Black History Month : Bill Russell, le plus grand défenseur de l’histoire… et pas que sur les terrains

Le 13 févr. 2023 à 08:56 par Bastien Fontanieu

TrashTalk Black History Month Bill Russell
Source image : TrashTalk

Bill Russell était et reste le plus grand défenseur de l’histoire du basketball. Ses accomplissements et son palmarès le prouvent, jour après jour. Mais savoir défendre les siens n’est pas qu’une histoire de sport et de compétition. Savoir le faire en dehors des terrains, voilà ce qui démarque Russell de tous les autres grands de l’ère moderne.

Combien de fois secouerons-nous notre tête devant cette phrase.

11 titres de champion NBA.

Onze.

La première chose qui vient à l’esprit, lorsque l’on parle de Bill Russell, c’est son nombre de bagues en carrière. Onze titres de champion dont deux en tant que joueur-coach, voilà un record qui ne sera probablement jamais battu. Autre ère, autre basket, autres adversaires, quoi qu’on en pense les faits sont là. Ce n’est pas demain qu’on trouvera un joueur avec le parcours de Bill Russell.

Ce n’est pas non plus demain qu’on trouvera un homme comme Bill Russell.

Car le 1er août dernier (2022), le décès de la légende a eu un retentissement énorme et pas que sur la planète basket.

C’est l’Amérique qui a dit au revoir à un de ses pères les plus respectés, les plus honorés.

Pour chaque combat, il faut des figures dominantes. Des personnes présentes au premier rang, qui osent bomber le torse et risqueront tout pour la cause, leur cause. Martin Luther King fait souvent office de figure prédominante lorsque l’on parle des mouvements civiques des années 1960 aux Etats-Unis. Mais MLK n’était pas seul.

Et lorsqu’il fallait se retourner pour voir qui allait défendre les siens ? Bill Russell était, comme au basket, infranchissable. Incontournable.

Imaginez une époque – pas si lointaine – lors de laquelle des joueurs afro-américains se font insulter de singe. Lors de laquelle des joueurs afro-américains reçoivent des pièces de monnaie à la figure, des bouteilles et des menaces de mort. Tristement, cette phrase a encore sa place en 2023. C’est encore le cas aujourd’hui et cela montre à quel point il y a encore du travail à fournir et des consciences à élever. Mais dans les années 1950 et 1960, c’est dans un climat majoritairement raciste que Bill Russell doit performer et survivre. Les hôtels refusent les joueurs noirs, des restaurants ne leur servent pas à manger, les toilettes ne sont même pas accessibles.

Voilà le monde dans lequel Bill Russell a tenu droit, et a défendu les siens dans la bataille.

Regardez les plus grands acteurs de la lutte civique pour l’égalité des droits depuis le milieu des années 1950, et vous trouverez Bill Russell non loin d’eux, si ce n’est au premier plan.

La marche à Washington en 1963, avant le fameux discours “I have a dream” de Martin Luther King ? Bill Russell est présent.

Le sommet de Cleveland de 1967, pour soutenir la décision de Mohammed Ali de ne pas participer à la guerre du Vietnam ? Bill Russell est présent.

Un jeune Kareem Abdul-Jabbar à prendre sous son aile, pour l’emmener de la bonne manière au combat ? Bill Russell est présent.

Même à 83 ans, lorsqu’il reçoit la médaille présidentielle de la liberté des mains de Barack Obama, ce bon Bill prend une photo de lui, un genou à terre, pour dénoncer les inégalités sociales et rejoindre Colin Kaepernick dans sa bataille auprès des joueurs de NFL.

Près de 60 ans de lutte, de présence, d’abnégation face au racisme auquel lui et ses proches font face au quotidien.

The first NFL games kick off today, I want to show my continued support for the players & their decision to stand against #socialinjustice. I thought about taking a new photo but was afraid I wouldn’t be able to get up this time @NFL @BostonGlobe @MSNBC @CNN #ThursdayThoughts pic.twitter.com/VrGhmTpALn

— TheBillRussell (@RealBillRussell) August 9, 2018

Bill Russell aurait pu craquer, mais il ne l’a jamais vraiment fait.

Ou du moins, il ne l’a pas vraiment montré.

Quand des habitants de Boston ont défoncé sa maison, ou que certains en sont même venus à chier dans son lit (…), Bill Russell aurait pu imploser.

Il aurait pu, comme n’importe qui, péter un câble. Au lieu de ça, conscient de sa position, le pivot a préféré opter pour la solution de l’exemplarité dans les actions. Que vous me détestiez ou pas, vous devrez faire avec ma présence. Et elle ne fera qu’accroître.

Premier coach afro-américain en NBA.

Membre du premier cinq majeur entièrement afro-américain en NBA.

Premier athlète noir intronisé au Hall of Fame.

La question, en fait, c’est de savoir en quoi Bill Russell n’était pas premier ?

S’il était encore là, il nous dirait certainement qu’avant lui de nombreux Afro-Américains ont montré l’exemple et lui ont dévoilé le chemin sur lequel foncer.

Mais aujourd’hui, c’est de là-haut que la légende nous regarde avec ce regard à la fois doux, inclusif et autoritaire.

Celui d’un homme qui a défendu, défendu et encore défendu. Défendu les siens sur les parquets, et défendu les siens en dehors.