray aura régalé les fans ce soir-là et même si la défaite finale est amère, le duel entre les deux guards fut incroyable.

Pire souvenir au Bradley Center

La franchise n’a pas souvent déçu dans son histoire au Bradley Center, on pourrait parler des différents échecs en Playoffs mais nous avons décidés d’évoquer de ce match de postseason entre les Bucks et le Heat lors du premier tour en 2013. Vous l’aurez compris, Ray Allen est sur le parquet mais en tant que visiteur cette fois, portant le jersey de Miami. La série est complètement déséquilibrée mais le sniper va en profiter pour établir un nouveau record NBA. Nous sommes donc le 25 avril 2013, le Heat vient de remporter ses deux derniers matchs à la maison et se rend dans le Wisconsin pour finir la série. Malgré un début de match compliqué pour les Floridiens, le cours du match est inversé assez rapidement grâce à… l’ancien Buck, et oui ! Auteur de 13 pions dans le second quart-temps, il maintient l’équipe à une poignée de points à la mi-temps. Miami reprend l’avantage en sortie de vestiaire mais c’est le quatrième quart-temps qui nous intéresse. RayRay a déjà lâché trois bombes du parking dans le match, il égalise le record de Reggie Miller pour le nombre de threes rentrés en Playoffs. Vous savez où on veut en venir… Le match est déjà plié mais alors qu’il reste un peu plus de huit minutes dans cette rencontre, Norris Cole décale la défense, pénètre ligne de fond avant de lâcher le cuir à Allen. Seul dans le corner il dégaine et comme contre les Spurs lors du Game 6, ça fait ficelle. Cette dernière est loin d’être anecdotique puisque c’est donc le 321ème tir à trois points rentré en carrière, signifiant alors qu’il vient de reléguer Reggie à la deuxième place du classement all-time. La légende du multiple All-Star s’écrit un peu plus, tout ça sous les yeux de son ancienne maison, probablement dégoûtée de le voir jouer ailleurs qu’au Bradley Center. Pour couronner le tout, les Heatles vont les balayer lors de la quatrième manche. Ce record est tombé en 2019, Stephen Curry trône désormais à la première place et son coéquipier Klay Thompson n’est qu’à 11 tirs de le dépasser également. Les Splash Bros sont infernaux, ils n’ont aucun respect pour les anciens.

Maillots retirés au plafond du Bradley Center

  • #1 : Oscar Robertson, le 18 octobre 1974
  • #2 : Junior Bridgeman, le 17 janvier 1988
  • #4 : Sidney Moncrief, le 6 janvier 1990
  • #10 : Bob Dandridge, le 7 mars 2015
  • #14 : Jon McGlocklin, le 10 décembre 1976
  • #16 : Bob Lanier, le 4 décembre 1984
  • #32 : Brian Winters, le 28 octobre 1983
  • #33 : Kareem Abdul-Jabbar, le 24 avril 1993

Palmarès au Bradley Center

  • Champions de Divison (2001)
  • Meilleur bilan : 52-30 (2001)
  • Pire bilan : 15-67 (2014)

La suite

Le Bradley Center fermera ses portes en juillet 2018 avant d’être démolit le 31 mai 2019. Le palmarès est sans aucun doute plus prestigieux dans l’ancienne salle de Milwaukee mais celle-ci reste un havre de bons moments pour la franchise du Wisconsin. Désormais logés au Fiserv Forum depuis la saison 2018-19, les joueurs donneront le maximum pour venir y accrocher une bannière de champion, titre attendu en ville depuis 1971.

Les fans peuvent être soulagés, la nouvelle salle des Bucks assurera le spectacle avec en guest le Grec Giannis Antetokounmpo, MVP et l’un des meilleurs joueurs sur cette planète. Peut-être arrivera-t-il à ramener le Graal à la maison. L’avenir semble rayonnant, si ce dernier ne tourne pas le dos à l’équipe…

Source image : YouTube/Milwaukee Bucks