Le Hack-a-Shaq, la seule façon d’arrêter le grand Shaquille O’Neal

Le 27 avr. 2023 à 11:01 par Auguste Amar

Shaquille O'Neal lancers-francs
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Tout le monde connait Shaquille O’Neal. Que ce soit en tant que basketteur dans les années 90-2000, commentateur sur TNT actuellement ou même acteur, policier ou catcheur, Shaq est partout. À son époque, Shaq dominait tellement le jeu que les coachs adverses ont dû s’adapter et mettre en place une stratégie que l’on a vite appelé le… Hack-a-Shaq. 

Dès son arrivée en NBA, Shaquille O’Neal impressionne. Le bestiau fait 2m16 pour 136 kilos et domine absolument TOUT LE MONDE. Si bien qu’en trois ans le gamin amène déjà le Magic, sa première franchise, en finale NBA 1995 contre les Rockets. Mais c’est avec les Lakers qu’il va écrire un peu plus tard son histoire comme l’un des tous meilleurs basketteurs ever aux côtés d’un certain Kobe Bryant. Là-bas, sa suprématie est telle que les coachs doivent trouver une solution pour l’arrêter en exploitant son plus gros point faible : les lancers-francs.

Dans les années 90, Don Nelson est coach des Mavericks et il est celui qui remet au goût du jour la tactique “Hack-a-Someone”, utilisée à l’époque de Wilt Chamberlain pour contenir le statisticien fou. Cette stratégie consiste à faire faute sur un joueur qui n’est pas bon aux lancers-francs, souvent un pivot, pour casser sa dynamique, prendre le rebond et partir en contre.

Dans les années 60, c’était le seul moyen d’arrêter Wilt the Stilt. Mais cela devenait tellement ridicule que la NBA a instauré une règle pour empêcher sa surutilisation. Si une équipe faisait faute sur un joueur n’ayant pas le ballon dans les deux dernières minutes du match, les adversaires se voyaient accorder un ou deux lancers-francs, et gardaient la possession. Pat Riley témoigne parfaitement de cette situation.

” L’une des choses les plus drôles que j’ai jamais vu ce sont des joueurs poursuivant Wilt comme s’ils jouaient au loup. Il essayait de les éviter, et la ligue a été obligée de changer la règle tellement c’était risible.”

Mais revenons à nos moutons et à notre Don Nelson. Quand le coach de Dallas a l’idée de ramener cette tactique sur la table, il cible d’abord Dennis Rodman et ses 38% de réussite sur la ligne des LF. Nous sommes dans la grande ère des Bulls de Jordan, Pippen et Rodman, et tous les moyens sont bons pour les limiter au maximum. Et lorsqu’un joueur de la taille, du poids et de la domination suprême de O’Neal débarque, Don Nelson réutilise donc le Hack pour l’embêter. Une idée qui sera reprise par plusieurs coachs de NBA notamment Gregg Popovich, le point culminant de cette mode étant la fameuse scène de 2008 où le Hack-a-Shaq est utilisé au bout de… cinq secondes de jeu. L’entraîneur de San Antonio lève ses pouces et fait comprendre à Shaq qu’il s’agit d’une boutade, à l’époque on savait rire.

Dans ce contexte cela faisait marrer le Big Shaq, mais lors de son prime au tout début des années 2000, ce n’était pas vraiment le cas. Une guerre entre lui et les coachs qui mettaient en place cette tactique a même démarré. Elle a commencé avec Don Nelson bien sûr, le créateur de tout ce bazar, et le MVP 2000 avait d’ailleurs traité le coach de clown; et celui-ci lui avait répondu en venant avec un nez rouge au match suivant. On savait rire, vraiment. Puis les Spurs seront également traités de lâches par le quadruple champion NBA.

“Ce que j’appelle de la lâcheté, c’est quand ton équipe mène de 10 points et que tu utilises cette stratégie. C’est vraiment lâche et Popovich sait que je vais lui faire payer pour ça. San Antonio a essayé mais sans succès. J’ai juste à aller à la ligne, mettre mes lancers, et les faire payer. C’est ce que je vais continuer à faire.”

Le débat existe toujours sur cette tactique, bien que moins utilisée récemment. Plusieurs joueurs tels que Tayshaun Prince trouvent que c’est un manque de respect envers les joueurs et un aveu d’impuissance. Les coachs se défendent en disant que, certes, ce n’est pas beau à voir, mais qu’il faut bien exploiter les faiblesses adverses. Parce qu’évidemment ce genre de pratique hache énormément le jeu et rend les matchs moins attractifs au niveau télévisuel. En 2016, Adam Silver avait d’ailleurs promis une nouvelle règle pour réduire le Hack-a-Shaq mais n’a pas donné suite.

Le Hack-a-Shaq a marqué une époque et est devenue une vraie stratégie à part entière. Parmi les joueurs récents, Giannis Antetokounmpo notamment a pu en faire les frais. Malgré tout, on voit de moins en moins le Hack utilisé car aujourd’hui même les big men savent shooter. Une mode qui n’est donc plus vraiment à la mode ?