Giannis Antetokounmpo au sommet de son art : 2 MVP, 1 DPOY et une bague, ça donne quoi ça dans un classement all-time ?

Le 18 oct. 2021 à 12:41 par Arthur Baudin

giannis antetokounmpo
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Parce qu’après le premier titre d’une carrière, classer Giannis « entre Michael Jordan et Sebastian Telfair » ne suffit plus et qu’il faut resserrer l’étau, si ce n’est le faire grimper tout en haut. Pour ce faire, nous enfilons les gants de ceux qui n’ont pas peur du blasphème mais qui souhaitent y toucher avec un argumentaire bien solide. Et vous, quelle place pour le Grec ?

Comment situer un bonhomme dans un classement all-time ? Quel mode d’emploi ? La première étape consiste à lui trouver sa tranche la plus large, et à nos yeux ils en existent cinq. Les Bruce Toussaint (ceux qui n’ont jamais joué en NBA), les Ish Smith (ceux qui y ont joué mais qui sont nuls), les Evan Fournier (ceux qui y ont joué et qui sont bons), les Khris Middleton (ceux qui y ont joué et qui sont très bons) et les Shaquille O’Neal (ceux qui y ont joué et qui sont les meilleurs). Dans un premier temps, décortiquez le palmarès de votre joueur et placez-le dans la section qui lui correspond. Attention, ce travail est à réaliser en parallèle de l’analyse des stats persos car Axel Toupane – aussi belles soient ses couleurs – ne mérite pas forcément de figurer dans la famille des « ceux qui y ont joué et qui sont très bons ». À l’inverse, Tracy McGrady et son armoire à trophée toute poussiéreuse méritent sans doute mieux que d’être considérés parmi « ceux qui y ont joué et qui sont bons ». Pour ce qui est de Giannis Antetokounmpo, deux statuettes de Most Valuable Player, une de Defensive Player of the Year et un titre de champion très récemment acquis font de lui l’une des silhouettes de la classe dorée, celle des érudits qui « y ont joué et qui sont les meilleurs ». Avec la victoire finale face aux Suns en juillet dernier, le Grec vient très probablement d’intégrer cette catégorie très fermée, couplant succès individuel et collectif, le genre de haut fait auquel les portes d’un classement all-time résistent difficilement

Même si le schéma de classification d’un joueur paraissait jusqu’à présent très organisé dans nos têtes, la deuxième étape est en fait la dernière d’une impro bien foireuse. Il s’agit désormais de sortir les arguments – aussi bidons soient-ils – afin de convaincre plus aisément votre vis-à-vis. Pour un rhodanien, la venue du Grec à Feurs peut par exemple faire office d’outil de légitimation d’une place vraisemblablement haute. Il existe cependant des faits bien plus cohérents lorsqu’il s’agit de justifier une – on ne sait pas nous – trentième place ? On peut parler de la progression statistique constante de Giannis de 2013 à 2020, faisant ainsi le lien avec une éthique de boulot irréprochable, par ailleurs très proche de la mentalité que prônait son défunt mentor, Kobe Bryant. Sa polyvalence est également un beau potentiel de blabla : le type score 30 pions par match et tope un trophée de DPOY la même saison, comment dit-on indécence en cainri ? Le plus délirant dans tout ça, c’est que le Greek Freak file sur ses 27 ans en décembre, ce qui est quand même extrêmement jeune par rapport aux accomplissements déjà réalisés. Dans dix piges, sa place dans un classement all-time sera probablement bien différente de la tranche qu’on lui attribue aujourd’hui.

Jeune, efficace, fidèle, leader et plutôt marrant, Giannis Antetokounmpo possède bon nombre de qualités que certains très grands n’ont jamais eu. Le quinzième choix de la Draft 2013 est aussi le résultat d’un long Process qui dénote le mérite de sa réussite, faisant de lui un destin tout à fait inopiné et l’un des plus beaux qu’ait connu la NBA. On connait son passif compliqué de vendeur à la sauvette dans les rues d’Athènes et lorsque l’on établit la comparaison avec sa situation actuelle, le chemin parcouru peut – pour beaucoup – participer à accroître sa greatness. Difficile d’ignorer le step-up, ce qui fait que l’interrogation suivante apparaît comme tout à fait légitime : un ado mis dans de parfaites conditions pour réussir a-t-il autant de mérite qu’un garçon comme Ben Wallace, sorti de la misère par le boulot ? Et ce niveau de mérite justement, doit-il participer à la classification all-time du joueur concerné ? Bon, on part en disserte de philo là, il est donc utile de rappeler qu’un classement all-time ne pourra jamais retranscrire certaines émotions. Deux chiffres – ou un seul, dans le cas des tous meilleurs – ne suffisent à partager l’entièreté des bons moments que nous a fait vivre un garçon. Une centième place de Latrell Sprewell ne se consulte pas, elle se raconte. Dans le cas de Giannis, que le dernier été fut magnifique.

Évasifs, nous ? Hahaha, sérieusement, on nous l’avait pas sortie depuis longtemps celle-là. Si l’on évite de prendre position quant à une place bien définie, c’est aussi parce qu’il reste potentiellement une dizaine d’années à Giannis pour continuer de fumer les compteurs statistiques et que, chaque saison, il vise le titre comme s’il fallait en toper douze.


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