Preview des Toronto Raptors 2020-21 : petite leçon de géographie, le Canada a déménagé au Sud des States cette année

Le 12 déc. 2020 à 12:05 par Benoît Carlier

We the north south Raptors 12 décembre 2020
Source image : montage via @Raptors

Un peu plus d’un an après leur premier sacre en NBA, les Raptors redescendent tout doucement de leur petit nuage. Los Angeles leur a succédé au palmarès mais, heureusement pour les coeurs les plus fragiles, il ne s’agit pas des Clippers de Kawhi Leonard. 2021 sera donc une année pour tourner définitivement la page et se projeter vers l’avenir. Et puisque la Grande Ligue n’est jamais à court de surprises, il faudra viser 2000 kilomètres au sud de la frontière canadienne, à trois heures d’avion de Toronto, pour apercevoir les Dinos derrière des vitres en plexiglas à partir de la rentrée. Vive les Tampa Bay Raptors !

Pour prendre l’Apéro en causant de la saison des Raptors, c’est par ici !

La saison 2019-20

Il ne faut jamais sous-estimer le coeur d’un champion, encore moins lorsqu’il s’agit des Raptors. Alors que l’on s’attendait à une baisse de régime presque logique suite aux départs conjugués de Kawhi Leonard et Danny Green à l’intersaison, les Canadiens ont surpris tout le monde en parvenant à améliorer leur pourcentage de victoires avec Pascal Siakam derrière le volant et le duo Kyle Lowry – Fred VanVleet en co-pilotes de luxe (53-19). Si bien qu’à l’aube des Playoffs dans la bulle, on se demandait s’ils pouvaient réaliser le back-to-back le plus improbable de l’histoire de la NBA. Avec le deuxième seed à l’Est et un premier tour géré comme une formalité face aux Nets (4-0), tout était possible. Mais après avoir sorti les Sixers au buzzer du Game 7 en 2019, c’était à leur tour de s’incliner dans une série qui paraissait quand même à l’avantage des Celtics malgré le score final (3-4). Spicy P a souvent semblé dépassé dans son nouveau rôle, incapable de créer sur demi-terrain avec une prise à deux systématique de la part des bulldogs verts. Résultat, une élimination digne en demi-finale de Conférence et déjà de belles garanties pour la suite pour une équipe que l’on attendait plus à la lutte pour le Top 8 que parmi les contenders en début d’exercice.

Les mouvements de l’intersaison

  • Ils sont arrivés : Aron Baynes, Alex Len, DeAndre’ Bembry, Henry Ellenson, Malachi Flynn (Draft), Jalen Harris (Draft), Yuta Watanabe (Exhibit 10) et Alize Johnson (Exhibit 10)
  • Ils sont partis : Serge Ibaka, Marc Gasol et son stock de sangria del pais, Rondae Hollis-Jefferson, Malcolm Miller et Dewan Hernandez
  • Ils ont re-signé : Fred VanVleet, Chris Boucher, Nick Nurse, Stanley Johnson (player option) et Oshae Brissett

Le roster

  • Meneurs : Kyle Lowry, Malachi Flynn, Paul Watson (two-way contract)
  • Arrières : Fred VanVleet, Norman Powell, Terence Davis, Patrick McCaw, Matt Thomas, Jalen Harris (two-way contract)
  • Ailiers : O.G. Anunoby, Stanley Johnson, DeAndre’ Bembry
  • Ailiers-forts : Pascal Siakam, Henry Ellenson, Oshae Brissett, Alize Johnson (Exhibit 10), Yuta Watanabe (Exhibit 10)
  • Pivots : Aron Baynes, Chris Boucher, Alex Len

En gras, les possibles titulaires à chaque poste. Pas trop de changement par rapport à l’année dernière, si ce n’est le remplacement d’un gros pivot international par un gros pivot international.

La Free Agency

Le principal objectif de l’intersaison pour Masai Ujiri était surtout de conserver Fred VanVleet et c’est ce qu’il a fait en n’hésitant pas à aligner les biffetons pour refroidir les autres franchises. Ce sont ainsi 85 millions de dollars qui seront garantis pour le cycliste lors des quatre prochaines saisons, faisant de lui une pièce maitresse du nouveau projet des Canadiens avec toujours Pascal Siakam en franchise player. Et comme il faudra encore lâcher 30 briques à Kyle Lowry la saison prochaine, le président n’a pas pu faire de miracles, perdant Marc Gasol, RHJ et surtout Serge Ibaka qui seront respectivement remplacés par Aron Baynes, DeAndre’ Bembry et Alex Len. On part donc sur une vraie perte de talent sur le poste 4/5 même si les Raptors sont toujours capables de nous surprendre comme ils l’ont fait ces deux dernières années.

La Draft

Avec les picks numéro 29 et 59, il ne fallait pas s’attendre à grand-chose de la part des Raptors cette année. Quoi que, Masai Ujiri a déjà prouvé par le passé son flair lorsqu’il s’agit de trouver des pépites quand tous les cracks de leur génération ont déjà été choisis. C’est d’ailleurs comme cela que Siakam et FVV ont passé toutes les étapes en commençant par remporter le titre en G League avant de caresser le trophée Larry O’Brien puis de devenir les deux leaders de l’équipe A. Comme souvent, les Raptors ont de nouveau fait confiance à des joueurs plus âgés que la majorité de leurs petits copains de promo. Malachi Flynn est un meneur de 22 ans aux qualités athlétiques limitées mais généreux en défense. Le produit de San Diego State propose un profil complet qui pourra tout de suite permettre à Kyle Lowry de souffler face aux second units.  Jalen Harris est un combo guard de… 22 ans qui a prouvé qu’il pouvait se créer ses propres occasions de tir en isolation. A part ça, c’est un peu le néant, ce qui donne un bilan un peu léger si comme nous vous n’imaginez pas trop Nick Nurse sortir FVV ou OG Anunoby pour lui demander de rentrer le tir de la gagne.

Le point sur l’infirmerie, par le Docteur Q

Quand on s’intéresse à l’infirmerie de Toronto la saison dernière, cinq noms ressortent : Norman Powell, Aron Baynes, Pascal Siakam, Kyle Lowry et Fred VanVleet. Norman Powell subit une subluxation de l’épaule gauche en décembre et manque onze matchs. La même blessure lui avait fait rater 21 matchs la saison d’avant : à surveiller… Il manque également neuf matchs en février pour une fracture du quatrième métacarpien de la main gauche. Aron Baynes a connu un enchaînement de petites blessures cette saison en plus d’être celui qui a envoyé involontairement Stephen Curry à l’infirmerie des Warriors. Il se fracture le nez pendant la pré-saison, manque cinq matchs en novembre pour une contusion aux fléchisseurs de la hanche droite. Il manque quatre matchs pour une tension au mollet gauche en décembre puis treize matchs pour un œdème osseux à la hanche gauche. Après avoir fait un épisode de Covid-19 symptomatique, il manque les huit seeding games pour une contusion au genou droit. Pascal Siakam manque lui onze matchs pour une tension à l’aine en décembre. Kyle Lowry a démarré sa saison en ratant onze matchs avec une fracture de la phalange distale du pouce gauche, déjà opéré en juillet pour un ligament déchiré. Fred VanVleet, pour finir, aura été gêné par sa jambe droite : cinq matchs pour une contusion au genou, cinq matchs pour une tension aux ischio-jambiers et une hyperextension du genou juste avant les PO. Il a également manqué six matchs pour une entorse à l’épaule gauche avant la pause. Pas vraiment de blessure inquiétante la saison dernière pour les Raptors, excepté l’épaule gauche de Powell qu’il faudra surveiller. Beaucoup de petits bobos à éviter cette saison pour rester dans les hauteurs de l’Est.

Quel coup nous prépare Masai Ujiri ?

Quand on fait une petite revue d’effectif, on s’aperçoit que les Raptors se trouvent un peu à la croisée des chemins. DeMar DeRozan n’est plus là depuis un bail, tout comme Kawhi Leonard. Pascal Siakam va encore avoir besoin d’un peu de temps pour devenir un vrai franchise player dans la tête des gens même s’il en a déjà le salaire. D’ailleurs, le Camerounais a concédé lui-même qu’il devait faire plus, notamment en Playoffs. A l’inverse, Kyle Lowry vieillit (34 ans déjà !) et ne restera plus longtemps au niveau pour animer vos débats autour d’un Top 10 point guard NBA. De toute façon, il ne lui reste plus qu’un an de contrat et Masai Ujiri doit déjà penser très fort à la suite. En l’état, difficile de voir Toronto Tampa espérer quoi que ce soit. Même un titre de champion de Division (Brooklyn, Boston, Philadelphie et New York) semble galère à aller chercher. Ces dernières années, le président n’a pas hésité à rebattre les cartes, même au milieu de la saison, pour tenter de trouver des solutions et maintenir son équipe au sommet, il pourrait donc de nouveau y avoir du changement dans les prochains mois ou années. Est-ce que Spicy P et FVV ont la trempe pour former un duo qui fera rêver dans les années 2020 ? Faut-il laisser partir Calorie à la fin de la saison ? Beaucoup de questions pour lesquelles l’ancien Executive of the Year attend sûrement trouver des réponses durant la saison à venir. Pour que le conte de fées de 2019 ne soit pas qu’un one shot dans l’histoire de la franchise.

Le pronostic du rédacteur

41 victoires et 31 défaites. Cette fois, difficile d’imaginer les Raptors se hisser sur le podium de la Conférence Est. Les Nets, le Heat, les Celtics ou bien les Bucks et les Sixers ont tous l’air un cran au-dessus. Mais on a aussi appris à ne pas non plus sous-estimer Toronto qui pourrait commencer la saison à plein régime grâce à une cure de Vitamine D inhabituelle pour les joueurs du grand nord qui ont temporairement posé leurs valises à Tampa.

Les Raptors ont officiellement remis leur ceinture de champion poids-lourds aux Lakers et entament un nouveau chapitre de leur histoire. Quelques héros passés sont toujours là mais les ambitions doivent logiquement être revues à la baisse pour la saison à venir. Tant pis, Drake aura toute la ville pour lui pendant un an, à lui de faire rêver les gens.