James Harden, ou le syndrome de la superstar pourrie gâtée : zoom sur la culture Rockets lors des années Barbu, spoiler c’est du lourd

Le 19 déc. 2020 à 12:30 par Nicolas Meichel

James Harden pari
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Prêt à faire ses valises pour quitter Houston huit ans après son arrivée dans le Texas, James Harden se heurte aujourd’hui à la volonté des Rockets, bien décidés à attendre une offre à la hauteur de leurs exigences pour bouger leur MVP. Une résistance à laquelle le Barbu n’est pas habitué, lui qui a eu quasiment tout ce qu’il voulait depuis qu’il évolue à H-Town. Passe-droits, dernier mot sur les transactions, absences autorisées pour faire la bringue…  bienvenue dans le merveilleux monde des Fusées sous Ramesse. 

C’est dans un long papier signé Tim MacMahon d’ESPN qu’on découvre de nombreuses pépites concernant les coulisses des Rockets version James Harden, un papier qui permet de mieux contextualiser la situation actuelle du côté de Houston et qui – il faut bien le dire – n’arrangera pas la réputation du Barbu suite à ses récentes actions. Arrivé au training camp de son équipe une semaine après le reste du groupe, préférant faire la fête du côté d’Atlanta et Las Vegas plutôt que de rejoindre l’équipe pour s’entraîner, Harden a fait preuve d’un manque de professionnalisme assez flagrant, pour ne pas dire un comportement de diva. “Vous ne voulez pas me transférer ? Très bien, mais vous avez plus de chances de me voir en boîte qu’à l’entraînement”. Voici le résultat quand on s’agenouille devant toutes les demandes de sa superstar pendant des années et des années. Car c’est bien ce qu’ont fait les Rockets de Daryl Morey.

Alors, avant d’aller plus loin, il faut bien avoir une chose en tête. Le traitement spécial des superstars, c’est plutôt monnaie courante en NBA. Ça ne date pas d’hier et ça ne concerne pas uniquement James Harden. Quand on possède le talent du Barbu, quand on est capable de porter son équipe sur les épaules soir après soir, quand on est l’un des cinq ou dix meilleurs joueurs de la planète, ça fait partie du package et c’est souvent accepté dans les sphères de la Ligue. Le problème, c’est lorsqu’il manque une culture et une structure autour permettant d’éviter les dérives. Quand James Harden est arrivé à Houston, les Rockets restaient sur trois saisons moyennes, à peine au-dessus des 50% de victoire, un bilan insuffisant pour participer aux Playoffs à l’Ouest. De plus, ça manquait clairement de grand nom à H-Town, qui sortait de l’ère Yao Ming – Tracy McGrady. En clair, les Texans avaient besoin d’un talent comme Harden, et ils lui ont ainsi donné les clés de la franchise. Souvent pour le meilleur, avec quand même huit qualifications en Playoffs dont deux en Finales de Conférence Ouest et une campagne à 65 victoires, ainsi qu’un trophée de MVP et trois titres de top scoreur de la NBA pour le principal intéressé. Mais parfois aussi pour le pire.

“S’il y a plusieurs jours de repos au programme, tout le monde sait que James va s’envoler pour faire la fête. Mais à son retour, il va sortir un triple-double à 50 points, alors ils sont OK avec ça.”

– Un membre du coaching staff des Rockets la saison dernière, via ESPN

Dans l’article d’ESPN, on apprend par exemple qu’Harden était du genre à demander un day off pour pouvoir rejoindre Las Vegas en jet privé et faire la teuf entre deux matchs, et on le voyait rarement à l’entraînement en sortie de All-Star Break, sans doute qu’il devait récupérer après avoir bien profité de la night. On sait que les strip-clubs sont l’autre grand amour du Barbu avec la balle orange, voilà une nouvelle confirmation. Visiblement, cela ne dérangeait pas trop les Rockets, parce que c’était James Harden. Ce dernier était également derrière les grandes transactions réalisées par Daryl Morey au cours de la dernière décennie, et il y en a eu beaucoup, ce qui n’a pas vraiment aidé pour établir une continuité. Le licenciement de Kevin McHale au début de la saison 2015-16, le départ de Dwight Howard quelques mois plus tard (en tant qu’agent libre), et surtout le transfert de Chris Paul contre Russell Westbrook à l’été 2019, qui s’est transformé en véritable fiasco pour les Rockets. En froid avec CP3, qui était particulièrement frustré par le manque de discipline de Ramesse et sa tendance à se transformer en plot quand il n’avait pas le ballon, Harden aurait menacé les dirigeants des Rockets d’un transfert en cas de non-arrivée de Brodie, son grand copain. La franchise texane s’est exécutée pour récupérer Russ, lâchant par la même occasion de précieux choix de Draft au Thunder. On connaît la suite. Non seulement l’expérience a foiré sur les parquets, les Rockets version mini-ball se faisant éliminer sèchement au deuxième tour des Playoffs par les Lakers mais en plus, la culture créée par James Harden et les passe-droits accordés à ce dernier – autant par les dirigeants que par le coach Mike D’Antoni (qui était dans sa dernière année de contrat l’an passé) – ont particulièrement frustré Westbrook. Un exemple ? Une séance vidéo dans la bulle qui n’a pas pu commencer à l’heure à cause du manque de ponctualité d’Harden, lié à un test COVID effectué trop tardivement. Résultat, la collaboration entre les deux potes a pris du plomb dans l’aile et Russ a demandé son propre transfert durant l’intersaison, lui qui se retrouve désormais à Washington avec Bradley Beal.

“On savait qui était le boss de la franchise. […] Les joueurs, les coachs, le manager général, le propriétaire, tout le monde savait. Je n’en veux pas à James. J’en veux à la franchise. Ce n’est pas de sa faute. Il a fait ce qu’on lui a permis de faire.”

– Un ancien assistant coach des Rockets, via ESPN

Une relation déséquilibrée, où le joueur a tous les droits et où la franchise lui mange dans la main pour qu’il garde la pêche, même si ça signifie faire des choix risqués qui peuvent très vite se retourner contre vous. Quand un mec comme Harden prend autant d’importance et qu’il ne représente pas un modèle de professionnalisme, ça donne le ton et ça devient en quelque sorte la norme, provoquant ainsi une culture de franchise bien moisie que certains préfèrent fuir le plus vite possible.

Pendant huit ans, les Rockets étaient incontestablement la franchise de James Harden. Grâce à lui, la franchise texane a connu du succès sur les parquets mais elle n’a jamais su poser de limites. Elle se retrouve désormais au milieu d’un joli bordel, avec un Barbu qui veut toujours partir, un coach rookie aux commandes et un nouveau manager général qui doit gérer au mieux ce dossier d’une importance capitale pour la suite. 

Source texte : ESPN