Gary Suiter : pire joueur de l’histoire pour les uns, gros filou pour les autres, mais surtout un phénomène absolument all-time

Le 23 oct. 2021 à 17:14 par Alexandre Taupin

Gary Suiter 23 octobre 2021
Source image : Youtube

Décédé il y a 39 ans jour pour jour, Gary Suiter était un joueur comme on en trouvait peu. Pas très doué sur le parquet, gaffeur et filou en dehors, le joueur a traîné une triste réputation pendant sa très courte carrière NBA. Un ensemble de facteurs qui ont conduit un certain nombre de fans à lui offrir le titre peu glorieux de WOAT : the Worst of All-Time. 

Comme toute hiérarchie qui se respecte, s’il y a un sommet c’est qu’il y aussi un fond. Et puisque le major de promo est opposé à l’élève Ducobu, le GOAT se doit lui aussi d’avoir sa version maléfique : le WOAT. Si les fans continuent de se déchirer pour choisir le premier, trouver le deuxième n’est pas une partie facile. On se doute que si on lançait le sujet, la plupart des gens opteraient pour les busts classiques de la NBA, Anthony Bennett, Darko Milicic et compagnie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il existe pourtant des joueurs bien plus mauvais dans l’histoire de la Ligue. Celui dont on vous parle aujourd’hui est l’habile combinaison d’un joueur catastrophique sur le terrain et tellement insupportable en dehors que Ben Simmons paraîtra être un ange à côté de lui. Voici l’histoire de Gary Suiter, pivot des Cleveland Cavaliers au début des années 70, que l’on a décidé de vous le résumer en six anecdotes et, spoiler, on remarquera qu’il a fait des émules. Et pour tous ceux qui voudraient approfondir un peu sur le phénomène, on vous recommande une excellente vidéo sur la chaîne Youtube de Velodus.

# Aussi insupportable que Rick Barry

Pour ceux qui ne le sauraient pas, Rick Barry traînait une sale réputation en NBA. Non seulement, il était détesté par ses adversaires mais aussi… par ses propres coéquipiers. Si la star des Warriors a eu quinze ans pour se faire haïr de tous, Gary Suiter n’a pour sa part eu besoin que de quelques semaines pour être détesté par ses camarades de vestiaire. L’une des meilleures histoires concernant ce beef permanent était la gestion des… chambres de l’effectif. À l’époque, les joueurs étaient mis par deux à l’hôtel. Problème : personne ne voulait squatter avec Suiter. La solution trouvée par le coach ? Le joueur qui perd le plus de ballons en match devient le coloc du pivot pour le déplacement suivant. Autant dire qu’il valait mieux réfléchir au moment de faire une passe.

# Aussi débrouillard que Kwame Brown 

À son arrivée en NBA, Kwame Brown n’était qu’un gamin et pas forcément le plus malin. Un jour, il a séché l’entraînement des Wizards parce qu’il n’avait plus de fringues à se mettre, elles étaient toutes sales, il ne savait pas les laver et il était donc bloqué chez lui… Dans la même veine, Gary Suiter a fait très fort. Non content de s’enfermer régulièrement dans les vestiaires voire dans les toilettes de l’avion, le Big Man avait également réussi l’exploit de s’assommer tout seul dans sa chambre d’hôtel car il n’avait pas pris conscience qu’à 2m06 il était obligatoire pour lui de baisser la tête pour franchir la porte.

# Aussi désinvolte que Nerlens Noel

Il y a quatre ans, Nerlens Noel avait défrayé la chronique en mangeant un hot-dog à la mi-temps d’un match. Autant dire que ses rapports avec Rick Carlisle n’étaient pas près de s’améliorer. Avant lui, Gary Suiter avait fait encore mieux. Alors qu’il devait enfin goûter à sa première titularisation en carrière, la faute à une cascade de blessures, le joueur est alors… introuvable au moment d’attaquer l’échauffement. Encore bloqué dans les vestiaires ? Non. Un assistant de Bill Fitch réussit enfin à le trouver à… la buvette du stade. Entièrement en tenue de match, le joueur est allé se chercher un hot-dog et une bière. Il sera retiré des starters dans la foulée et coupé juste après. On espère que son encas en valait la peine.

# Aussi tchatcheur que Victor Oladipo

En 2020, alors qu’il voulait quitter Indiana, Dipo avait eu une idée subtile : aller glisser un mot ou deux aux mecs des équipes en face. En bref, si vous pouvez dire à votre GM que j’adore votre team et que le maillot m’irait hyper bien ce serait super. Même s’il n’avait pas un centième du talent de Toto, Gary Suiter avait, lui aussi, eu cette idée en 1970. La petite différence avec Oladipo était que Suiter ne perdait pas de temps à demander à des intermédiaires puisqu’il allait directement voir le coach adverse pour tenter de se vendre. Étrangement, personne n’a mordu à l’hameçon.

# Aussi multi-comptes que Kevin Durant

La comparaison est un peu osée cette fois mais pas tant que ça non plus. Alors que KD avait créé un faux compte sur Twitter pour balancer quelques vérités qu’il ne pouvait pas dire publiquement, Suiter avait lui une autre vision de l’anonymat. Pas d’oiseau bleu pour le pivot mais une belle utilisation du téléphone. Ça commence par des appels dans les bureaux de Cleveland en se faisant passer pour un fan. Objectif : dire tout l’amour qu’il a envers Suiter et qu’il devrait jouer plus souvent. Pas de chance, la réceptionniste avait reconnu la voix du joueur… De la même façon, ce bon vieux Gary, se présentant comme un joueur des Cavs, avait fait croire à un magasin de pompes funèbres local qu’il venait de perdre un proche. Exigeant un téléphone et un peu d’intimité pour préparer les obsèques, il avait en fait profité de ce moment pour appeler tous les autres GM de la Ligue. Les croquemorts sont ensuite aller offrir la note téléphonique (700$) à la franchise de l’Ohio, bien entendu.

# Aussi fraudeur que Tony Allen et ses copains

C’est un scandale qui a fait grand bruit ces dernières semaines : 18 joueurs arrêtés par la police pour une fraude à l’assurance santé. Si Gary Suiter n’a pas fraudé la NBA ou le Fisc, il a tenté (sans succès) de la faire à l’envers à sa propre franchise. Coupé par les Cavs, Suiter devait se présenter pour toucher son dernier chèque. C’est alors qu’il apprend que les joueurs mariés peuvent demander le remboursement de certains frais de voyages. Bien qu’il ne soit pas marié, le pivot compte récupérer sa part du gâteau. Comment compte-t-il s’y prendre ? Tout simplement en allant payer une prostitué pour qu’elle joue le rôle de son épouse, juste le temps de récupérer la somme. Le plan est astucieux et il aurait pu fonctionner si Bill Fitch, son ancien coach, n’était pas arrivé juste au bon moment pour contrecarrer la supercherie.

30 matchs en carrière pour 29 défaites, des moyennes de 1.4 point et 1.4 rebond et un comportement aussi folklorique que non-professionnel, voici donc Gary Suiter, candidat légitime au statut de pire joueur de l’histoire de la NBA. Un titre qu’il ne peut pas contester puisqu’il fut malheureusement assassiné en 1982 à cause… d’une dette de jeu. Mythique du début à la fin. 

Sources texte : Youtube / Velodus, BasketBall-Reference, Mental Floss, Mary Schmitt Boyer / The Plain Dealer via apbr.org, The Top 20 Moments in Cleveland Sports : Tremendous Tales of Heroes and Heartbreaks de Bob Dyer (Gray & Company Publishers)


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