L’alchimie dans une équipe : l’ingrédient ultime pour aller loin à l’aube d’une saison NBA pas comme les autres ?

Le 08 déc. 2020 à 14:29 par Nicolas Meichel

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Dans environ deux semaines, l’une des saisons les plus uniques de l’histoire de la NBA commencera. 72 matchs entre fin décembre et mi-mai, un calendrier pas comme les autres, tout ça avec une pandémie toujours bien présente qui pourrait foutre un joli bordel. Dans un tel contexte, les automatismes et la stabilité au sein d’une équipe pourraient plus que jamais compter et faire la différence dans la course au titre.   

Pour gagner un titre NBA, le talent ne suffit pas. Demandez donc aux Clippers, qui possédaient peut-être l’effectif le plus fort de toute la Ligue l’an dernier, avant de dégager au stade des demi-finales de Conférence Ouest face aux Nuggets. Pour gagner un titre NBA, il faut évidemment du talent, mais il faut aussi un équilibre, une alchimie, une cohésion, une stabilité, des automatismes et une dose de chance. En clair, les planètes doivent s’aligner. C’est le cas chaque année pour l’équipe qui termine au sommet. Et cette saison, les incertitudes sont encore plus grandes puisqu’on ne sera pas sur le format habituel d’une campagne NBA. 72 matchs répartis sur cinq mois, avec une régulière qui va démarrer après la plus courte intersaison de l’histoire (71 jours seulement), autant dire que la Ligue a mis les bouchées doubles pour retrouver son calendrier habituel en 2021-22 tout en satisfaisant les partenaires de la TV. Donc niveau rythme, il va falloir réussir à suivre et la NBA a ainsi logiquement lâché du lest concernant sa politique sur la mise au repos des joueurs. Et puis forcément, il y a toujours ce maudit COVID. Si la NBA a choisi de couper son calendrier en deux, ce n’est pas pour se faire un kiff, mais pour garder de la flexibilité en cas de matchs reportés à cause de cas positifs. Et on vous l’annonce tout de suite, ça va arriver. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil à ce qu’il se passe en NFL (ligue professionnelle de Foot US), qui joue actuellement sa saison en dehors d’une bulle, comme ce sera le cas en 2020-21 pour la NBA. Des infrastructures d’équipe sont fermées, des entraînements sont annulés, des matchs sont déplacés, certains équipes doivent se débrouiller avec un effectif limité… bref c’est un bordel et encore, la NFL a l’avantage de proposer un match par semaine pour chaque équipe, ce qui donne une marge de manœuvre que ne possède pas la NBA.

Dans ce climat-là, les équipes qui ont besoin de temps et qui ont besoin de jouer ensemble afin de trouver une certaine stabilité collective risquent de galérer plus que prévu. Et ça commence déjà au moment de la préparation, cette dernière étant accélérée après une intersaison aussi courte qu’intense. Draft, transferts, Free Agency, camp d’entraînement, pré-saison, tout va à 100 à l’heure pour respecter le timing du 22 décembre, ce qui ne facilite pas la tâche de ces équipes en recherche d’automatismes. Globalement, de la saison dernière à aujourd’hui, la NBA n’a pas connu de révolution comme c’était le cas en 2019, où plusieurs superstars ont changé d’écurie en même temps. Cependant, les effectifs évoluent toujours et quand on pense par exemple à une équipe comme les Nets, on se dit que leur processus de construction – avec un nouveau coach, un nouveau staff, deux stars (Kevin Durant, Kyrie Irving) qui n’ont pas ou peu joué avec le reste de l’équipe et beaucoup de pièces à assembler – risque d’être bien perturbé. Ce n’est jamais aisé de gagner quand l’équipe change de visage, peu importe le talent présent dans le groupe, ce sera peut-être encore plus vrai cette saison, surtout quand vous avez vos deux meilleurs joueurs qui reviennent de blessures et qui auront besoin de faire l’impasse sur certains matchs, comme c’est le cas à Brooklyn. Et ça ne vaut pas uniquement pour les équipes qui visent les sommets d’ailleurs. Si on prend les Hawks, qui comptent sur un gros recrutement de vétérans (Danilo Gallinari, Bogdan Bogdanovic, Rajon Rondo…) pour franchir un gros cap et atteindre les Playoffs, ça peut aussi être moins fort qu’annoncé pour toutes les raisons citées au-dessus.

À l’inverse, les équipes qui se connaissent bien et qui peuvent s’appuyer sur certaines garanties ont probablement encore plus de chances d’aller loin lors de la saison à venir. On pense aux deux derniers finalistes par exemple. Certes, les Lakers ont rajouté des pièces importantes à leur groupe qu’il va falloir bien intégrer (Dennis Schroder, Montrezl Harrell, Marc Gasol…), mais la base LeBron James – Anthony Davis est évidemment au centre de tout ce qui se passe à Los Angeles. Avec ces deux-là, normalement, vous êtes bien quoi qu’il arrive. On a une équipe qui va vouloir défendre son titre bec et ongles et qui pourra profiter de sa profondeur d’effectif, un autre aspect crucial dans cette saison qui sera marquée par le COVID et où de nombreux joueurs pourraient manquer plusieurs matchs consécutifs. Concernant le champion de l’Est, le Miami Heat, on connaît la force collective du groupe ainsi que la capacité d’adaptation du coach Erik Spoelstra. Si l’on excepte Jae Crowder, Derrick Jones Jr. et Solomon Hill (remplacés par Avery Bradley, Maurice Harkless et le rookie Precious Achiuwa), tout le monde sera de retour cette saison pour tenter de participer une nouvelle fois aux Finales NBA, sous l’impulsion de Bam Adebayo, Jimmy Butler, Tyler Herro ou encore Goran Dragic. Par contre, aspect important à avoir en tête concernant ces deux équipes, elles ont eu le moins de repos parmi toutes les franchises de la Ligue. On peut s’attendre à ce que les Lakers et le Heat attaquent la saison mollo avant de monter en puissance. Outre ces derniers, la saison à venir est peut-être l’occasion pour des écuries comme Denver et Utah de faire du bruit à l’Ouest, idem pour Indiana à l’Est, même si les Pacers vont changer de style de jeu après l’arrivée de leur nouveau coach Nate Bjorkgren. Ces équipes sont solides collectivement avec des joueurs qui ont appris à jouer ensemble, de quoi entamer la prochaine campagne avec confiance et un minimum de sérénité.

“La reprise vient plus rapidement que d’habitude. La continuité, en théorie, devrait aider. Mais plus important encore, les gars sont liés derrière un objectif commun. La continuité et la camaraderie qui ont été construites au cours des derniers mois et dans le feu des Playoffs, ça a tendance à compter.”

– Erik Spoelstra, coach du Heat

Dans une saison NBA au format unique et qui a de grandes chances d’être perturbée par le COVID, l’alchimie d’une équipe sera un élément encore plus essentiel que d’habitude pour espérer monter haut en saison régulière puis en Playoffs. Talent, continuité, adaptabilité, profondeur d’effectif, chance, voilà les ingrédients indispensables pour s’en sortir en 2021.