Anthony Edwards (Wolves), le chemin vers les sommets passe par le cercle !
Le 28 févr. 2024 à 17:29 par Nathan Maguer
Anthony Edwards vit clairement une année spéciale. All-Star ? Il l’a déjà été la saison dernière, mais cette fois-ci, sa présence ne doit rien à… l’absence de quelques autres. Sa place il l’a directement reçu, et il est passé par la grande porte de la Gainbridge Fieldhouse d’Indianapolis. Ant fait désormais partie des meilleurs arrières de la Ligue mais… comment faire pour être LE meilleur ? Comment faire pour passer ce cap ? Comment rentrer dans la stratosphère ? Dans le rang des, allez, cinq meilleurs joueurs du monde ? C’est de ça dont on parle aujourd’hui avec le numéro 1 de la Draft 2020, et on va tenter d’y apporter une réponse en deux mots : efficacité, et drive.
Commençons par le commencement, Anthony Edwards a progressé. Il a même beaucoup progressé, notamment dans ce domaine très important pour les scoreurs : j’ai nommé l’efficacité.
Lors de sa première saison en 2020-21, il était carrément inefficace avec 91 de TS+ soit 9% de moins que la moyenne NBA.
True Shooting (TS) : la stat de la vérité vraie, basée sur un indice moyen de 100, pour juger de l’efficacité d’un joueur
Pas de panique, ce défaut est récurrent pour les jeunes joueurs avec beaucoup de ballons entre les mains. La vraie question derrière, c’est “est-ce qu’il a réussi à devenir meilleur”. La réponse est oui, puisqu’il est aujourd’hui au-dessus de la moyenne pour la première fois de sa jeune carrière. Doucement hein, on est seulement à 101 de TS+, mais ça le rend tout de suite beaucoup plus intéressant à utiliser.
Le secteur du jeu où Anthony Edwards est le plus impressionnant, c’est lorsqu’il va finir au panier. ANT a vraiment le potentiel pour devenir absolument élite dans ce domaine. Premièrement, c’est un athlète qui peut se rapprocher de la catégorie des freaks. 1m93, 100 kilos, et un premier pas qui lui fait très souvent passer l’épaule. Il est très rapide et, deuxièmement, il maîtrise à la quasi perfection son corps en l’air. C’est flagrant à quel point il ne part pas dans tous les sens une fois qu’il a sauté, indispensable pour bien finir. On est vraiment ici sur un profil de félin… mais un félin plus impressionnant qu’un KAT tout de même, tant qu’à causer chatons. Par exemple, Edwards peut envoyer des euro-steps dévastateurs en étant hyper bondissant tout en gardant cette aisance dans les airs.
Anthony Edwards just lost three separate people on this drive and finish
One of the cleanest euros you’ll see pic.twitter.com/REttAtDCda
— Wolves Lead (@TWolvesLead) February 14, 2024
Un autre exemple ici face aux Nets en fin de match, où il provoque un and-one, puis l’énergie qui le caractérise avec le chambrage en prime. Classic.
Plus récemment, on peut aussi utiliser le match face aux Spurs. Tranquille quoi, juste beaucoup trop rapide pour Jeremy Sochan et hop, ça dépose la balle gentiment sur la planche. Ici, pas de rotation de Wemby mais même quand c’est le cas, il est assez explosif pour monter très haut et finir. La dynamite dans les mollets, c’est bien utile. Ici Rudy est sur le terrain, mais les Wolves peuvent aussi créer tout l’espace nécessaire. La présence de Naz Reid permet par exemple d’avoir un spacing incroyable quand il est couplé à Karl-Anthony Towns. Le paradis pour un joueur comme Anthony Edwards, qui peut alors faire parler tout son talent.
Le mieux, c’est que ce n’est pas tout le temps du 1 contre 1. Attention, il en est parfaitement capable, on l’a vu, on le sait, là-dessus rien à dire. Mais Chris Finch utilise aussi sa vitesse pour l’utiliser déjà lancé. Par exemple, au lieu de prendre l’écran balle en main, il fait d’abord la passe à Rudy qui lui redonne via un main à main alors que le numéro 5 est déjà en mouvement. Bonjour le cauchemar pour les défenseurs… Les Wolves lui font aussi des écrans pour le faire remonter en sortant du corner. Il a donc déjà un décalage et on est sur le même mécanisme infernal, comme ici contre les Clippers. Notez l’élégance et le contrôle en l’air pour finir main gauche.
Mais alors pourquoi on en parle ? Et beh PARCE QU’IL NE LE FAIT PAS TOUT LE TEMPS, PAS ASSEZ. On pense notamment à ces actions où il s’entête à prendre des pull-ups à 3-points alors qu’il peut faire mieux, c’était déjà une faiblesse au moment de sa draft et on retrouve donc des bribes de ce “souci” aujourd’hui. Antoine Edouard utilise beaucoup le mi-distance… alors que ce n’est pas un si bon shooteur que ça. 40% des shoots de l’arrière de Minny sont pris dans cette zone intermédiaire, dont 15% sont des tirs “longs mi-distances”. Le tout alors qu’il n’est qu’à 38% au shoot, soit autant que son pourcentage à 3-points. La faute à des fade-aways souvent très compliqués et une sélection de tirs qui doit encore s’améliorer.
Pour comparer, il est à 70% de réussite lorsqu’il monte au cercle, ce qui est très bon, tout simplement dans le Top 20 des meilleurs joueurs à son poste au niveau de la finition au panier. C’est d’ailleurs en partie cela qui explique son augmentation d’efficacité puisqu’il était à 64% l’année dernière et 59% dans son année rookie. Mais comme on l’a dit, il progresse. Il fait deux drives de plus par match et est 14ème en nombre total de drives dans la Ligue. En 2022-23 ? Il était aux alentours de la 30è place. Sur les dix derniers matchs, ce nombre est carrément monté à 16,6. Même si l’échantillon est petit, ça montre qu’il en est capable. Le résultat, c’est aussi qu’il provoque plus de lancers : 6,6 contre 5,3 en 22-23. C’est vrai qu’il râle beaucoup, il râle énormément, mais pour être honnête, on peut le comprendre – contrairement à Luka Doncic et cela est une belle balle perdue – car pas mal de fois, Anthony mériterait bien son and-one… En parallèle, il a également amélioré son pourcentage. Le résultat ? 1,7 point de plus avec exactement le même nombre de tirs pris par matchs.
Quand on voit sa capacité à finir au cercle, il est parfois dommage de le voir s’arrêter à mi-distance, même s’il reste capable de mettre ces tirs. Et oui, quand il les rentre c’est formidable mais c’est à double-tranchant. Contre les Nets samedi dernier, par exemple, il arrive à passer Mikal Bridges et en face de lui on retrouve Cam Thomas, Dennis Schröder et Dorian Finney-Smith. Au pire c’est un joueur ouvert qui shoote, au mieux un accès au cercle pour lui. Mais il va décider de re-crosser tout ce qui bouge pour prendre un step-back du parking pas vraiment nécessaire. Le genre de prise de décisions à travailler pour aller flirter avec les meilleurs joueurs du monde…
Pour rajouter un peu d’enjeu à ces progrès attendus, on peut penser que le plafond de la franchise du Minnesota dépend beaucoup de lui. Et en particulier de sa capacité à devenir encore meilleur en attaque. En effet, on a déjà une équipe élite défensivement mais qui n’a que le 17è meilleur offensive rating. Un archétype d’équipe défensive qui peut galérer à scorer une fois en Playoffs… Si le franchise player de ces Wolves arrive à développer son arsenal offensif, le cas Wolves peut devenir très sérieux. Anthony Edwards a déjà une énorme gravité quand il se rapproche du cercle mais peut encore améliorer ses choix, et le passing doit aussi vraiment progresser pour pouvoir exploiter au mieux les décalages qu’il fait avec sa vitesse, explosivité et tout le package. C’est moins son profil mais on peut y croire. Vas y mon grand, va nous porter tout ça, Ant-man a un grand pouvoir… qui implique de grandes responsabilités !
Les Wolves jouent le titre ! ou… Les Wolves jouent le titre ? Faites votre choix, nous on en a parlé dans un apéro aujourd’hui. Une chose est sûre, le futur de cette franchise passera par Anthony Edwards qui – bonne nouvelle pour les Loups – peut et va encore progresser !
Source texte : Cleaning the Glass, Basketball référence, NBA Stats