Défenseur de l’Année 2020-21 : Anthony Davis prend la pole mais ça souffle fort en français dans sa nuque

Le 30 janv. 2021 à 15:00 par Alexandre Taupin

Anthony Davis 2 octobre 2020
Source image : Youtube

Ils sont les gardiens du temple, les body guards, les stoppeurs, les remparts (premier ou dernier peu importe). Eux ce sont les défenseurs, ceux qui dorment bien dès que tu finis à 2/15 et cinq turnovers pour conclure le spectacle de ta propre déchéance. Assurances tous risques de leurs équipes respectives, ils vouent un culte au Defensive Player of the Year, le DPOY. L’an dernier, Giannis Antetokounmpo avait été couronné devant Anthony Davis et Rudy Gobert, quid de cette saison 2020-21 ?

NB : Rien ne divise plus qu’un classement sous forme de Top 10 et forcément les avis des uns divergeront de ceux des autres. On est comme vous, des observateurs de la NBA et de l’univers de la balle orange, on se lève la nuit pour mater des matchs et on tente en toute objectivité de classer tous ces gaillards. On n’a pas de boule de cristal, il ne s’agit que d’un ressenti après un mois de compétition et non pas une finalité. Ceci étant dit, on se lance ? 

Mentions honorables : Jrue Holiday, les Knicks, Royce O’Neale et tout Salt Lake City, les Clippers, Isaac Okoro, Jaylen Brown, Luguentz Dort, OG Anunoby, Bam Adebayo, Draymond Green.

#10 – Marcus Smart

Certains vont peut-être criser en voyant Marcus Smart “seulement” dixième de ce classement et on va les rassurer de suite : le bulldog des Celtics fait toujours partie de l’élite de la Ligue, l’un des meilleurs défenseurs sur le périmètre (1,8 interception, Top 5 de la Ligue) et même un chieur pour certains big men. Si on faisait notre classement sur le talent défensif individuel, l’ami Marcus serait sans le moindre doute plus haut mais comme on doit aussi intégrer les chiffres de son équipe c’est une dixième place plutôt logique pour le meilleur pote de Joel Embiid. Même si on peut souligner l’apport grandissant d’un Jaylen Brown toujours plus appliqué défensivement, c’est bien lui le leader défensif de Boston et pourtant les Celtics pointent à la quatorzième place du defensive rating et sont dixièmes aux points encaissés. Le capitaine est au top mais le navire prend trop l’eau pour arriver à destination de la première place.

#9 – Clint Capela

Dire que les Hawks attendaient beaucoup de Clint Capela est un euphémisme. Pire défense de la Ligue l’an dernier, Atlanta est à présent revenu dans la première moitié tant au rating qu’aux points encaissés et il est dur de ne pas lier cette amélioration avec le retour de blessure de Clint. Si Swiss Bank n’est pas le seul responsable (Nate McMillan ?), c’est lui le pilier défensif de cette équipe et il n’a pas grand-chose à envier aux autres références de la Ligue en termes de chiffres : troisième meilleur contreur, deuxième rebondeur, quatrième aux rebonds défensifs, un défensive rating à 102. C’est d’ailleurs ses plus hautes marques aux rebonds (14,5) et aux contres (2,3) depuis le début de sa carrière. Hormis un séisme, on ne verra pas Capela lever la statuette en fin de saison mais vu l’impact qu’il a eu sur la bande à Lloyd Pierce, cela méritait bien une entrée dans le Top 10.

#8 – Larry Nance Jr.

Impossible de ne pas mettre un membre des Cavs dans ce classement tant ils impressionnent sur ce début de saison. Qui aurait miser une pièce sur Cleveland, solide sixième à l’Est et capable de taper deux fois des Nets en mode Monstars ? Soyons honnêtes cinq minutes, personne. On était particulièrement ravis de voir Isaac Okoro rejoindre cette équipe des Cavs car ça manquait cruellement de QI défensif et surtout de hargne de ce côté du terrain. Pourtant, après un mois de compétition, Cleveland fait partie des dix meilleures défenses de notre championnat et c’est une phrase bien bizarre. Même si on apprécie à fond le boulot réalisé par le rookie, c’est sans doute Larry Nance Jr. qui est l’élément le plus important dans l’organisation défensive de J.B. Bickerstaff. C’est tout simplement le meilleur intercepteur de la NBA avec 2,2 steals par match ! Dépeint comme un simple showman à L.A. du fait de ses qualités de dunkeur, LNJ impressionne semaine après semaine par sa vision du jeu, son placement et sa capacité à sentir les bons coups. Un vrai plus des deux côtés du terrain et une huitième place méritée dans notre classement.

#7 – Giannis Antetokounmpo

Le champion en titre n’est que septième de notre Top 10 et comme Marcus Smart il paye sans doute les résultats collectifs puisque les Bucks ont clairement baissé le pied. Huitième au rating, dans le ventre mou aux points encaissés, Milwaukee n’est pas une mauvaise défense mais ce n’est plus une très grande défense. Pourtant avec le renfort de Jrue Holiday, l’un des meilleurs défenseurs sur le backcourt (quatrième au classement des interceptions et dans nos mentions), il y avait de quoi faire. L’ancien Pel’ met bien la main à la pâte mais c’est le groupe dans son ensemble qui doit step-up pour redresser la barre. On rappelle que les Bucks étaient la meilleure défense du pays il y a quelques mois et forcément la chute au classement fait d’autant plus tâche sur la candidature de son meilleur élément. Individuellement parlant, Giannis est toujours le même freak capable de défendre les postes 1 à 5 que ce soit dans le périmètre ou proche du cercle mais s’il n’arrive pas à porter son groupe vers de meilleures moyennes, il n’aura aucune chance de réaliser le doublé. Pour info, aucun des DPOY des saisons précédentes n’évoluaient dans une équipe en dehors du Top 3 des meilleurs défenses au rating. Vous pouvez checker.

#6 – Mikal Bridges

Lui pour le coup profite bien des progrès réalisés par les Suns cette saison en défense. On pourra toujours dire qu’il n’est pas le seul responsable car récupérer Chris Paul et Jae Crowder c’est toujours utile pour s’améliorer dans sa moitié de terrain, surtout quand Booker et Ayton s’y mettent mais damn… ce gamin est en train de devenir un des meilleurs défenseurs sur les ailes de toute la NBA. On vous avait déjà parlé du phénomène lorsque les Suns démarraient la saison pied au plancher mais ce qui était alors un premier jet se confirme de semaine en semaine. Il se coltine soir après soir les meilleurs joueurs adverses (quatrième au match-up difficulty ranking) et il leur mène la vie dure. Ingram, Mitchell, Doncic, Murray, tous ont eu le droit à la recette spéciale sauce cactus et ils ont cradé leurs pourcentages. Ah t’as marqué 25 points ? C’est cool ça, tant que tu shootes à 8/25. La couronne de DPOY est encore un peu lourde pour le jeunot mais la place dans une All-Defensive Team c’est tout droit.

#5 – Kawhi Leonard

Si Bridges veut un exemple à suivre pour les prochaines années, il peut très bien choisir Kawhi et il aura tout compris. Déjà deux fois titré dans cette catégorie, le Klaw est de retour pour essayer de grapiller une troisième couronne. Après avoir donné l’impression de lever le pied l’année dernière, Big Hands est de retour à son meilleur niveau défensif et ça fait plaisir à voir. Troisième intercepteur de la Ligue avec 2 steals tous les soirs, il est le leader d’un groupe très sérieux défensivement parlant (quatrième aux points encaissés) avec plusieurs spécialistes (Beverley, George, Ibaka notamment). C’est pas une coïncidence si on a mis les Clippers en mention mais ça aurait été injuste de ne pas sortir Kiwi du lot pour son leadership sur le terrain. Les titres se gagnent en défense et pour le moment il met les ingrédients pour prendre la bonne direction.

#4 – Myles Turner

On ne parle pas assez de Myles Turner, vraiment pas assez. Indiana ne fait pas parler, ce n’est pas un gros marché, même quand ça gagne ça passe souvent au second plan derrière Boston ou Philly mais les Pacers sont bien là. Solidement installé à la troisième place à l’Est, Indiana n’est pas la meilleure défense du pays ou presque, ils sont même assez middle. (12 au rating, 18 aux points encaissés) Pourtant, on se doit d’insister sur le niveau affiché par Myles Turner en défense sur ce début de saison. Meilleur contreur de la NBA, il tourne à plus de 4 contres par match (!). Il défend le cercle comme si c’était le Graal. Histoire de faire un petit comparo, le dernier joueur à plus de quatre bâches sur une saison c’était Dikembe Mutombo en… 1996. Accessoirement, le second contreur le plus prolifique de tous les temps. Les Pacers n’ont perdu que deux matchs par plus de dix points d’écart cette saison, les deux où Myles Turner était absent. Ceci explique peut-être cela.

#3 – Joel Simmons

Ne vous inquiétez pas, aucune erreur de notre part sur le nom du joueur ci-dessus. Aucun nouveau n’a signé chez les Sixers mais il était trop difficile de départager Ben Simmons et Joel Embiid tant ils pèsent sur la défense de Philly. S’ils ne formaient qu’un, on pourrait parler d’un joueur ultime en défense mais chacun apporte à sa manière. L’Australien brille par sa polyvalence, capable de switcher sur à peu près n’importe quel adversaire grâce à sa vitesse et sa puissance. Il s’impose de plus en plus comme le meilleur défenseur extérieur de la Ligue. Joel, quant à lui, brille dans la raquette dont il se fait maître et le mot intimidation devient vite viral dès que le match commence. Chacun est élite dans ce qu’il fait et il aurait été difficile de trancher pour l’un des deux. Comme à Philly, ils devront partager l’affiche et c’est peut-être ce qui pourrait leur jouer des tours à la fin du scrutin. Difficile de gagner quand on divise les votes entre deux joueurs d’une même équipe.

#2 – Rudy Gobert

Anthony Davis – Rudy Gobert, Rudy Gobert – Anthony Davis. Franchement, il est possible de comprendre un choix comme l’autre. Il y a de bons arguments des deux côtés. Concernant notre Gobzilla national, il fait actuellement une saison monstrueuse avec le Jazz. Second au defensive rating (devancé seulement par son coéquipier Mike Conley), leader de la troisième défense de la Ligue (aux points et au rating), meilleur rebondeur défensif (10,4), deuxième aux contres (2,8), l’ami Rudy coche beaucoup de cases pour remporter son troisième DPOY et rejoindre ainsi Dwight Howard dans la catégorie des triple-vainqueurs. C’est le pilier, la colonne vertébrale, peu importe comment vous appelez ça de tout l’édifice. Il suffit de voir le différentiel entre le moment où il est sur le parquet et celui où il n’est pas là. Le Jazz est premier à l’Ouest (!) pour le moment et ça pourrait jouer au moment où il faudra mettre le petit papier dans l’urne. Pourquoi ne pas le mettre numéro 1 alors ? Parce que le Monsieur aux gros sourcils a des bons arguments lui aussi à faire valoir.

#1 – Anthony Davis

Cette fois c’est la bonne ? Second au scrutin l’an dernier, Anthony Davis se présente comme le favori pour cette nouvelle saison NBA. Faut-il encore le présenter ? AD est le prototype du défenseur ultime en NBA : long, mobile, capable de protéger le cercle ou d’aller s’occuper d’extérieurs. Le terme mismatch ne s’applique pas à Anthony Davis, c’est une plaie et vous devez vous la coltiner. Si on s’en tient aux chiffres, le Brow réalise une excellente saison (1,3 interception et 1,9 contre) même si les stats avancées montrent que son impact défensif est moindre par rapport au Français. Pourtant, si on considère que le MVP est (souvent) le meilleur joueur de la meilleure équipe, ne faut-il pas conclure que le DPOY est le meilleur défenseur de la meilleure défense du pays ? Les Lakers ont le meilleur rating et sont deuxièmes aux points encaissés, ils font actuellement figure de numéro 1 de ce côté du terrain et Anthony Davis est, sans la moindre contestation, le meilleur défenseur de cette équipe alors pourquoi chercher plus loin ?

Anthony Davis, Rudy Gobert ou Joel Embiid, ça se bouscule au portillon du DPOY cette saison et les scrutins pourraient être particulièrement serrés en fin de saison. Premier ranking de l’année en faveur d’AD mais rien ne dit que la vérité de janvier sera celle de juin.


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