P.J. Tucker en mode record face à Boston : 0 tir pris en 39 minutes, la meilleure attaque c’est la défense

Le 02 mai 2023 à 13:36 par Antoine Demaegdt

P.J. Tucker
Source image : Youtube Fanatics View Hoops

Premier bong de cette demi-finale de conférence Est entre les Boston Celtics et les Philadelphia Sixers ! Des points dans tous les sens avec des superstars au rendez-vous mais P.J. Tucker nous a donc fait la tête à toto dans le box score… Zéro pointé ou simple coïncidence ?

Première chose à noter et pas des moindres hier : l’absence de Joel Embiid. De quoi légèrement changer le visage des Sixers puisque l’attaque tourne littéralement autour de lui d’habitude. Pas de panique, James Harden a pris les clés du camion en posant une performance de MVP pour arracher la victoire : 45 points à 56% aux tirs et un magnifique 7/14 à 3-points. Des lignes de stats qui nous rappelle l’époque du dab, mais lorsqu’on check le box-score… on aperçoit une anomalie :

P.J. Tucker tonight:

37 Mins
0 PTS
0-0 FG

Most minutes in PLAYOFF HISTORY without a FGA or FTA. pic.twitter.com/E5mrIy1rYd

— EastMuse (@EastMuse) May 2, 2023

P.J. Tucker a donc battu un record NBA plutôt incongru : le plus grand nombre de minutes sans un tir tenté dans un match de Playoffs. Bon évidemment, il ne faut pas prendre les statistiques au pied de la lettre : elles cachent souvent bien plus que ce qu’elles ne montrent. On le sait tous : P.J. Tucker est un joueur d’impact à ascendance défensive. Donc a priori, ça semble absurde – voire malveillant – de juger P.J. sur cette statistique. Mais essayons tout de même d’en expliquer les causes : pourquoi Tucker n’a pas pris un tir du match ?

James Harden en mode MVP

Comme on l’a déjà dit, l’absence d’Embiid donne les pleins pouvoirs à Harden en attaque : en plus d’être responsabilisé à la création, il doit également apporter du scoring. Pour ça, Doc Rivers a mis en place un 5 Out (schéma offensif avec 5 extérieurs qui sont souvent derrière la ligne à 3-pts). Ce schéma – qui nous rappelle les années Mike D’Antoni aux Rockets – permet à Harden d’avoir pas mal d’espaces pour jouer son joueur et attaquer le cercle en obligeant la défense à s’étirer au maximum. En créant ce spacing (plusieurs menaces à 3pts), Harden a pu se régaler en montrant une fois de plus qu’il est toujours un All-Star indiscutable. Donc forcément quand Harden est aussi central, il y en a moins pour les autres.

Un manque d’ajustement tactique côté Celtics ?

Mais alors si Harden est en feu, pourquoi Boston n’a pas essayé de réagir ? C’est surement ce qui explique le plus ce record NBA de Tucker : les Celtics n’ont pas voulu le doubler en misant sur leur système défensif de Switch-All (changer de joueur en défense sur tous les écrans). L’avantage du Switch-All – lorsqu’on a le personnel défensif pour – est qu’il diminue considérablement les décalages : on mise beaucoup sur la défense sur l’homme et on coupe les potentielles lignes de passes. L’inconvénient c’est que si le porteur de balle est en plein carton, il massacre son défenseur qui ne peut pas compter sur ses collègues. Il y a eu très peu de possessions où James Harden a été doublé dans le match : il a donc continué à donner des cours de salsa gratos à toute l’équipe. Exemple ici sur la dernière possession du match :

Joe Mazzulla a fait des choix tranchés sur James Harden en le forçant à créer l’exploit : du Drop par séquence et beaucoup de Switch-All pour éviter la prise à 2.

Sauf qu’en face c’est James Harden. pic.twitter.com/4P07zdU4SG

— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) May 2, 2023

Un connecteur offensif

On en oublie presque le plus évident : prendre des tirs n’est pas son rôle principal. Cette stat inquièterait davantage pour Tobias Harris par exemple. P.J. Tucker est ce qu’on pourrait appeler un connecteur offensif : même s’il est beaucoup utilisé en tant que spot-up shooteur (joueur qui reste à 3 points en attendant de recevoir la balle) aux Sixers, il reste très intéressant à utiliser dans des poses d’écrans ou dans des main à main pour amplifier des décalages (comme il le faisait à Miami). Bref, ce n’est pas un joueur qu’on attend au scoring mais plutôt en défense où il reste performant malgré son âge.

Harden en patron, des Celtics qui ne s’ajustent pas : le bonheur des uns font le malheur des autres. À bientôt 38 ans, P.J. Tucker s’offre un record NBA comme cadeau d’anniversaire. Cadeau qu’il a surement déjà oublié d’ailleurs.


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