Theo Maledon et Aleksej Pokusevski dans les veines, Jaylen Hoard en invité surprise : le Thunder perd mais le Thunder nous éclate
Le 08 avr. 2021 à 08:51 par Giovanni Marriette
On ne va pas y aller par quatre chemins : elle est sacrément chelou cette équipe du Thunder, mais elle est sacrément kiffante. Exit depuis quelques matchs – pour des raisons différentes – les Shai Gilgeous-Alexander, Al Horford, Luguentz Dort, Mike Muscala ou Hamidou Diallo, bref tout ce qui ressemble de près ou de loin à un basketteur avec de l’expérience, et bienvenue aux étoiles montantes – ou non – d’Oklahoma City. Les défaites s’enchaînent, this is the process, mais les belles surprises sont nombreuses, et parmi elles une frange tricolore bien appréciable.
Shai Gilgeous-Alexander ? Incroyable sur la première partie de saison mais actuellement sur le flanc à cause d’une blessure au pied. Luguentz Dort, improbable vétéran de même pas 22 ans, lui aussi auteur d’une grosse saison mais également out. Mike Muscala ? Cheville. Hamidou Diallo ? Parti à Detroit contre Svi Mykhailiuk. Al Horford ? Trop vieux et mis au ban. Ouf, Darius Bazley est dans la place, oui mais non, épaule. Résultat des courses ? Le coach rookie Mark Daigneault est le sosie de Mr. Bean mais il dispose surtout en ce moment d’un Kenrich Williams dont la coupe mulet est affreuse mais qui fait surtout office de vieux croûton du haut de ses 26 piges, car tout autour de lui c’est un véritable centre de formation qui s’est mis en place, et cette nuit n’en fut qu’une de plus au rayon des bons moments passés en compagnie de ce drôle de centre aéré. Les héros du jour ? Aleksej Pokusevski tout d’abord, espèce de créature hybride entre un homme et un poney, ailier longiligne dont on a l’impression qu’un éternuement en France pourrait le faire tomber aux Etats-Unis. Du mal en tout début de saison avec une succession d’apparitions dans la section bloopers n’ayant comme résonnance que ses air-balls, mais depuis le passage du géant serbe en G League ce dernier est un autre homme, a gagné en confiance et en poignet. 23 points face à Memphis, 21 contre les Mavs, 20 à Phoenix, 19 contre Detroit et donc 25 cette nuit face aux Hornets, record de sa jeune carrière grâce notamment à un 4/4 initial du parking (7/11 au final). “San Poku”, “Poku forever”, “je t’aime un peu, Poku, à la folie”, la foire au surnom est lancée et devrait bientôt nous offrir une sucrerie made in OKC.
Le jeune Aleksej donc, mis sur orbite par la confiance et les minutes accordées par son coach, mais également – tu le sais – le petit Theo Maledon, de plus en plus à l’aise dans son rôle de… patron de la franchise. Vous avez bien lu hein, pas besoin de se frotter les yeux.
Poku’Mon tourne à 16 points par match en avril ? Theo place pour sa part la barre au dessus des 18 et après avoir planté la bagatelle de 33 pions sur les Suns la semaine passée voici qu’il en a offert 25 cette nuit à la ruche des Hornets. Toujours aussi serein pour gérer le tempo de l’attaque de son équipe, Theo a la tronche du premier de la classe mais également d’un mec qui joue en NBA depuis quinze ans, tant son flegme transpire à travers l’écran. Toujours le bon choix, jamais dans la précipitation, et déjà les comparaisons les plus folles pour le jeune français, des comparaisons initiales TP évidemment, puisque vous savez tous quel est le dernier frenchie à avoir performé si tôt et si vite au poste de meneur. Future is bright comme on peut le lire sur les tatouages de quelques gros beaufs, et future is la France comme doivent commencer à le brailler quelques broadcasters puisque depuis deux matchs c’est… Jaylen Hoard qui a rejoint Theo Maledon pour apprendre aux habitants d’OKC à parler gaulois. Jaylen Hoard ? Pour les non-initiés ? Un freak à la française mais biberonnée à l’américaine, du côté de Wake Forest, là où quelques Tim Duncan ou Chris Paul, entre autres, ont également fait leurs gammes. Passé sans réussite par les Blazers la saison passée, le fils de l’ancienne star de Pro A Antwon Hoard a finalement débarqué en début de semaine et en two-way contract dans le centre des Etats-Unis, car le Thunder s’est dit qu’après tout “la France c’est bien”, et deux jours après avoir partagé un parquet NBA avec… trois compatriotes, voilà qu’il a de nouveau montré le bout de son nez cette nuit en sortie de banc avec 9 points et notamment une première mi-temps très propre.
Trois belles raisons de kiffer ce Thunder 3.0 donc, mais le meilleur dans tout ça c’est que nos trois amis sont loin d’être les seules étincelles allumant actuellement la Chesapeake de leur tendre mais excitante lumière. On pense à Moses Brown par exemple, auteur d’un match chamberlainesque il y a une semaine, on pense à Isaiah Roby, membre éminent de la Freak Team du futur, on parlait de Shai Gilgeous-Alexander, Darius Bazley et Lulu Dort un peu plus haut, eux qui ne dépassent pas encore les 22 piges, et on pense évidemment aux TRENTE-QUATRE picks de draft en possession de la franchise jusqu’en 2028, de quoi nous faire bouffer du Thunder pendant un moment et, privilège rarissime, à la sauce française.
Défaite cette nuit face aux Hornets mais une fois de plus… l’essentiel est ailleurs. A former des jeunes dans le but de les transformer en futurs cracks, et si possible dans la joie et la bonne humeur. Pour l’instant la sauce prend et OKC a même réussi à gagner plus de matchs que six franchises NBA, on veur dire six franchises qui jouent… avec de vrais joueurs NBA. On dit merci qui ? Merci Jacquie et… Sam Presti.