L’histoire de la légende “Hoodie Melo” : quand une simple capuche transcendait Carmelo Anthony

Le 21 juil. 2022 à 19:32 par Arsène Gay

Hoodie Carmelo Anthony 21 juillet 2022
Source image : YouTube

Plus qu’un simple surnom, c’est un véritable mythe. Un mode qui ne peut s’enclencher qu’à l’occasion de workouts. Un one-man-show créé et disséminé sur les réseaux sociaux. Un état de transe dans lequel se plonge Carmelo Anthony pour temporairement retrouver son niveau d’antan. Mesdames et messieurs, voici la légende de « Hoodie Melo ».

Que nous soyons Hexperts, amateurs ou même novices de la NBA, c’est une expression à laquelle nous avons tous déjà été confrontés. “Hoodie Melo” n’est pas juste une sorte de pseudo stylé. Dans l’imaginaire collectif, il est devenu l’alter ego de Carmelo Anthony, une sorte de loup-garou pour qui la pleine lune est un workout, et dont les origines sont aujourd’hui floues. C’est pourquoi nous allons ici revenir sur son histoire en passant par sa création, son évolution et même son impact, lui qui déchaîne les passions et alimente les débats depuis de nombreuses années.

Revenons donc six ans en arrière, dans un monde où Melo joue encore à New-York.

Après un exercice 2015-16 catastrophique lors duquel les Knicks n’ont remporté que 32 rencontres, la mission de cette saison 2016-17 est claire : faire mieux. Les arrivées de Derrick Rose, Courtney Lee et Joakim Noah pour épauler Carmelo Anthony et Kristaps Porzingis, alors sophomore, vont dans ce sens. Tous les voyants sont au vert pour que le groupe, désormais encadré par Jeff Hornacek, retrouve le chemin des Playoffs. Avec 16 victoires pour 13 défaites au bout de deux mois, la saison semblait bien démarrer, jusqu’à ce que tout s’effondre. New-York va perdre 21 des 28 matchs suivants, pour un bilan de 23-34 au All-Star break. Rien ne va plus dans la Grosse Pomme, et des coupables commencent à être désignés. En première ligne, c’est bien Carmelo qui va être pointé du doigt. À 32 ans, celui qui sera malgré tout All-Star cette année-là n’est plus le même joueur qu’avant, et son déclin est statistiquement visible depuis deux ans. Alors aux commandes de la franchise, Phil Jackson va donc tenter de transférer sa superstar, avec qui ses relations se sont profondément dégradées. Mais il y a un hic : Anthony dispose d’une clause d’intransférabilité dans son contrat, qui l’empêche d’être envoyé ailleurs sans son accord. Une situation complexe, qui va paralyser l’équipe… pour le moment.

Dans la continuité des 57 premières rencontres, les Knicks vont terminer leur campagne à la 12e place de l’Est, avec un bilan de 31 victoires pour 51 défaites, soit encore pire que la saison précédente. Il faut se rendre à l’évidence : c’est l’heure d’entamer une période de reconstruction. Il devient donc nécessaire de trouver un moyen de faire partir Carmelo, qui ne représente plus l’avenir de la franchise. Nous sommes en avril 2017, lorsque les rumeurs autour de l’ailier commencent à s’accumuler. Quelle franchise serait prête à accueillir une star qui a passé son prime ? Qui veut de son contrat ? Acceptera-t-il de partir ? La situation est chaque jour un peu plus tendue. Anthony se sent oppressé, et va exprimer le besoin de s’isoler pour mieux se retrouver. Pour ce faire, il va alors s’enfermer à la salle. Musculation, workouts, shooting drills… le natif de Brooklyn va se recentrer sur le basket, et faire en sorte de garder son corps en forme. Nous sommes le 16 mai, lorsqu’une vidéo du garçon est publiée sur le compte Instagram de Chris Brickley, son coach personnel. Les premières images du joueur depuis plus d’un mois. Sur ces dernières, Melo enchaîne les handles et filoches en… bonnet. La raison ? Une coupe de veuch’ douteuse que le bonhomme n’avait pas vraiment envie de dévoiler au grand public. Le style dénote, mais les réseaux sociaux ne vont pas véritablement s’enflammer, car ce sont bien les critiques envers le niveau du All-Star lors de la dernière saison qui prédominent, encore et toujours. Pourtant, c’est bien à ce moment qu’Hoodie Melo va naître.

Carmelo Anthony explains the ‘Hoodie Melo’ phenomenon 👲 pic.twitter.com/h3CftEIKN1

— Ballers Hype (@BallersHype) September 25, 2017

Submergé par tout ce qui lui tourne autour, le new-yorkais s’enferme dans une mentalité bien particulière : travail, travail, travail. Et si beaucoup d’autres joueurs NBA sont également passés par cette étape, il y a un élément qui va distinguer le poste 3 de tous ses collègues. Dans la continuité de cette volonté de transpirer lorsqu’il s’entraîne, Melo apparaît désormais en hoodie lors des workouts, la capuche serrée autour de sa tête. Enchaînant des moves et shoots toujours plus smooth, Anthony séduit les fans, et les extraits vidéos de ses drills commencent à circuler sur les réseaux sociaux. Avec son fils, seul dans une salle, reposté par Meek Mill… c’est un véritable phénomène qui se crée sur la toile : ça y’est, “Hoodie Melo” est né. Au fil des semaines, les images s’accumulent. Melo qui enchaîne les switchs, Melo qui pull-up à dix mètres, Melo qui prend le café… une hype particulière s’empare de ce personnage au style vestimentaire singulier. Il ne faudra d’ailleurs pas attendre bien longtemps avant de voir ce dernier atteindre son apogée lors des mois d’août et septembre. Car à l’occasion de pick-up games dans la désormais célèbre salle de Black Ops Basketball, Hoodie Melo va littéralement écœurer les jeunes NBAers tels que Booker, Mitchell ou encore Oladipo avec des moves improbables et des shoots venus d’ailleurs. Le phénomène devient alors une sorte de mythe : lorsqu’il enfile un hoodie, Carmelo ne manque plus un seul tir. Petit florilège de cette époque bénie où le GOAT Gérard répond en intro à la question “qui est meilleur entre Hoodie Melo et regular Melo ?“.

Bien que les workouts ne correspondent pas à la réalité de la Ligue, et qu’Anthony ne puisse de toute façon pas jouer en hoodie sur les parquets NBA, sa situation va finir par se débloquer après des mois de paralysie totale. Le 23 septembre, un deal est officialisé entre New-York et Oklahoma City : Carmelo est échangé contre Enes Kanter, Doug McDermott et un futur tour de Draft. On ne saura jamais si les highlights d’Hoodie Melo tout au long de l’été auront permis à l’ailier d’être plus attirant auprès des franchises, toujours est-il que les faits sont là : Sam Presti veut associer Russell Westbrook à Paul George et Carmelo Anthony. La hype est immense, et tout le monde parle déjà de “Hoodie Season”. Partout dans le monde, les fans créent des “Hoodie Melo jerseys” en demandant à leur grand-mère de coudre des capuches sur tout et n’importe quoi. La NBA décide au même moment de mettre en vente des vestes d’échauffement qui rappellent beaucoup le style du new-yorkais. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que la marque soit déposée puis officiellement commercialisée. Et comme par hasard, c’est à l’occasion du premier match de saison régulière, où le Thunder affronte… les Knicks, que Jordan décidé de mettre les premiers “Hoodie Melo” sweatshirts en vente, une heure avant le lancement officiel de la campagne 2017-2018. C’est bien simple, le mot “hoodie” est dans toutes les bouches. Même Jimmy Butler est fan, et ce depuis juin 2017 !

 

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Aussi bizarre que cela puisse paraître, Carmelo Anthony, dix fois All-Star, six fois All-NBA et une fois meilleur scoreur, semble presque disparaître dans l’ombre… de sa propre création.

La suite, beaucoup la connaissent. Après une saison en-dessous des attentes à OKC, se terminant par une élimination brutale en six matchs face au Jazz au premier tour des Playoffs, le numéro 7 est transféré à Atlanta. Là-bas, il rachète son propre contrat, devient agent libre, et signe ensuite avec les Rockets pour former un nouveau Big Three aux côtés de James Harden et Chris Paul, sous les ordres de Mike d’Antoni, qui le coachait à New-York entre 2010 et 2012. Mais le cauchemar continue pour Melo qui va être écarté au bout de dix matchs, avant d’être envoyé à Chicago qui le coupera dans la foulée. Nous sommes en janvier 2019, et l’ancienne superstar n’a plus de travail. N’ayant pas su accepter un rôle différent que celui de starter, le scoreur est sans franchise. Alors pour retrouver le chemin des terrains NBA, Anthony va faire appel à quelqu’un qui s’était fait discret depuis un an et demi. Et vous savez très bien de qui il s’agit. Bien qui n’ait jamais vraiment disparu, Hoodie Melo va revenir en force avec un objectif : relancer la hype afin de convaincre une équipe de lui filer un contrat. Sur Twitter et Instagram, les gros comptes NBA partagent chaque workouts du bonhomme, qui va même parfois s’afficher en bonnet, tient tient… Quant à eux, les fans jouent le jeu à fond, et poussent pour que le free agent ait sa chance. Face aux critiques qui estiment à l’époque que ce dernier n’a plus le niveau pour jouer un rôle dans la grande Ligue, Anthony évoquera plus tard au micro de MillionDollarsWorthOfGame les raisons qui l’ont poussé à se remettre dans ce mood.

« C’est juste une mentalité mec ! C’était juste ma façon d’empêcher toute la merde de m’atteindre. Tu vois ? Mettre le hoodie, la capuche et être dans mon propre monde. Qu’il n’y ait rien que les autres puissent dire à propos de moi. Donc c’est devenu une mentalité. Je me réveillais chaque matin avec un “Hoodie Mindset”. »

Il faudra néanmoins attendre le mois de novembre pour voir Melo décrocher un contrat non-garanti avec les Blazers. Une fois encore, impossible de dire si le phénomène Hoodie Melo a aidé le front office de Portland à prendre cette décision, même si on ne peut ignorer l’image si singulière du garçon à ce moment-là. Quoiqu’il en soit, c’est une opportunité que le new-yorkais va saisir des deux mains. Sans plus jamais quitter son hoodie et dans un rôle plus discret, ce dernier va renaître et réaliser deux bonnes saisons dans l’Oregon, avant de prendre la direction de Los Angeles où, malgré une campagne catastrophique sur le plan collectif, Anthony va faire le job au niveau individuel. De nouveau agent-libre aujourd’hui, Carmelo semble plus proche de la retraite que jamais. Possiblement pressenti aux Knicks pour y effectuer une dernière saison d’adieu, ce dernier continue d’apparaître en hoodie sur les terrains. Et comme les légendes ne meurent jamais, on vous laisse deviner quel niveau le garçon de 38 ans affiche. Oui, encore des actions de dingues. Dribble dans le dos, double cross, spin, pump fake, fadeaway à neuf mètres… les vidéos publiées aujourd’hui ressemblent comme deux gouttes d’eau à celles d’il y a un an, deux ans, trois ans, quatre ans, et même cinq ans. Depuis sa naissance, l’alter ego de Carmelo Anthony s’est créé une réputation presque intouchable, car il est impossible de trouver une compilation de shoots ratés du bonhomme une fois sa capuche enfilée. Voilà donc de quoi sont capables les réseaux sociaux. Car aussi forte soit-elle, l’aura d’Hoodie Melo n’aurait sans doute jamais atteint un tel niveau d’influence sans la hype numérique qui l’a entouré. Et si certains peuvent déplorer cela, nous, on continuera de profiter aussi longtemps de “Hoodie Carmelo Anthony”. On vous laisse avec une autre petite compilation, plus récente cette fois-ci.

Comme le Gear 5 de Luffy, l’Ultra Instinct de Goku ou le mode Baryon de Naruto, Carmelo Anthony a lui aussi trouvé de quoi démultiplier ses capacités et devenir la meilleure version de lui-même. Au fil des années, la légende d’Hoodie Melo a de loin dépassé ce qu’elle représentait initialement, c’est-à-dire juste un mec qui bosse pour se maintenir au niveau. De style vestimentaire, elle est devenue mentalité et presque même personne à part entière. Surcoté, inarrêtable, mythique… chacun possède un adjectif différent pour définir ce qu’Hoodie Melo représente à ses yeux. Alors oui, on en fait certainement trop sur le sujet, mais force est de constater que cette story fait désormais partie intégrante de l’histoire de la Grande Ligue.

Source texte : Bleacher Report / Complex