Le faible salaire de Caitlin Clark en WNBA choque la planète basket
Le 17 avr. 2024 à 17:18 par Benoît Carlier
Premier choix de la Draft WNBA 2024, Caitlin Clark débutera sa carrière professionnelle avec le Fever de l’Indiana le 15 mai prochain. Les tickets pour voir la phénomène de l’Iowa s’arrachent et la hype n’a jamais été aussi forte dans la ligue féminine américaine. Une hype en complet décalage avec le salaire que touchera la first pick.
Sans rentrer dans le jeu foireux des comparaisons, Victor Wembanyama a touché 12,1 millions de dollars dans le cadre de la première saison de son contrat rookie chez les Spurs. En WNBA comme en NBA, la grille des salaires des nouveaux arrivants est déterminée par le CBA (Collective Bargaining Agreement) et se réajuste automatiquement chaque année en fonction des revenus générés par la Ligue qui dépendent eux même en grande partie des droits TV. Wemby n’a donc pas eu à négocier avec la franchise de San Antonio, son statut de numéro 1 de la Draft NBA 2023 lui assure un contrat de 55 millions de dollars sur quatre ans avec une team option sur les deux dernières saisons.
Chez les femmes, l’arrivée de nombreuses joueuses populaires (Caitlin Clark, Cameron Brink, Angel Reese) pourrait permettre à la WNBA de doubler les revenus des droits télé lors de la prochaine négociation des droits TV en 2025 selon la commissionaire, Cathy Engelbert. Une autre manière de développer la Ligue consiste à ouvrir de nouvelles franchises dans de nouveaux marchés comme San Francisco et à augmenter le nombre de matchs joués chaque saison. On pourrait donc voir augmenter significativement les salaires WNBA à l’avenir.
Maintenant, voici le salaire que touchera Caitlin Clark en WNBA :
- Saison 2024 : 76 535 dollars
- Saison 2025 : 78 066 dollars
- Saison 2026 : 85 872 dollars
- Saison 2027 : 97 582 dollars
Pas la peine d’avoir fait maths sup pour comprendre que ce talent générationnel touchera moins en quatre ans (338 056 dollars) que ce que reçoivent Stephen Curry, Kevin Durant ou LeBron James en un match. Ces dernières heures, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer une rémunération en dissonance totale avec le talent et l’impact de la jeune femme sur sa nouvelle franchise et sur la ligue dans son ensemble.
Women in sports continue to push new boundaries and inspire us all.
But right now we’re seeing that even if you’re the best, women are not paid their fair share.
It’s time that we give our daughters the same opportunities as our sons and ensure women are paid what they deserve.
— President Biden (@POTUS) April 16, 2024
“Le sport féminin continue de repousser les limites et nous inspire tous.
Mais nous avons maintenant la preuve que même si vous êtes la meilleure, les femmes ne sont pas payée à leur juste valeur.
Il est grand temps que nous donnions les mêmes opportunités à nos filles qu’à nos fils et que nous nous assurions que les femmes soient payées comme elles le méritent.”
Quand le Président des États-Unis d’Amérique se met à tweeter sur du sport avec son @POTUS, on sait qu’il se passe quelque chose de spécial. Cela prouve d’ailleurs bien la portée des performances de Caitlin Clark qui a battu tous les records sur les parquets universitaires pendant quatre ans. Toujours pas convaincu ? La finale de la March Madness entre Iowa et South Carolina a été suivie par 18,7 millions de téléspectateurs aux States. C’est tout simplement un record d’audience pour un match de basket depuis 2019 (hommes et femmes confondus). Le King en personne s’est assuré de faire monter les derniers retardataires dans le train.
If you don’t rock with Caitlin Clark game you’re just a FLAT OUT HATER!!!!! Stay far away from them people!! PLEASE
— LeBron James (@KingJames) April 7, 2024
Autres preuves de la Clarkmania ? Le Fever croule sous les demandes d’abonnements et les prix vont doubler cette saison dans l’Indiana. De leur côté, les Aces de Las Vegas ont carrément prévu de délocaliser leur confrontation avec l’équipe de Caitlin Clark dans la T-Mobile Arena pour pouvoir accueillir près du double de personnes dans les tribunes pour ce match de saison régulière exceptionnel et le numéro 22 du Fever était en rupture de stock sur le site de Fanatics moins d’une heure après la Draft.
Caitlin Clark profite déjà un peu de cette visibilité grâce aux contrats de sponsoring qu’elle a signé avec des marques puisqu’elle touchait 3,1 millions de dollars la saison dernière selon Fortune. Une somme qui fait passer son futur contrat pro comme dérisoire à son échelle.
Le sujet des salaires ne date pas d’hier et de nombreuses joueuses WNBA ont déjà fait savoir leur mécontentement à l’instar de Skylar Diggins ou Brittney Griner. En WNBA, le salaire moyen était de 113 295 dollars en 2023 contre 9,7 millions de dollars en NBA soit 85 fois plus. Les trois joueuses les mieux payées de la ligue féminines gagnaient 241 984 dollars contre 51 915 615 pour Stephen Curry. Certaines mascottes de franchises NBA sont mieux payées que l’élite du basket féminin (oui, on parle de toi, Rocky the Mountain Lion). La star de NFL, Russell Wilson, réclamait aussi une meilleure considération pour les femmes athlètes.
These ladies deserve so much more…
Praying for the day 🙏🏾🙏🏾🙏🏾 l https://t.co/mIZmaXwPVi
— Russell Wilson (@DangeRussWilson) April 16, 2024
Avec ses deux millions d’abonnés sur Instagram et des highlights visionnés par des centaines de millions de personnes à travers le monde, Caitlin Clark est devenue plus qu’une joueuse de basketball. La nouvelle professionnelle ne s’est pas encore exprimée sur le sujet mais elle a une opportunité unique de faire bouger les lignes. Et on ne parle pas de 3-points.
Sources : Sports Pro Media, Fortune, Spotrac, NBC News