EuroBasket 2022 : Guerschon Yabusele, un guerrier passé par mille sentiers pour devenir un cadre en Équipe de France
Le 23 août 2022 à 11:11 par Giovanni Marriette
A neuf jours du début de l’EuroBasket, revue d’effectif obligatoire afin de vous présenter chacun des douze Bleus qui tenteront de monter le 18 septembre sur le toit de l’Europe, neuf ans après Ljubljana. A l’heure de ces lignes on est d’ailleurs plutôt sur treize joueurs ,mais pas une seconde à perdre alors on se mouille en causant de ceux qui devraient sans trop de souci voir leur place pour Berlin validée dans les prochains jours. Allez, on se penche dès aujourd’hui sur le dossier… Guerschon Yabusele, dossier aussi étoffé que le buste du joueur est large.
- Nom : Yabusele
- Prénom : Guerschon
- Age : 26 ans
- Taille : 2m03
- Poids : 115 kilos
- Poste : Ailier Fort, genre beaucoup plus fort qu’ailier
- Surnom : The Dancing Bear, Yabu, Yab, Guerche, le Yabu zélé (non)
- Sur le CV : Roanne, Rouen, Shanghaï, G League, Celtics, ASVEL, Real Madrid depuis 2021
- Palmarès en EDF : une médaille d’argent aux Jeux Olympiques 2021
Quoiqu’il arrive et quoiqu’on dise, l’histoire de Guerschon Yabusele est différente de n’importe quelle autre. On parle d’un gamin qui n’avait pas spécialement prévu de se mettre au basket, bercé côté papa par l’amour de la boxe et plutôt attiré par le foot avant le traditionnel “ah mais t’es grand toi, tu essaierais pas le basket ?”, on parle du coup d’un espoir du basket car le talent est là, puis très vite d’un talent… gâché car la progression est lente et les choix de carrière un peu étranges, puis quelques années plus tard et au détour de chemins de traverse originaux, voilà notre bon Guerschon implanté parmi les meilleurs joueurs d’EuroLeague et comptant parmi les cadres de Vincent Collet en Equipe de France. Que s’est-il passé ? Oh, tellement de choses.
Pour la faire courte ? En 2016 le bloc est drafté avec le seizième pick par les Celtics après avoir fait ses preuves du côté de Rouen. Plein de rêves dans la tête pour un profil atypique qui peut clairement faire son trou en NBA. 13 points et 8 rebonds pour son premier match en Summer League, le boug est à l’aise, mais sa première saison NBA se déroulera finalement… en Chine, après avoir constaté avec pertes et fracas que le staff des C’s ne comptait pas vraiment sur lui, ou du moins pas tout de suite. A l’époque le choix est décrié par certains, mais comment en vouloir à un mec qui veut juste jouer au basket et si possible gratter quelques tunasses au passage. La vie quoi. La NBA, Guerschon la fréquentera finalement à l’occasion de 74 bouts de matchs entre la saison 2017 et 2019, via quelques allers et retours en G League, bref pas assez pour se faire une vraie place malgré un séant imposant et parfois cible de moqueries jalouses. Nous sommes en 2019, Guerschon a le fessier large et aime se teindre les cheveux, il part en Chine avec son casque sur les oreilles. Vu comme ça quelques craintes émergent, mais le crack de Dreux n’a pas encore craqué son œuf.
Car finalement, et c’est le postulat général au 23 août, c’est bien en Europe que s’éclate celui qui rêvait plutôt de NBA. ASVEL pour se refaire une petite répute puis Real Madrid auprès d’un sacré bataillon de Frenchies (Heurtel, Poirier, Causeur), mais au Real Guersch ne nous fait pas une Faubert et s’impose parmi les meilleurs ailiers de la compétition en devenant même – notamment – MVP du mois de janvier. Une distinction qui fait écho avec le statut tout nouveau du joueur, celui… d’international accompli, on y vient, puisque désormais Vincent Collet fait appel instinctivement à lui depuis une première sélection lors des qualifications pour l’Euro qui se rapproche et, surtout, depuis les Jeux Olympiques de Tokyo l’été passé, lors desquels le soldat a grandement participé à l’effort collectif de médaille, et ce n’est pas Kevin Durant himself qui va dire le contraire.
“Ce sont de très bon gars (les joueurs de l’EDF, ndlr) et si je les vois en dehors du terrain, je les prends dans mes bras. Mais ça fait partie de ces équipes et de ces joueurs que je n’aime pas, tout simplement. C’est comme Guerschon Yabusele, il jouait en NBA, je ne sais pas où il est aujourd’hui, je ne l’aime pas. J’ai juste envie de le battre et de le faire avec la manière, à chaque fois.”
6,3 points et 3,7 rebonds en 16,8 minutes, une énergie de tous les instants du soir au matin, une défense pleine de courage en finale et un sauvetage clutchissime en demi face à la Slovénie, entre autres, et cinq ans après sa Draft le Yab avait donc lâché SA masterclass, loin des parquets NBA, avec le maillot des Bleus. Un parcours olympique qui lui confère aujourd’hui une place de choix dans la rotation de Coach Vince, en tant que titulaire potentiel, sur un poste 4 où il peut étaler toute sa puissance et sa polyvalence, lui qui est devenu une arme très solide sur le tir en plus d’avoir toujours cette capacité à démolir tout ce qui bouge sur le drive.
Le trajet ne fut donc pas forcément celui que Guerschon Yabusele avait prévu, mais disons qu’aujourd’hui la plénitude est proche, à 26 ans et après avoir déjà vécu six vies au moins. Le Dancing Bear s’est mis à faire danser ses adversaires, et il compte bien en mettre plein la vue au jury au mois de septembre.