Le billet d’Alex : Luka Dončić et Nikola Jokić, les deux fantastić

Le 01 janv. 2023 à 15:50 par Alexandre Martin

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Source : NBA League Pass

Le calendrier d’une saison NBA relève de la folie furieuse. Les matchs s’enchaînent. Le jour de Noël, le 31 décembre, le 1er janvier, on joue. À peine la régulière terminée, 16 équipes disputent les Playoffs. Certains joueurs participent à une centaine de matchs en huit mois. À travers ce rythme insensé, la Grande Ligue impose des efforts et des souffrances intenses aux corps et aux esprits qui s’y adonnent. Très peu d’êtres humains ont le patrimoine génétique et la force de travail nécessaires pour performer dans ce contexte. Parmi eux, Luka Dončić et Nikola Jokić. Deux génies. 

Qu’est-ce qu’un génie ? 

D’après Larousse, c’est quelqu’un doté d’une aptitude naturelle de l’esprit qui le rend capable de concevoir, de créer des choses, des concepts d’une qualité exceptionnelle. Le Robert nous propose une série de synonymes dont divinité, démon, dieu, prodige, crack, as, lumière… Wikipédia consacre une page au génie en tant que personne. L’encyclopédie libre la plus utilisée de la planète parle de “personne qui se démarque de façon exceptionnelle de ses contemporains par un talent hors du commun et/ou une habileté intellectuelle remarquable voire une aptitude créatrice extraordinaire”. Les notions de création et d’exception reviennent à plusieurs reprises et ce n’est pas un hasard. On parle de se démarquer de ses contemporains et ce n’est pas un hasard non plus. On fait référence à des aptitudes naturelles (pour le génie par pour nous autres, communs des mortels) mais on est bel et bien aux portes du surnaturel. 

Surnaturel. 

Luka Dončić a participé à 34 des 37 matchs des Mavericks depuis le début de saison. Il tourne à 34,2 points, 8,7 rebonds et 8,9 passes décisives par match, à 51% au tir. Il a déjà huit triple-doubles au compteur dont l’un des plus gros de tous les temps, exécuté dans la nuit de mardi à mercredi dernier face aux Knicks : 60 points, 21 rebonds et 10 offrandes aux copains. Une performance qui installe Luka dans des sphères chamberlainesque. Quatre jours avant, ce sont 50 points, 8 rebonds et 10 passes décisives qu’il avait claqué sur les réacteurs des Rockets. La nuit dernière, avant d’aller sabrer le champagne, Luka a envoyé un autre match à plus de 50 points (sur les Spurs) sans perdre le moindre ballon. Le Slovène finit ainsi l’année sur une série de cinq matchs – dont trois à 50 unités ou plus – à la ligne statistique surnaturelle : 45,6 points, 11,2 rebonds et 10,2 passes décisives. Le tout à presque 60% au tir dont 50% derrière l’arc. C’est absolument absurde (ou absurdement absolu ?).  

Nikola Jokić mêle encore une fois parfaitement l’amour et la violence cette saison. L’amour de la balle orange et la violence envers ses adversaires. Niko était sur le parquet lors de 32 des 35 matchs des Nuggets. 25 double-doubles, 8 triple-doubles et des moyennes statistiques dont la simple énumération dispense de tout autre commentaire : 25,5 points, 10,9 rebonds et 9,5 passes décisives, à 61,6% de réussite au tir ! Son mois de décembre, 14 matchs, est dans cette lignée, même un cran au-dessus avec plus de 29 points par soir accompagnés de plus de 12 rebonds et plus de 10 caviars. En plus, au moment où ces lignes s’écrivent, les Nuggets sont premiers de la conférence Ouest alors que Jamal Murray et un Michael Porter Jr reviennent doucement de longues absences. Quelques questions nous viennent (sur)naturellement en tête devant ce que le Jokić nous propose. Un pivot meilleur passeur de la ligue, c’est possible ? Le Serbe est troisième pour l’instant mais il va continuer de nourrir chaque Nugget bien placé, donc oui c’est possible. Sommes-nous en train d’assister à une saison de troisième trophée de MVP de suite ? Disons que si les Nuggets finissent premiers ou deuxièmes de l’Ouest avec un gros bilan et pivot génial en triple-double de moyenne (ou quasi), les autres dossiers – tout aussi monstrueux soient-ils – auront bien du mal à empêcher Nikola Jokic de marquer l’histoire en rejoignant Bill Russell, Wilt Chamberlain et Larry Bird dans le club des trois MVP d’affilée. 

Avec ces deux-là, le surnaturel paraît bien naturel. 

Dončić score plus et plus facilement que n’importe qui d’autre dans la ligue actuellement pendant que Jokić semble toujours avoir trois coups d’avance sur ses opposants. Si leurs esprits y sont pour beaucoup, leurs attributs physiques ne sont pas anodins. Le meneur slovène n’est pas aussi rapide que son compatriote Goran Dragic n’a pu l’être ni aussi explosif que le phénoménal Ja Morant mais, pour un arrière, il est très grand et costaud (2m01 pour 105 kilos). L’avantage est réel, des deux côtés du terrain. Le pivot serbe n’est pas aussi puissant que Steven Adams ou Joel Embiid, encore moins aussi bondissant que Bam Adebayo par exemple, mais l’ami Niko présente tout de même 211 centimètres et 125 kilos sur le parquet. S’ils avaient des physiques plus classiques – la taille moyenne pour un homme en Slovénie et en Serbie dépasse tout juste les 180 centimètres – pourraient-ils exploiter aussi bien leur génie ? Sûrement pas ! C’est d’ailleurs un aspect incontournable de leur jeu et de leur génie : utiliser à la perfection ses attributs physiques dès qu’ils leur confèrent un avantage. Luka ne rate jamais une occasion d’enfoncer un meneur plus petit et moins lourd au poste. Il utilise mieux que quiconque son corps pour protéger le ballon, prendre les contacts et obtenir des fautes. Il a ça dans le sang. Le Joker est injouable près du cercle. Il enroule ses défenseurs. Sa taille et ses longs bras rendent ses petits hooks indéfendables. Son poids et ses larges épaules font de lui un client au rebond. 

Ce sont ces combinaisons de qualités physiques, de force mentale et de travail qui posent le socle de leurs réussites. Leur génie fait le reste. Tout le reste. Par des gestes rares, des passes aussi inédites qu’efficaces, des paniers clutch ou encore des performances de mammouth quand l’équipe en a besoin – à Dallas c’est souvent – Luka Dončić et Nikola Jokić illuminent la planète basket cette année encore plus que les précédentes et probablement encore pour un moment. Car, en février prochain, le Slovène aura 24 ans (le 28) et le Serbe 28 ans (le 19). Le premier n’est ainsi pas encore vraiment “dans son prime” comme on dit et le deuxième y est, mais pour encore plusieurs années. L’avenir est entre leurs mains et ça nous va bien, génialement bien !

Voilà, voilà… Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne année à toutes et à tous ! D’abord la santé car c’est le plus important, dans la vie comme en NBA, ensuite la réussite dans tous vos projets. Ceux de Luka Dončić et Nikola Jokić sont à la hauteur de leur génie, ils sont immenses. Ils sont et seront faits de performances exceptionnelles, de records en tout genre et nul doute qu’ils pourront terminer avec des doigts bagués. 

Ce serait fantastique. Ou juste logique.