En l’absence de Marcus Smart, qui sera le patron émotionnel chez les Celtics ?
Le 19 oct. 2023 à 16:34 par Clément Hénot
De sa Draft en 2014 à son transfert, Marcus Smart a incarné à merveille le cœur et l’âme de Boston, là où la défense, le collectif et le don de soi passent avant tout le reste. Neuf ans à se mettre au service de son équipe et de sa ville. Malheureusement, aujourd’hui, le numéro 36 est parti à Memphis et laisse un vide immense chez les Celtics. C’est une très grosse perte pour les Verts, qui vont devoir trouver son remplaçant en terme de leadership émotionnel.
Pour mettre la main sur Kristaps Porzingis, cible de longue date du board bostonien, les C’s ont dû lâcher du lourd. Initialement, c’est Malcolm Brogdon qui devait prendre la direction de Los Angeles et atterrir chez les Clippers, mais le deal a capoté et il a fallu le repenser. Dans ce nouveau trade à trois équipes entre Celtics, Grizzlies et Wizards, les Verts ont dû lâcher une contrepartie de taille.
Cette contrepartie, c’est Marcus Smart, le fameux numéro 36, le fidèle soldat de cette armée verte et véritable poumon de cette équipe, qui a été envoyé à Memphis. Point d’ancrage de la défense avec comme cerise sur le gâteau ces Finales NBA 2022 et son trophée de meilleur défenseur la même année (à Memphis, il rejoint d’ailleurs Jaren Jackson Jr., son successeur), il sait aussi faire entendre sa voix quand ça vacille. Smart est un leader par les mots et par l’exemple, n’hésitant pas à se mettre en travers de quiconque pour provoquer des passages en force voire de flopper jusqu’à être tourné en ridicule.
Mais ça, Marcus Smart s’en fout, il veut juste gagner, peu importe les moyens utilisés pour cela. Il a également tout connu à Boston et a longuement représenté l’image et les cojones de cette franchise, au point que certains pensent qu’il s’est teint les cheveux en vert en hommage à cette culture bostonienne (NDLR : c’est en hommage à sa mère décédée, qui adorait le voir teindre ses cheveux, surtout en vert). Mais aujourd’hui, Marcus Smart n’est plus là et laisse un grand vide, non seulement sur la traction arrière mais aussi dans le cœur de cette équipe et de ses fans qui regrettent déjà leur chien de garde parti sévir chez les Grizzlies. Et on se demande bien désormais qui pourrait remplir ce rôle à l’avenir. Jayson Tatum et Jaylen Brown, les deux stars de cet effectif, seront forcément attendus au tournant et leur leadership sera espéré, mais ils ne reprendront pas le rôle qu’avait Smart dans cette équipe.
On aurait pu penser à Grant Williams pour cette responsabilité, mais l’intérieur robuste a également plié bagage direction Dallas cet été. Heureusement qu’on sait rebondir à Boston, car une fois le trade de Kristaps Porzingis bouclé, Brad Stevens a travaillé dur pour essayer de trouver un successeur, et surtout, un profil similaire à celui de MS36 qui, s’il ne sera pas identique, s’en rapprocherait le plus possible. Dans le trade de Damian Lillard aux Bucks, Jrue Holiday a connu un sort similaire et a été envoyé chez les Blazers à la surprise quasi générale. La principale différence, c’est que l’ex-coéquipier de Giannis n’était que de passage à Portland, qui a souhaité le transférer dans la foulée. Holiday est donc envoyé à… Boston, où il sera le meneur titulaire. Pour la similarité des profils de joueurs, difficile de faire plus proche de Marcus Smart. Mais décryptons aussi cette comparaison au niveau extra-sportif.
Jrue Holiday, pour la petite anecdote, déclarait vouloir prendre sa retraite en tant que Buck. Tiens tiens, un peu comme… Marcus Smart, sacrée coïncidence n’est-ce pas ? En tout cas, le premier tentera de perpétuer au maximum l’héritage laissé par le second dans cette franchise, que ce soit sur le terrain ou dans le cœur des fans. Egalement très gros défenseur, Holiday peut apporter de façon beaucoup plus constante et efficace en attaque, ce qui lui a permis d’être All-Star à dix ans d’intervalle en 2013 et 2023. L’ancien meneur des Bucks est par contre bien plus discret et taiseux que le futur joueur des Grizzlies. Eternel sous-coté, Giroud Vacances peut représenter une upgrade logique en terme de niveau, mais n’a pas (encore) la même cote de popularité auprès des Celtics fans et n’est peut-être pas aussi roublard que lui. Ce qui n’est pas forcément dommageable en soi, mais c’est une adaptation à prendre en compte côté Vert, qui misait beaucoup sur la grogne de Marcus Smart et son côté vicelard.
On peut également penser à Payton Pritchard, jamais le dernier pour distribuer les coups en douce et être roublard dans son style de jeu, ou encore Derrick White, très gros défenseur n’hésitant pas non plus à donner son corps à la science, pour essayer de combler ce départ. Mais à l’instar de Jrue Holiday, leur profil n’est pas exactement le même et ne le sera probablement jamais. Quoi qu’il en soit, Boston est face à un vrai tournant, et nul doute que ce sont les efforts collectifs qui serviront d’abord à compenser au maximum cette perte qui semble à première vue irremplaçable, mais qui, en jouant les uns pour les autres et en sortant de la zone de confort, peut être contrée.
Les Celtics ont ce qu’il faut en magasin, d’autant plus avec l’arrivée de Jrue Holiday, pour conserver cet état d’esprit qui les maintient dans les hauteurs de l’Est. Toutefois, il faudra cravacher pour se maintenir à ce niveau d’exigence, en grande partie permis par Marcus Smart, celui qui a très bien incarné l’esprit de la franchise pendant près d’une décennie et qui devrait avoir un bel hommage lorsqu’il reviendra au TD Garden, pour la première fois de sa carrière en tant qu’adversaire.