Benny the Bull, la mascotte numéro 1 de NBA

Le 29 déc. 2022 à 16:53 par Arthur Baudin

Benny The Bull
Source image : YouTube

C’est un monde que l’on connaît trop peu. On les voit mais on ne les remarque pas. Pour beaucoup d’observateurs, les mascottes NBA ne sont que des objets de divertissement : elles se battent avec des joueurs, kidnappent des femmes du public, embêtent Devin Booker. En surface c’est ça, mais toute un historique légitimise le rôle central accordé aux mascottes par la culture US. La plus iconique d’entre-elles s’appelle Benny the Bull.

Vous avez peut-être reçu un chèque de mamie pour Noël. Une chose est sûre, même si mère-grand est courtière et s’essuie avec des billets, vous n’avez pas reçu le dixième du salaire de Benny the Bull. Un montant ? 200 000 dollars annuels hors primes. *Prendre la voix de Squeezie* C’est bon pour vous ? Pas de scandale à faire, ce n’est pas votre oncle Patrick qui se cache sous le costume. Les interprètes sont de véritables athlètes/artistes à l’imagination voulue sans frontières. La formation au métier de mascotte n’est pas traditionnelle : le job se chope au relationnel, les places sont chères. Pour autant, toutes les mascottes ne gagnent pas le même salaire que Benny the Bull. Pensé au début de la saison 69-70, le taureau est la première mascotte de l’histoire de la NBA. Sans doute la plus iconique avec Rocky The Mountain Lion des Denver Nuggets (qui, selon Hoops Addict, gagne 620 000 dollars annuels) et Stuff du Orlando Magic, popularisée par le Dunk Contest d’Aaron Gordon en 2016. Mais le point fort de Benny the Bull, c’est qu’elle a très bien voyagé à travers les époques. Par des coups d’éclat, des actions individuelles qui ont fait parler, et une excellente prise en compte des nouveaux (et anciens) moyens de communication. Bruh, cette phrase rappelle bien trop les introductions les plus bancales de sociologie.

Le 20 avril 1974, date historique dans l’édification du personnage de Benny the Bull. Un Game 3 de finale de conférence à Milwaukee, les Bulls sont menés 2 à 0 dans la série. Ils avaient à coeur de réagir mais ont échoué : 71 à 54 pour Milwaukee dans le 3e quart-temps, l’entraîneur de Chicago Dick Motta pète un plomb contre Earl Strom (arbitre Hall of Famer) et se fait expulser. Le capitaine Jerry Sloan (sur le banc en habits de ville) est lui aussi expulsé… et Benny the Bull avec. La mascotte entre en trombe sur le parquet de la Milwaukee Arena, invective les arbitres avec tous les noms d’oiseaux possibles, avant d’être raccompagnée hors de la salle par un agent de sécurité de Milwaukee. Une photographie dans la légende.

Benny The Bull

Pourquoi “Benny” the Bull ?

En hommage à Ben Bentley, le premier responsable des relations publiques et annonceur du stade des Bulls.

Quelle évolution physique dans le temps ? 

Il faut comprendre que Benny the Bull est la mascotte actuelle (et de loin la plus populaire) mais qu’elle a eu de nombreux parents et grands-parents. Le chef de famille était bien entendu le Benny the Bull lancé en 1969. Même blaze, mais un costume un poil moins travaillé et plus rustique. C’est celui qui s’est fait expulser à Milwaukee ! Le fils du grand-père (le père du Benny que l’on connaît donc) a connu l’âge d’or des Chicago Bulls, les nineties. C’est aussi l’apparition d’un costume plus développé avec de la fourrure rouge plutôt que du tissu. Encore plus tard dans les 90’s est arrivé Da Bull, un taureau sans queue pour réaliser des dunks « plus acrobatiques ». La mascotte portait le numéro 95 à son lancement en 1995, logique. On parle de Da Bull comme du cousin de Benny the Bull père. Et Ben et Benji ? Deux mascottes gonflables difficiles à placer sur la frise. Comme ça, à la louche, on mettrait le curseur sur les années 2000.

Notre Benny the Bull est LA mascotte de Chicago au XXIe siècle. Le fils de toute son ascendance.

ICYMI: DA BULL IS BACK 🔥🔥#BennysBirthday | #NBA75nba pic.twitter.com/BxIwdhMsvz

— Benny (@bennythebull) April 3, 2022


Quels interprètes ?

L’identité de Benny the Bull est gardée secrète par l’institution. On connaît toutefois certains des personnages ayant incarné la mascotte à différentes époques. Il y a eu Chester Brewer dans la peau de Da Bull (premier interprète dunkeur !), mais il s’est fait arrêter en 2004 après avoir revendu illégalement de la marijuana depuis sa voiture. Les Bulls ne souhaitant plus être associés à ce monsieur, Da Bull a instantanément été rayé de la carte par la franchise. Fin de vie pour le taureau sans queue. Il faut alors rebondir : la version actuelle de Benny the Bull est lancée en 2004 et interprétée par Barry Anderson, jusqu’à ce que ce dernier se retire en 2016. Douze années de bons et loyaux services. Un tirage de rideau plus classe que celui de son prédécesseur.

« Après douze années incroyables, il est temps pour moi d’explorer le monde, cette vie, sans mon ami rouge et poilu. Dans ce qui a été un choix impossiblement difficile, j’ai décidé que le 30 juin prochain serait mon dernier jour chez les Chicago Bulls, où mon coeur battra à jamais. »

– Barry Anderson en 2016, pour Chicago’s Very Own

Quelles dimensions ?

1m98 pour 170 kilos.

Toujours utile ?

Il a initialement été mis en place par Pat Williams – directeur général des outils de promotion des Bulls en 69 – pour remplir le Chicago Stadium. Une vraie animation pour petits et grands, qui n’a plus vraiment cette utilité aujourd’hui. La forme reste la même, le fond est différent. Les mascottes sont maintenant des objets apparents de la culture NBA, mais surtout de l’histoire des franchises concernées. Si Benny the Bull quittait l’United Center, bonjour le shitstorm… C’est pourquoi il évolue avec son temps et s’adapte aux nouveaux outils de communication. On peut aujourd’hui le suivre sur son compte TikTok à 5.4 millions d’abonnés (contre 1 million pour celui des Chicago Bulls).

@bennythebull Wake up, popcorn, sleep, repeat 🍿#NBA #playoffs #SeeRed ♬ original sound – moschinodorito

Mais du coup, 200 000 dollars annuels ça reste beaucoup, non ?

Le boulot de Benny the Bull ne s’arrête pas à l’animation d’une salle les soirs de match. Il fait environ 250 apparitions publiques par an en dehors de l’United Center. On l’a vu promouvoir l’alphabétisation et l’importance d’une bonne éducation dans des écoles, comme participer à des évènements privés en gage de performeur. Il se déplace dans le Benny’s Bull Ride, petit van décoré à son effigie.

Benny the Bull

Voilà, vous savez à peu près tout sur celui qui exécute la danse « Single Ladies » devant un Jay-Z un peu blasé, venu pour voir du basket-ball plus qu’un guignol déguisé en taureau. Mais ce qu’il ne sait pas lui, c’est que Benny the Bull est bien plus qu’un guignol déguisé en taureau. Vous lui expliquerez quand vous le croiserez.