Doc Rivers peut-il être l’homme de la situation aux Bucks ?

Le 17 oct. 2024 à 14:10 par Thibault Mairesse

Doc Rivers 19 février 2024
Source image : YouTube

Doc Rivers fut le nouvel homme du banc des Bucks la saison dernière. Après cinq premiers mois décevants, il va connaître son premier exercice plein avec Milwaukee. De quoi mettre en place quelque chose d’intéressant ? On attend de voir, mais on émet certaines réserves.

Une première année compliquée

Doc Rivers a débarqué dans le Wisconsin en janvier 2024 en succession d’Adrian Griffin, prenant les rênes d’une équipe qui vivait une saison particulière. Damian Lillard était arrivé à Milwaukee et malgré un joli bilan de 30 victoires pour 13 défaites avant le limogeage d’AG, cela ne tournait pas rond chez les Bucks. Entre défense aux abois et des joueurs qui n’étaient pas sur la même longueur d’onde que Griffin, un changement s’est imposé le 26 janvier 2024. Ce qu’on pourrait qualifier du jour où tout a basculé, pour rendre hommage à l’un des meilleurs produits télévisuels français.

Les premiers mois sous Doc Rivers ont été plutôt compliqués à l’image de cet horrible enchaînement de 7 défaites en 10 matchs pour débuter son aventure avec les Daims. Grâce aux travaux de son prédécesseur, il a pu être coach au… All-Star Game. Puis, il a eu le droit à la petite pique envoyée par J.J. Redick pendant le All-Star Break. Le nouveau coach des Lakers – alors analyste – reprochait au Doc de toujours se trouver des excuses sans se remettre en question. On ne peut pas dire que l’ancien sniper des Clippers ait tort.

La preuve en Playoffs.

Malgré de vrais progrès sur le plan défensif, le Doc a vu son équipe être éliminée dès le premier tour des Playoffs NBA par les Pacers (4-2), même si les blessures de Giannis Antetokounmpo mais aussi Damian Lillard ont été l’une des grandes raisons de ce fail.

Une équipe qui vise les sommets

Pour le Media Day fin septembre, Doc Rivers s’est pointé avec ses gros sabots – et sa grosse voix – pour nous annoncer de but en blanc qu’il avait le meilleur groupe depuis les Celtics de 2008. Personne ne lui a demandé de comparer ses Bucks à qui que ce soit, mais il va falloir assumer maintenant.

Doc Rivers : « Cette équipe est la plus proche de l’équipe que j’ai eue à Boston. »

J’imagine qu’il parle de 2008, parce que s’il parle de 2006 on est mal barrés.

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) September 30, 2024

Il a aussi mentionné que les blessures seraient son plus gros challenge. L’animal n’est pas fou, il commence déjà à placer ses billes au cas où il lui arrive un malheur à cause de la santé de ses joueurs. Néanmoins, il est vrai que les Bucks ont souvent été plombés par les pépins physiques ces dernières saisons. Donc allez, ça passe.

Pour viser les sommets, il faut une équipe qui suive et le mercato de l’été des Bucks n’a pas été des plus convaincants. Certes, il y a eu les arrivées de Gary Trent Jr., Taurean Prince et Delon Wright, des vétérans respectés qui peuvent contribuer aux côtés de Lillard et Giannis. C’est une bonne chose d’avoir recruté ces gars-là au vu des très faibles ressources que possédait Milwaukee, mais est-ce que ce recrutement peut révolutionner quoi que ce soit dans le Wisconsin ? Permettez-nous d’en douter. Cela risque d’être compliqué de chatouiller les Knicks avec Karl-Anthony Towns et Cie, les 76ers renforcés par Paul George ou les Celtics, champions en titre.

En clair, dans l’effectif des Bucks, rien ne les met sur les sommets de l’Est malgré la présence du Greek Freak et de Dame D.O.L.L.A.. Damian Lillard va faire sa deuxième année à Milwaukee après une première saison compliquée à cause d’un changement de cadre et d’une situation personnelle compliquée. C’est peut-être son retour, aussi bien mentalement que physiquement, qui peut apporter le plus de choses à Milwaukee.

Quelles rotations pour le Doc ?

Le Doc est têtu. Ça, on ne peut pas lui enlever. Quand il a une rotation en tête, il s’y tient. La dernière fois qu’on l’a vu bouleverser ses plans, Michael Jackson était encore de ce monde. Bonne nouvelle pour lui, moins pour les fans des Bucks, Mister Choke n’a pas 1 001 options sur son banc. Derrière Bobby Portis qui prendra encore une fois le rôle de sixième homme, il y a des vétérans respectés mais pas exceptionnels (Prince, Wright, Trent Jr., Pat Connaughton) et des jeunes très inexpérimentés qui n’auront probablement pas beaucoup de minutes.

Le seul joueur qui peut tirer un vrai bénéfice de cette situation, c’est AJ Green. C’est un bon petit shooteur, agressif sur l’homme, mais il doit sérieusement passer un cap pour être une pièce vraiment essentielle du banc de Milwaukee. Doc Rivers mise beaucoup sur lui. C’est l’un des jeunes qu’il a le plus mis en avant. Symbole de la confiance qu’il lui voue. Avec un rôle plus important, en sortie de banc, il peut pas mal apporter aux Bucks.

Les inquiétudes concernant la profondeur et les rotations des Bucks sont accentuées par les problèmes de blessures qu’ont pu connaître Khris Middleton, Damian Lillard et même Giannis Antetokounmpo (en Playoffs). Si l’un ou plusieurs membres du Big Three passent par l’infirmerie, ça risque de vite s’en ressentir.

Doc Rivers : un bon meneur d’hommes et c’est tout ?

À défaut d’être un très bon coach, Doc Rivers est un bon leader d’hommes. À l’image de ce qu’il a pu faire à l’époque où il officiait chez les 76ers ou les Clippers, le roi des “come on guys” a délocalisé le camp d’entraînement. Direction la Californie pour les Daims afin de cimenter un groupe qui en a bien besoin. Cela peut être bien pratique quand vos deux superstars Damian Lillard et Giannis Antetokounmpo n’ont pas joué ensemble de tout l’été. Même si les deux All-Stars affirment être sur la même longueur d’onde.

“Nous n’avons pas travaillé ensemble physiquement, non. Je devais aller en Grèce, j’étais prêt à y aller, mais ils ont commencé le camp d’entraînement pour se préparer pour les Jeux olympiques donc je n’y suis pas allé. Mais je me sens définitivement plus sur la même longueur d’onde que lui désormais, plus que l’année dernière. […] Je connais bien mieux son jeu désormais, nous n’avons pas à refaire ce ‘process’ de nouveau.” – Damian Lillard sur sa relation avec Giannis

Cette belle colonie de vacances peut créer une meilleure ambiance dans le vestiaire, mais on n’est pas certain que cela soit véritablement efficace sur le terrain. Le pouvoir de l’amitié n’a jamais fait gagner une bague à qui que ce soit.

Avant Doc Rivers, Mike Budenholzer avait aussi délocalisé un camp d’entraînement pour débuter la saison victorieuse de 2021. Sauf que, contrairement à l’actuel coach des Bucks, le Bud avait une philosophie de jeu bien mieux définie. Pour Doc Rivers, mise à part crier pendant les temps-morts et suer à grosses gouttes en conférence de presse, on a toujours du mal à définir un style bien à lui.

Autre point, Doc Rivers devra faire face au challenge de la continuité chez les Bucks. Depuis son arrivée, entre les blessures et les différents ajustements, Milwaukee a remporté seulement 18 des 38 matchs disputés. Un ratio digne d’une équipe de Play-In à l’Est. Il vaut mieux pour son poste et pour la santé mentale de tous les fans de Milwaukee que les Bucks fassent mieux cette saison parce que sinon l’année peut vite devenir très longue. À son avantage, et comme on l’a dit plus haut, Doc Rivers a pu bénéficier d’un camp d’entraînement complet pour tenter de mettre en place ses principes, à voir si ça va faire une différence.

En clair, comme à chaque fois quand on parle d’une équipe de Doc Rivers, la saison démarre sans beaucoup de certitudes. Rendez-vous en mai pour voir comment il va se débrouiller pour perdre – encore une fois – une avance de 3-1 en Playoffs ?


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