Finir un mois invaincu, un exploit rare mais pas forcément annonciateur de titre : attention les Suns, c’est encore un peu tôt pour s’enflammer

Le 02 déc. 2021 à 12:57 par Cheikh Mbengue

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Les Valley Boys de Phoenix sont maintenant sur une série de 17 victoires consécutives à l’issue d’une rencontre entre les deux meilleures équipes de la NBA actuellement, les Suns et les Warriors. En plus de cette belle série des Cactus, Devin Booker n’a pas manqué de rajouter une étoile au mérite des Suns en tweetant “Novembre sans défaite”. Mais combien de franchises ont réalisé le mois parfait ? Et jusqu’où sont-elles allées en fin de saison ? Un voyage dans le tardis du Docteur Who s’impose

Pendant que les Warriors canalisent l’attention des médias, les Suns font leur bonhomme de chemin en enregistrant zéro défaite depuis le quatrième match de la saison le 27 octobre dernier. Actuellement sur 17 victoires consécutives, Phoenix fait preuve d’une efficacité létale, spécialement lors du mois de novembre avec une copie parfaite (16-0) pour les finalistes de la dernière campagne de Playoffs. Grâce à cette réalisation, les Suns rejoignent un groupe très sélect de 13 franchises invaincues sur un mois entier (minimum dix matchs joués), et parmi elle quatre ont été sacrées Champion NBA

No loss November

— Book (@DevinBook) December 1, 2021

Les premiers remontent à 75 ans au moment des grands débuts de la NBA (BAA à l’époque) : les Washington Capitols de la saison 1946-47 parviennent à enchaîner un 10-0, s’offrant ainsi un mois de décembre sans bavure. Ils sont d’ailleurs les premiers à établir un record de 17 victoires d’affilée. Cette saison-là, Washington finit à la première place de la Division Est mais échoue en demi-finale des Playoffs (4-2 contre les Chicago Stags) malgré un Bob Feerick étincelant. 

Après les Capitols suivront les légendaires Celtics de la saison 1959-60, avec Bill Russell, Bob Cousy ou encore Tom Heinsohn qui sont invincibles sur le mois de décembre 1959 (15-0). Mais en plus de ce record, ils remporteront le titre NBA cette année-là. L’histoire de la Ligue sera à jamais marquée par l’avènement de la dynastie la plus dominante all-time. Les Celtics ont traversé les sixties, remportant neuf titres en dix saisons dont sept d’affilée de 1960 à 1966 (huit si on compte 1959). Une décennie presque parfaite qui n’a jamais été reproduite dans les grands sports professionnels nord-américains.

Douze ans plus tard, ce sont les Lakers de la saison 1971-72 qui battent tous les records. Ils détiennent celui du plus grand nombre de victoires d’affilée dans l’histoire de la Ligue (33). De très beaux noms composaient cet effectif à l’époque : Jerry West, Gail Goodrich, Elgin Baylor, Wilt Chamberlain et un certain Pat Riley. Pour Los Angeles, ce fut une saison magique avec un mois de décembre impeccable (16-0), un titre de champion à la clé (4-1 contre les Knicks en finale) et de nombreuses victoires personnelles car plusieurs joueurs sont aujourd’hui Hall of Famers. Pour le basket, ce fut une saison de transition, lorsque le style de la Côte Ouest a pris le pas sur la sophistication de la Côte Est. 

Avant de revoir le phénomène se reproduire, il faudra laisser passer deux décennies. Dans les nineties, les prétendants au mois parfait s’enchaînent et cela commence avec la saison 1993-94. New York avait buté sur les Bulls de Michael Jordan en 1991, 1992 et 1993 et avec la retraite (temporaire) de ce dernier et un mois de mars rondement mené (14-0), les Knicks de Patrick Ewing sont les candidats désignés au titre. Mais malheureusement pour les Orange & Blue, la NBA compte un autre géant doté d’un incommensurable talent pour leur barrer la route en Finales NBA : Hakeem “The Dream” Olajuwon. Un certain Michael Jeffrey Jordan a été mentionné dans l’histoire des Knicks et ce n’est pas un hasard car après son retour du baseball, Mike arrive plus affamé que jamais, in shape et prêt à tout pulvériser sur son passage avec un 14-0 au mois de janvier 1996 aux côtés de ses fidèles acolytes Dennis Rodman et Scottie Pippen (plus si fidèle que ça en fait). La particularité de cette saison 1995-96 est que deux équipes réussiront à toucher la perfection sur un mois : les Bulls vous l’aurez deviné, mais aussi les Spurs de David Robinson qui réalisent un 16-0 au mois de mars. Cependant, les foudres déchaînées par MJ sont insoutenables cette année-là. Sous les ordres de Phil Jackson, les Bulls seront champions et consolideront leur dynastie en remportant le titre les deux années suivantes. Cependant, une autre génération de Spurs va réécrire l’histoire en 2013-14 sous les ordres de Gregg Popovich et avec un roster composé de Tim Duncan, Tony Parker, Manu Ginobili et l’étoile montante de l’époque Kawhi Leonard. Ces Spurs-là réalisent le même mois que leur homologue de la saison 1996 (16-0 en mars), mais finissent surtout par remporter le titre contre le Heat du Big Three LeBron James – Dwyane Wade – Chris Bosh.

Avant les Spurs, les années 2000 verront deux membres s’inviter dans notre mois de la perfection. C’est le cas des Mavericks de papy Dirk Nowitzki sur la saison 2006-07 (10-0 en février), vainqueurs de 67 matchs en tout et premiers à l’Ouest avec également Jason Terry et Josh Howard dans leurs rangs. Mais ils buteront sur les Warriors dès le premier tour dans un légendaire upset qui forgera la légende de… Matt Barnes, Stephen Jackson ou encore Baron Davis. Les prochains à réaliser un mois parfait sont les Rockets de Tracy McGrady en 2007-08, avec un 13-0 en février malgré un Yao Ming blessé. Houston finit cinquième à l’Ouest mais chute d’entrée en Playoffs contre le Jazz qui l’emporte (4-2). Une deuxième génération de Fusées jouera les messieurs parfaits une décennie plus tard, celle de James Harden (qui finit MVP en 2018) et Chris Paul, avec un mois de février très abouti (12-0). Les Rockets perdront cependant près du but, en Finales de Conférence face aux Warriors version Kevin Durant (si seulement CP3 ne s’était pas blessé…).

Enfin, on se doit de parler aussi des Clippers de la saison 2012-13, qui rejoignent le club avec un 16-0 sur le mois de décembre et qui pouvaient compter sur un bel effectif avec du vintage Blake Griffin, encore et toujours Chris Paul et un DeAndre Jordan toujours capable de courir. Sur le papier l’équipe est belle, le spectacle est le plus souvent au rendez-vous mais ils n’arriveront jamais à atteindre les Finales de Conférence Ouest. Après L.A., deux franchises se succéderont. Tout d’abord les Hawks version 2014-15 dirigés par Mike Budenholzer, qui imiteront les Suns de cette année avec un 17-0 mais eux ont préféré le mois de janvier. Kyle Korver et Paul Millsap ont touché des sommets dans cette équipe, ainsi qu’Al Horford, DeMarre Carroll et Jeff Teague. Le cinq de départ était si bon qu’ils ont tous été nommés « joueur du mois » de la NBA pour janvier 2015, sérieusement ! Les Hawks se qualifient en prime pour la Finale de la Conférence Est en tant que tête de série avec 60 victoires, mais cette conférence à un roi qui mettra fin au rêve : LeBron James. Enfin, les derniers en date à avoir réalisé cet exploit avant les Suns sont leur adversaire de mardi, les Warriors. En 2015-16, les Dubs roulent sur tout le monde avec le back-to-back MVP Stephen Curry. Ils commencent la saison avec 24 victoires de suite – 16-0 en novembre – et enregistrent le meilleur bilan de l’histoire de la Ligue avec 73 victoires pour 9 défaites, rien que ça. Logiquement, les Dubs sont premiers à l’Ouest et iront jusqu’en Finales NBA, qui vont se terminer par l’un des plus beaux comebacks de l’histoire et une défaite choquante de Golden State : 3-1 lead, block by James, Cleeeeeeeveland this is for you !” Bref, vous connaissez.

Comme vous pouvez le constater, une grosse série et un mois invaincu ne sont pas forcément des signes annonciateurs d’un futur titre NBA. Mais les Suns sont désormais dans cette catégorie et voudront devenir la cinquième franchise à remporter la bague après avoir réalisé un mois parfait.

Source : Land of Basketball


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