Clipper Darrell, ce superfan en manque de basket : l’attente devient longue, même quand on supporte les Clippers

Le 02 avr. 2021 à 17:58 par Nicolas Meichel

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Dans l’univers de la NBA, certains personnages ont gagné le statut de superfan à travers la fidélité démontrée à leur franchise de cœur, leur présence accrue dans les tribunes et leur notoriété. Jack Nicholson pour les Lakers et Spike Lee pour les Knicks sont les plus connus, mais impossible de ne pas citer Clipper Darrell. S’il n’est pas une star de cinéma, il fait partie des grands visages du supporterisme NBA et s’il y en a bien un qui souffre des restrictions sanitaires actuelles, c’est lui. 

Les temps sont durs pour Clipper Darrell. Déjà, d’une manière générale, quand vous êtes un fan des Clippers, la vie est difficile. L’autre équipe de Los Angeles respire la lose depuis un bon bout de temps et on ne compte plus les déceptions et autres craquages en règle qui caractérisent l’histoire de la franchise, en particulier ces dernières années. Vraiment compétitifs pour la première fois à partir des années 2010 (seulement quatre qualifications en Playoffs avant, pour une seule série remportée en 2006) et l’arrivée du duo Blake Griffin – Chris Paul, les Clippers n’ont jamais réussi à atteindre les Finales de Conférence Ouest, enchaînant les déceptions année après année. On se souvient notamment de la défaite face aux Rockets en 2015 malgré un avantage de 3-1 en demi-finale de conf’, le genre de scénario qui s’est reproduit dans la bulle de Mickey il y a quelques mois, avec ce choke monumental face aux Nuggets. Pour Clipper Darrell, qui attend toujours une qualification dans le dernier carré des Playoffs, cette défaite a été extrêmement difficile à avaler. Derrière sa TV, il a vu Kawhi Leonard, Paul George & Cie se planter lamentablement. Juste terrible. Et peut-être pire encore, ce sont les Lakers qui sont repartis du monde de Disney avec le Larry O’Brien Trophy dans les mains.

“On était en plein boom. Mais le COVID est arrivé, et vous savez, cela m’a brisé le cœur de voir l’autre équipe de Los Angeles, cette équipe de seconde zone, gagner” a déclaré Clipper Darrell en souriant via The Athletic.

“Cela m’a tué. Et quand tous vos amis et toute votre famille sont fans des Lakers, c’est terrible. Mec, mon téléphone n’a pas arrêté de sonner. J’ai hiberné pendant genre trois semaines. Je ne sortais plus. Je ne répondais pas au téléphone, je n’étais pas sur les réseaux sociaux. Rien de tout ça mec. Parce que ça m’a brisé le cœur de voir ça.”

La vraie question de base, c’est comment peut-on devenir supporter des Clippers quand on est à Los Angeles, terre des mythiques Lakers. 90% – pour ne pas dire plus – des gens qui naissent et grandissent dans la Cité des Anges comme Darrell Bailey possèdent le sang pourpre et or. Pas Darrell. Lui, c’est le bleu et le rouge. Un attachement qui puise son origine dans son histoire personnel. Il a quitté l’université prématurément, il s’est débrouillé pour toujours avoir un job, mais a fini par se faire jeter de son poste de manager dans une entreprise de téléphonie suite à une altercation avec son patron. C’était au début des années 1990, quelques années après l’arrivée des Clippers à Los Angeles en provenance de San Diego.

“Je me suis fait virer, et on m’a dit que je ne ferais jamais rien de ma vie. Et quand c’est comme ça, vous avez tendance à vous apitoyer sur votre sort. Je suis rentré, je me suis allongé sur le canapé, et j’ai allumé la TV. Il y avait un match des Clippers. Ils disaient exactement la même chose à propos d’eux, à quel point ils étaient horribles, qu’ils n’arriveraient jamais à rien. J’ai dit, ‘Cela va être mon équipe, on va vivre et mourir ensemble’.”

Le reste fait partie de l’histoire comme on dit. Darrell Bailey est devenu Clipper Darrell, ce superfan reconnaissable entre mille avec sa veste rouge et bleu, sa voiture 100% customisée Clippers et sa maison aux couleurs de la franchise de l’ombre de Los Angeles. Mais avant Clipper Darrell, il était surnommé “The Dancing Man” pour ses chorégraphies improvisées dans les tribunes du Staples Center, sa deuxième maison depuis son premier abonnement en 2000. Son surnom a changé quelques années plus tard sous l’impulsion de plusieurs animateurs radio avec lesquels il avait pris l’habitude d’échanger. Et Clipper Darrell, qui sonne plutôt bien, est resté jusqu’à aujourd’hui.

Mais aujourd’hui, on le sait tous, les fans sont en nombre très limité dans les tribunes, COVID oblige. Certaines salles sont d’ailleurs toujours fermées au public, dont le Staples Center. Pour un superfan comme Clipper Darrell, toujours à fond derrière son équipe à chaque match et toujours là pour chambrer, c’est particulièrement difficile à vivre, surtout que les Clips n’ont sans doute jamais eu autant de chances de jouer le titre. Alors non seulement il ne peut pas vivre pleinement sa plus grande passion, mais en plus il ne peut pas bosser dans son costume de Clipper Darrell. Pas d’émission radio pour parler de sa franchise de cœur, impossible d’organiser le moindre événement, rien du tout.

“Il n’y a pas de sponsors, pas de boulot. Je suis un animateur. J’organise des événements. Je faisais beaucoup de choses avec, et pour les joueurs, au cours des années pour des entreprises et ce genre de choses. Personne n’organise ces événements. Cela casse le moral. Il y a deux choses dans la vie qui me permettent de toujours tenir, aller à l’église et aller à un match des Clippers. Cela me fait oublier tous mes problèmes pour les deux-trois heures qui suivent.”

Courage Clipper Darrell, un jour tu pourras revenir au Staples Center pour encourager ton équipe fétiche. Et qui sait, peut-être que tu vas même goûter à la joie de voir les Clippers remporter un titre de champion NBA prochainement. “Cela fait 28 saisons que je supporte les Clippers. On a toujours été en bas. Alors rien que de pouvoir mettre Clippers et titre NBA dans la même phrase, c’est faaaantastique !” 

Source texte : The Athletic

"The Laker era is OVER. It's Clipper time!"

Clipper Darrell cried when he found out they got Kawhi and PG. pic.twitter.com/rX0MHzkKpx

— NBA on ESPN (@ESPNNBA) July 11, 2019