Bradley Beal vaut-il un contrat max, à 235 millions de dollars sur 5 ans cet été…? C’est la question de la mort qu’on se pose à Washington

Le 30 déc. 2021 à 08:08 par Bastien Fontanieu

Bradley Beal
Source image : nba league pass

Si Bradley Beal est encore sous contrat actuellement avec les Wizards et que la saison est en cours, ce n’est pas une raison pour dormir tranquille dans les rues de Washington. Bien au contraire. En ce moment, une des grandes questions qui anime la direction de la franchise du Capitole est la suivante : à l’approche d’un été qui permettrait aux Wizards de prolonger leur star, est-ce que Bradley Beal vaut une extension à hauteur de 235 millions de dollars sur 5 ans ?

C’est un feuilleton qui fait déjà beaucoup de bruit sur la Côte Est des Etats-Unis, et qui devrait gagner en volume dans les mois à venir.

On parle bien évidemment de la situation sportive et financière de Bradley Beal, joueur formidable au poste d’arrière et bientôt à un tournant de sa carrière. Il en avait parlé, d’ailleurs, il y a quelques jours. Du fait qu’il allait prendre son temps. Du fait qu’il allait profiter pleinement de ses droits en tant qu’agent-libre, donc avoir des options, donc être courtisé, donc avoir un tapis rouge déroulé devant chez lui. Oui, les fans des Wizards savent très bien sur quelle route ils sont actuellement, et celle-ci ne mènera qu’à des boules au ventre jusqu’en juillet prochain. Replaçons le contexte et tous les éléments afin de mieux comprendre l’urgence ainsi que la complexité de la situation.

Bradley Beal a reçu une proposition de la part des Wizards en octobre dernier, qui aurait pu lui permettre de prolonger dans la capitale pour 4 ans et un peu plus de 180 millions de dollars. Une belle prolongation, à plus de 40 millions de dollars la saison, qui aurait offert une vraie stabilité au joueur et à sa famille, ainsi qu’un beau pactole dans sa popoche. Cela aurait aussi offert un bon bol d’air frais et d’optimisme aux dirigeants de la franchise, mais non. Non, finalement Beal et son agent ont décidé de ne pas accepter cette offre, pour plusieurs raisons. La première revient à son statut en tant que joueur. En effet, en déclinant cette prolongation, Beal a tout simplement décidé d’appliquer une règle du CBA de la NBA et le fonctionnement de son salary cap, puisqu’il a joué la carte de l’expérience. À la fin de cet exercice en cours, Bradley aura complété 10 années d’expérience dans la Grande Ligue. Ce qui, comme les règles l’indiquent, vont lui permettre de toucher un contrat allant jusqu’à 35% du salary cap sur les années à venir. Il suffisait donc de sortir sa calculette, ce que l’agent de Beal a fait, pour comprendre que la décision était financièrement facile. Accepte l’offre de Washington, et tu toucheras 180 millions de dollars sur 4 ans. Refuse, et tu pourras revenir à table des négociations l’année prochaine en demandant 235 millions de dollars sur 5 ans. Oui, on parle bien d’une extension à 235 millions de dollars par an, ce qui représente un peu plus que ce que Giannis Antetokounmpo touche (228) sachant que le Freak n’a pas encore dix ans dans la Ligue. Le premier élément à avoir en tête est donc celui expliqué à l’instant. Washington a fait une offre à Beal, il a décidé de la refuser, pour se pointer le 1er juillet 2022 à la table de Tommy Sheppard le GM et lui dire : file les 235 et je reste dans ta franchise pendant 5 ans.

Le problème, c’est que ce montant associé à Bradley Beal fait froncer plusieurs sourcils en NBA actuellement.

🚨 Si les GM de NBA adorent son talent, Bradley Beal fait flipper beaucoup de franchises en ce moment autour de cette question :

Est-ce qu’il vaut 235 millions de dollars sur 5 ans ?

C’est le max que Beal peut toucher cet été, et son agent laisse entendre qu’il ira vers ce max. pic.twitter.com/cgl2AcNIOv

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) December 29, 2021

En effet, comme certains ont pu le voir avec les contrats astronomiques signés ces derniers mois, la course au deal historique repousse les limites du salariat et nombreux sont ceux qui se font piéger dans le process. Il faut ultra-performer (Stephen Curry), sous peine de devenir un boulet dans une équipe (John Wall), un joueur trop difficilement transférable (Tobias Harris) ou un buyout inévitable (Blake Griffin). Washington fait donc face à une situation compliquée, car elle mélange à la fois du financier, du sportif, et du sentimental. En effet, Bradley Beal a effectué toute sa carrière chez les Wizards jusqu’ici, ce qui fait de lui le leader all-time de la franchise en tirs rentrés à trois points, et un Top 5 de l’histoire de la franchise en matchs joués, minutes jouées, paniers rentrés, lancers rentrés, passes effectuées et interception arrachées. Beal pourrait continuer ainsi et avoir son maillot retiré par la direction de Washington, non pas pour le palmarès de l’équipe en sa présence (un Game 7 contre Kelly Olynyk, en gros), mais pour sa production exceptionnelle depuis 2012. De plus, quand on parle sentimental, on ne peut mettre de côté la communauté, l’attache de Beal à ses fans et inversement, et le fait aussi que jusqu’ici Bradley a été… clean. Pas de demande de transferts violente, pas de nez fourré dans les affaires du GM, le Panda a fait ça proprement et c’est ce qui lui apporte cette image respectueuse à la fois du côté de Washington et chez les joueurs loyaux de longue date.

Malheureusement, si les décisions de franchise se basaient sur le sportif et les sentiments, ce serait chouette et Zach Randolph serait encore sous contrat à Memphis.

La réalité, c’est qu’il y a aussi le financier qui rentre en compte, et c’est là que les choses se compliquent. Pour tous les exploits réalisés individuellement par Bradley Beal, une question occupe l’esprit de Sheppard et son staff : est-ce qu’on parle d’un vrai franchise player ici ? Est-ce que Bradley Beal peut être aligné avec les Zach LaVine, Donovan Mitchell, Devin Booker, et dire qu’il est clairement meilleur que ces gars là ? Individuellement, certainement. Mais dans la construction d’un palmarès et sa capacité à mener son équipe jusqu’en Playoffs ou loin en Playoffs ? Pas sûr. Bien évidemment, l’arrière All-Star n’a pas été toujours bien entouré, et on peut affirmer que ses meilleurs coéquipiers en carrière sont John Wall et une demi-saison de Russell Westbrook, ce qui est un peu léger vous en conviendrez. Sauf qu’en réalisant ceci, on se retrouve également dans un schéma avec la poule et l’oeuf. Est-ce qu’on pense que Beal est un franchise player, donc on le prolonge grassement mais on a moins de sous pour bien l’entourer et récupérer une star ? Ou est-ce qu’on pense que Beal n’est pas le joueur autour duquel construire une équipe contender, et lui filer un contrat giga-max nous pose problème ? Aujourd’hui, il semblerait que Bradley et son agent veulent faire valoir leurs droits jusqu’au bout et donc viser un contrat max. S’il ne l’a pas à Washington, Beal l’aura ailleurs. Et c’est là, précisément, que les ongles sont rongés jusqu’à l’os chez les fans des Wizards. Si ce dossier est mal géré, on peut se retrouver avec une star, mécontente, à qui le max du max n’a pas été proposé, et qui décidé de tester la free agency solo, sans que Washington ne reçoive de contrepartie. Là, ce serait la merde absolue, et ce scénario existe bien.

Certaines franchises ont récemment réalisé des transferts majeurs (Atlanta avec Trae Young, Phoenix avec Devin Booker, Milwaukee avec Giannis), afin de voir jusqu’où leur superstar pouvait aller une fois bien entourée. Les Bucks ont touché le jackpot en prenant des risques, et ils se baladent aujourd’hui en bombant le torse, bague au doigt. Les Suns espéraient en faire de même et vont maximiser les dernières années de carrière de Chris Paul pour bomber le torse de leur côté dans les mois à venir. Atlanta, patience car la timeline n’est pas la même. Mais à Washington, on se pose de nombreuses questions, dont la première est cette prolongation. Est-ce qu’on va se retrouver trop rapidement dans un modèle à la Lillard – Portland, où la superstar en place touche un pactole massif, mais notre management n’a pas su entourer au mieux la superstar en question et on devient donc la punchline de la Ligue ? Et encore, on a envie de dire, ici c’est de Damian Lillard dont on parle. Donc un candidat MVP, un joueur légendaire dans sa génération, qui a déjà créé des moments historiques en Playoffs et peut dormir tranquille demain si on lui demande ce qu’il a réalisé en carrière avec les Blazers. Bradley Beal…? Meh, difficile pour lui et ses fans de dire qu’ils ont le même CV, et donc la même crédibilité. Ce qui est sûr, c’est que s’il veut toucher le maxi-pactole, Beal va devoir faire savoir ses intentions et les Wizards vont devoir prendre une immense décision.

Est-ce que Bradley Beal vaut 235 millions de dollars sur 5 ans ? Pour une franchise comme Washington, qui ne pourrait perdre un tel joueur, certainement. Mais les sentiments doivent-ils passer devant la réalité, celle d’un joueur qui jusqu’ici n’a pas prouvé grand chose à la tête d’une équipe ? Est-ce que vous fileriez un tel pactole à un numéro 2 d’une équipe qui prétend au titre ? Voilà de quoi faire réfléchir, et on peut vous garantir que ces questions vont animer les prochaines semaines de discussions…


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