Flashback : Stephen Curry, premier MVP unanime de l’histoire de la NBA

Le 10 mai 2024 à 13:23 par Julien Vion

Stephen Curry Golden State Warriors 10 mai 2024
Source image : YouTube

La saison NBA 2015-16 est mythique à plusieurs égards. Cette année-là, le niveau individuel atteint par Stephen Curry, dans l’équipe la plus victorieuse de l’histoire, reste inédit. Le meneur devient le premier MVP élu à l’unanimité, et change définitivement la manière dont des millions de personnes jouent au basket.

En NBA, qu’est-ce qu’un MVP ? Pour certains, le meilleur joueur. Pour d’autres, un équilibre instable entre niveau individuel, bilan collectif et impact qui se mêlent dans la définition de “valuable”. Mais depuis le premier trophée décerné lors de la saison 1955-56, aucun joueur n’est parvenu à être désigné à l’unanimité.

Aucun, sauf Stephen Curry en 2015-16, récoltant 131 voix sur 131 possibles. Dans le dossier Trashtalk du jour, l’objectif est de comprendre comment atteindre une telle perfection. Enfilez vos plus beaux tabliers, et aux fourneaux.

Chef Curry, la recette de l’unanimité.

Temps de préparation : 82 matchs (ou un peu moins selon le load management).

Ustensiles nécessaires : une casserole, deux poêles, un mixeur, un meneur de jeu d’1m88, une ballon de basketball et une confiance en soi extraordinaire. Peu aider si vous disposez d’une bonne dose de curry dans votre cuisine.

Cuisson : à feu (très) élevé. L’usage de gants est recommandé. À réaliser en présence d’un adulte.

Niveau de difficulté : ultime.

Liste des ingrédients

On le concède, la liste des ingrédients nécessaires à la préparation est plutôt complexe. Impossible de les trouver dans Carrefour Contact du coin de la rue, on touche à des épices qui se vendent à prix d’or.

D’abord, un effectif produit sous le soleil de la baie d’Oakland pendant plusieurs années. Klay Thompson et Draymond Green en tête, les Warriors sont jeunes mais se connaissent bien. Quelques vétérans, dont Andre Iguodala, pour amener un peu d’expérience, et le supporting cast est complet. Pour diriger le tout, Steve Kerr, coach rookie qui débute en 2014, adepte d’une philosophie de jeu on ne peut plus rapide.

Au milieu de tout ce beau monde, Stephen Curry. Le meneur de jeu, drafté en 7e position à la Draft 2009, gère le tempo de cette formidable équipe surprise. 67 victoires en 2014-15, couronné MVP de la saison régulière pour la première fois dans la foulée, et les Warriors décrochent même la bague face aux Cleveland Cavaliers de LeBron James. Difficile de faire mieux ?

“The dream season is now complete. The Golden State Warriors are 2015 NBA Champions!”

The MOMENT the Dubs brought the Larry O’Brien Trophy back to The Bay for the first time in 40 years 🏆#TeamDay | #DubNation pic.twitter.com/gMD51EVAfs

— Golden State Warriors (@warriors) August 2, 2019

Avec un tel groupe, un immense momentum et une leader qui est à parfaite maturité, tout est réuni pour préparer le chef-d’œuvre. Et ça ne rate pas.

Un scoring dantesque, supplément sauce Curry

Pour capturer un goût unique, il faut d’abord saisir la viande. Plaques de cuisson niveau maximum, 40 points, 6 rebonds, 7 passes et 2 interceptions pour démarrer la saison face aux Pelicans. Bonjour, bienvenue. Quatre jours plus tard, la première explosion à 53 points avec un 8/14 du parking face à… ces mêmes Pelicans. Rebonjour. Si ça fume et que vous avez un peu peur pour votre kitchenette, ne vous en faites pas c’est normal.

Au total, le Chef fournit 26 rencontres à plus de 35 unités et s’adjuge le titre de meilleur marqueur de la saison (30,1 points de moyenne). Ni LeBron James, Kevin Durant ou James Harden ne peuvent le concurrencer cette année-là. On mentionne à peu les fresques 7 passes de moyenne qui vont avec.

En cause, Stephen Curry livre la plus grande saison à trois-points de tous les temps. Pour les moins familiers avec le bonhomme, on parle du meilleur shooteur de l’histoire de ce sport. En 79 rencontres disputées cette année-là, il marque 402 paniers derrière l’arc, record absolu. En catch-and-shoot dans le corner, après quinze dribbles entre quatre défenseurs ou du milieu du terrain, rien n’est impossible. Surtout, Steph affiche une réussite à 45,4% qui relève presque de l’inimaginable à un tel volume. La compilation dure 44 minutes, tout juste le temps de laisser reposer le plat à l’air libre.

L’ingrédient secret, sans utiliser de temps-mort

Pour déposer une magnifique cerise de Montmorency sur ce délicieux plat sucré-salé, il ne manque plus qu’un chef-d’œuvre. Un moment qui nous fait sursauter sous les coups de 5h du matin, jusqu’à nous faire remettre en cause le sens de rotation de la terre.

Le 27 février 2016, les Warriors se déplacent dans l’Oklahoma pour un choc face au Thunder de Kevin Durant et Russell Westbrook. Ce n’est pas s’enflammer que d’affirmer que la rencontre est un des plus grands matchs de l’histoire de la saison régulière. Durant (37 points, 12 rebonds, 7/11 à trois-points) et Westbrook (26 points, 7 rebonds, 13 passes décisives) donnent du fil à retordre aux champions en titre, et s’accrochent à leur avance dans le quatrième quart-temps. Mais Golden State, qui n’a perdu que 5 matchs à ce moment-là de la saison, peut remercier un Curry au sommet de son art. Avec une adresse affolante, il multiplie les paniers dans un match qui se règle en prolongations.

Russell Westbrook manque le tir de la gagne et Andre Iguodala récupère le rebond avec 7 secondes sur l’horloge. Stephen Curry récupère la balle, aucun temps mort n’est appelé, et il… dégaine plusieurs mètres avant la ligne. Le “BANG – BANG” de Mike Breen devient aussi iconique que le shoot. Une ogive pour game winner, qui est par ailleurs le 12e trois-points de la soirée du meneur, record All-time égalé. 46 points au total, le gruyère fondu sur le gratin.

“BANG! BANG! OH WHAT A SHOT FROM CURRY!”

7 years ago today.

Never gets old. pic.twitter.com/y3rQ4r0UoW

— NBA History (@NBAHistory) February 27, 2023

Une saison à déguster sans modération

La fin de saison est motivée par la quête du meilleur bilan collectif de tous les temps, détenu par les Chicago Bulls de Michael Jordan en 1995-96 (72 victoires). Les Golden State Warriors, et leur rythme effréné, atteignent la barre des 72 avec une rencontre restante. Il ne s’agit plus que de battre les Memphis Grizzlies. Stephen Curry termine comme il avait commencé, et envoie 6 bombinettes rien que dans le premier quart-temps (10 au total). 46 points au final, meilleur bilan décroché, et la discussion pour le MVP n’en est déjà pas une. Le meneur a remporté 71 des 79 matchs qu’il a disputé en 2015-16, dans une équipe record des Warriors en 73-9.

Statistiquement, le niveau est exceptionnel. 30,1 points, 5,4 rebonds, 6,7 passes, 2,1 interceptions… le tout avec plus de 50% au tir, 40% de loin et 90% aux lancers, devenant le premier jouer à passer la barre des 30 points de moyenne en 50/40/90. On en oublie presque les 402 bombes rentrées, ou le titre de meilleur intercepteur de la ligue. L’unanimité vient consacrer cette saison de légende. Kawhi Leonard, deuxième du classement, avait pourtant des arguments. Défenseur de l’année chez des San Antonio Spurs à 67 victoires cette année-là, il n’a pourtant reçu… aucun vote de première place.

Three years ago today, Steph Curry became the first unanimous MVP in NBA history.

◻️ 30.1 PPG | 6.7 AST | 50.4 FG%
◻️ Single-season 3s record
◻️ Scoring champ
◻️ 50/40/90 club
◻️ Steals leader
◻️ 73 wins pic.twitter.com/61O7HHrjzJ

— Bleacher Report (@BleacherReport) May 10, 2019

Mais la legacy de Steph Curry, c’est ce jeu complètement inédit qui influence toute la décennie suivante. Chaque équipe réalise l’importance du tir extérieur, et la sélection de tir en NBA évolue à un rythme frénétique. Le plat est prêt à être dégusté, vous pouvez appeler la petite famille et vous mettre à table. Pas besoin d’assaisonner plus que nécessaire, et surtout bon appétit.

Désolé à LeBron James, Shaquille O’Neal ou Michael Jordan qui ont raté l’unanimité pour une ou deux voix. Mais le seul MVP unanime de l’histoire de la NBA, c’est Stephen Curry lors de la saison 2015-16. Miam.

Source texte : Basketball Reference


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