Coup d’œil sur les pires analyses pré-draft : « Stephen Curry n’a pas le potentiel de Ricky Rubio », et d’autres tirades qui sentent l’alcool

Le 15 juin 2022 à 19:02 par Arthur Baudin

Stephen Curry
Source image : montage TrashTalk via NBA League Pass

Chaque année, la draft NBA est l’occasion pour les franchises de faire leurs courses parmi les meilleurs jeunes basketteur de la planète. Une tâche ardue, influencée par la parole de scouts, qui entre d’excellents coups de flair, visent parfois à côté du seau. Retour – en toute tolérance et bon esprit – sur les pires analyses exercées par ces amateurs de jeunes jambes.

Kevin O’Connor – Giannis Antetokounmpo

Qu’est-ce qu’il a dit ?

« Le “Greek Freak” n’a pas vraiment des capacités athlétiques exceptionnelles, contrairement à son surnom. Comparé à certains “monstres” de la NBA, Giannis Antetokounmpo peut sembler relativement normal. Giannis ne saute pas très haut et ne dépasse personne avec sa vitesse non plus. Cela ne veut pas dire que Giannis n’a pas de bonnes qualités athlétiques – il en a – mais le surnom de “monstre” ne doit pas faire croire qu’il est un athlète complet. »

Qu’est-ce qu’on a à lui dire ?

Que ce n’est pas vraiment grave, Kevin. À l’époque, Giannis Antetokounmpo n’était encore qu’un ado qui collait ses trouvailles nasales sur le mur de sa chambre. De son corps, peu sculpté, aurait cependant découler la mention d’un immense potentiel dans le scouting report de Kevin O’Connor. Il l’a dit ? Ah, euh, pas grave, c’est juste marrant de lire ça en 2022, deux trophées de MVP et un titre NBA plus tard.

Doug Gottlieb – Stephen Curry

Qu’est-ce qu’il a dit ?

« Il [Stephen Curry] n’a pas le potentiel de Rubio. Jennings, Flynn, Mills, Teague sont tous plus athlétiques. »

Qu’est-ce qu’on a à lui dire ?

Là, on ne peut pas tenir un discours aussi indulgent qu’avec Kevin O’Connor. En 2009, deux mois avant que Stephen Curry ne soit sélectionné en 7e position de la draft par les Warriors, Doug Gottlieb – analyste pour ESPN – envoie une vilaine bastos au meneur de Davidson. Ce propos n’avait à l’époque pas choqué. Stephen Curry était encore frêle, et surtout le futur pionnier du 3-points des quarante-douze mètres. La phrase est juste un peu violente. Trop prononcée.

Stephen Curry declared for NBA Draft. Doug Gottlieb “He doesnt have the upside of Rubio. Jennings, Flynn, Mills, Teague all more athletic.”

— SportsCenter (@SportsCenter) April 23, 2009

Tyler Ingle – Jimmy Butler

Qu’est-ce qu’il a dit ?

« Pas un athlète exceptionnel… N’a pas prouvé qu’il pouvait constamment créer des attaques pour lui-même. N’est pas un joueur d’isolation, il se nourrit du jeu de ses coéquipiers. » 

Qu’est-ce qu’on a à lui dire ?

Que Jimmy Butler est l’un des derniers joueurs à se nourrir du jeu de ses coéquipiers. Il n’est pas un pur créateur, mais sa capacité à cuisiner son défenseur d’à peu près toutes les manières que la règlementation du basket autorise, est impressionnante. Au fadeaway, sur un mi-distance, d’un faufilage au lay-up, parfois à 3-points, il n’est pas surnommé « Jimmy Buckets » parce que Max Strus lui fait de bonnes passes.

Jonathan Wasserman – Draymond Green

Qu’est-ce qu’il a dit ?

« Un potentiel minime. Vulnérable en défendant des arrières plus rapides sur le périmètre. Pourrait perdre un peu de poids. »

Qu’est-ce qu’on a à lui dire ?

Que c’est l’un des enchaînements les moins courtois de l’histoire. Il commence par anéantir le potentiel de Draymond Green, et termine en parlant du réservoir à l’avant du véhicule. Pourtant, le flair de Jonathan Wasserman – scout chez Bleacher Report – est réputé. On ne lui demande pas de déceler la carrière taillée Hall of Fame d’un 35e choix de draft, mais pointer du doigt l’incapacité de Draymond Green à défendre sur tous les postes, là c’est dur.

Davide Bortoluzzi – Mario Hezonja

Qu’est-ce qu’il a dit ?

« Offensivement, c’est un tireur solide, avec une forme de tir améliorée, un relâchement rapide et une portée illimitée, même loin derrière la ligne à 3-points. »

Qu’est-ce qu’on a à lui dire ?

Ce n’est rien, David. L’envie de trop bien faire en détaillant les joueurs européens au peigne fin amène parfois de sacrés tollés. Le 5e choix de la Draft 2015 n’a jamais réussi à s’imposer en NBA, et son 31,9% du parking en carrière décrédibilise cette notion de « portée illimitée ». Sur ses cinq saisons NBA – entre Orlando, New York et Portland -, on n’a pas vraiment souvenir d’une séquence du Croate qui dégaine depuis les neuf mètres.

Marc D’Amico – Willie Cauley-Stein

Qu’est-ce qu’il a dit ?

« Comme Tyson Chandler, je pense que son jeu offensif va se développer en NBA, et je crois que Cauley-Stein apportera encore plus de polyvalence défensive que l’ancien DPOY. »

Qu’est-ce qu’on a à lui dire ?

Ah, les comparaisons *emoji coeur rouge*. Inutile d’épiloguer, si l’avis de Marc D’Amico – reporter pour les Celtics – devait se résumer en une seule phrase, c’est que l’on a beaucoup de respect pour la carrière de Tyson Chandler, et très peu pour celle de Willie Cauley-Stein.

Eric Saar – Anthony Bennett

Qu’est-ce qu’il a dit ?

« Bennett a seulement 20 ans et son potentiel est grand, puisqu’il est déjà si bon. Il doit juste travailler sa défense et aller voir Hakeem Olajuwon pour quelques mouvements au poste. »

Qu’est-ce qu’on a à lui dire ?

Rien. Chacun s’est un peu manqué sur ce coup. Bien sûr, certains ne voyaient pas Anthony Bennett réussir en tant que first pick, mais de là à lui pronostiquer seulement quatre saisons en NBA, et une place au fond du banc de l’Hapoel Jerusalem neuf ans plus tard, c’est dur. On espère juste qu’il n’a pas fait se déplacer Hakeem Olajuwon.

Un gars de chez Draftroom – Kwame Brown

Qu’est-ce qu’il a dit ?

« Comme Garnett, Kwame Brown a des qualités athlétiques hors du commun. Il est déjà plus volumineux que Garnett et pourrait devenir un aussi bon joueur de poste que Chris Webber. »

Qu’est-ce qu’on a à lui dire ?

Qu’il est décevant de trouver un scouting report anonyme. Pas impossible non plus que l’auteur soit passé retirer son blaze quelques années (mois?) après avoir comparé Kwame Brown avec Kevin Garnett et Chris Webber. On est sur du blasphème de très haut niveau, que même son futur statut de first pick n’aurait pas pu justifier. Seul le temps autorise ce genre de comparaison.

La rédaction de TrashTalk

Qu’est-ce qu’on a dit ?

« L’impression de voir un Okoro du très pauvre »Giovanni, sur Scottie Barnes

« Choix offensifs douteux, pas top en tant que playmaker pour les copains, irrégularité dans l’effort (en particulier défensivement où il ressemble parfois à un plot) […] Je ne dis pas qu’Edwards ne peut pas devenir un joueur qui pèse en NBA, je ne dis pas non plus qu’il deviendra un bust, mais doucement sur les comparaisons avec Dwyane Wade ou Donovan Mitchell. » Nicolas, sur Anthony Edwards

« Je ne vois aucun scénario dans lequel Marvin Bagley n’arrive pas à exceller en NBA. Son pire cas ? C’est celui d’une machine à double-double qui est éventuellement en galère défensivement, et encore. Son meilleur cas ? Un Chris Bosh nouvelle génération, avec encore plus de qualités athlétiques. »Bastien, sur Marvin Bagley III

« On est loin de la hype d’un Luka Doncic ou même d’un Mikal Bridges mais Troy Brown a tous les outils nécessaires pour faire une belle et longue carrière chez les pros avec ce petit côté impulsif pour surprendre les adversaires. » Ben, sur Troy Brown

« J’ai peur qu’il glisse au mieux dans un rôle de sixth man. Alors rien d’infamant à avoir une carrière à la Jamal Crawford, mais on est loin de la hype qui entoure Trae Young depuis plusieurs mois. Vraiment, je ne crois pas en lui en tant que taulier d’une équipe ou même comme premier lieutenant sur l’avenir. »David, sur Trae Young

Un nom qui commence à prendre du poids au fil des jours : Kevin Knox. Énorme potentiel, freak qui pourrait monter au buzzer le soir de la Draft (7-10 aujourd’hui).

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) June 18, 2018

Ce tour d’horizon des pires analyses pré-draft terminé, il est temps d’envoyer de grosses bises à tous les blazes inculpés dans ce papier. Il n’est jamais facile de lire l’avenir d’un jeune adulte, et heureusement que certains se mouillent pour gamifier cet exercice bien bien casse-tête. Et devinez quoi ? Dans une semaine, on recommence.