Au cœur du vestiaire déchiré des Clippers : privilèges, mauvaise ambiance et conflits, tous les ingrédients pour choke en Playoffs

Le 04 déc. 2020 à 18:29 par Nicolas Meichel

Kawhi Leonard Paul George Patrick Beverley Los Angeles Clippers
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Menant 3-1 dans leur série face aux Nuggets en septembre dernier dans la bulle de Mickey, les Clippers semblaient en route pour la première Finale de Conférence de leur histoire et une bataille de Los Angeles très attendue par la planète basket. Mais la bande à Kawhi Leonard a complètement craqué pour finalement s’incliner en sept manches. Un choke historique, qui conclut d’un brutal point d’exclamation une saison chaotique dans la Cité des Anges.

Pendant toute la saison dernière, c’était le même refrain. Les Clippers ont toutes les pièces pour gagner le titre, mais ils manquent clairement d’automatismes et le collectif peine à tourner à plein régime. Entre les absences des uns et des autres, le load management de Kawhi Leonard, et les obstacles habituels qui accompagnent l’arrivée de deux stars dans un collectif déjà établi, l’autre équipe de Los Angeles a traversé la régulière en se basant avant tout sur le talent. Suffisant pour finir deuxième à l’Ouest, mais pas pour aller au bout en Playoffs. Si remporter la bagouze dès la première année après le recrutement d’un duo étoilé est toujours compliqué, peut-être encore plus dans une saison NBA bouleversée par le COVID, ça devient quasiment impossible quand le vestiaire est brisé. Parce que oui, c’est bien ça qui a surtout précipité la chute des Clippers. Un vestiaire divisé, déchiré même. On avait déjà eu quelques infos d’insiders sur les coulisses pas très reluisantes de LAC en octobre dernier, on a désormais reçu un véritable exposé sur l’état du groupe par l’intermédiaire d’un article de Jovan Buha, publié tout récemment sur The Athletic. Au cœur du papier, les privilèges accordés à Kawhi Leonard et Paul George, qui auraient mis à mal la culture construite lors des saisons précédentes à travers des joueurs comme Pat Beverley, Lou Williams et Montrezl Harrell. Attention, c’est du lourd.

Espace privé pour Kawhi Leonard avant les matchs, possibilité pour ce dernier et Paul George d’arranger le programme des entraînements, pouvoir sur leur temps de jeu pendant les rencontres, entraîneurs personnels… le traitement spécial accordé à Leonard et PG-13 – bien décidés à prioriser leur santé après quelques gros bobos – a empêché la mise en place d’une cohésion nécessaire pour espérer tutoyer les sommets. Pire, cela a provoqué de vraies tensions. Ce n’était pas qu’une question de load management, de blessures, ou de manque de temps de jeu en commun, le mal était bien plus profond que ça. Avant l’arrivée du duo dans la Cité des Anges, les Clippers étaient reconnus à travers la Ligue comme une équipe qui se bat, pas facile à jouer, forte collectivement, tout ça malgré l’absence de véritable superstar. Ou alors, c’est peut-être justement cette absence de grands noms et ce côté outsiders affamés qui faisaient la force du groupe, chaque joueur se sentant important et valorisé au sein de l’équipe. On a donc assisté en quelque sorte à un choc des cultures, avec Kawhi Leonard et Paul George évoluant dans un monde séparé de leurs coéquipiers. Bien évidemment, ce n’est pas la première fois dans l’histoire de la NBA que les stars d’une équipe ont droit à certains privilèges. Mais comme l’indique Jovan Buha dans son article, c’est le degré de ces derniers et surtout la dynamique dans laquelle ce traitement de faveur s’est inscrit qui a provoqué de sérieuses divisions. Quand vous avez de nouvelles recrues qui débarquent dans une équipe qui tournait bien avant, il y a toujours une part de risque. Et quand vous offrez trop de libertés et pas assez de responsabilités, ça peut vite en faire tiquer plus d’un.

“Comment voulez-vous construire une équipe solide avec toute cette merde qui se passe ? Dès le début, je me disais, ‘Nous sommes foutus. Kawhi en demande trop.'”

– Une source provenant de l’équipe

Si l’on en croit le papier de The Athletic, le traitement spécial accordé à George est moins bien passé aux yeux du vestiaire que celui pour Kawhi Leonard, ce qui n’est pas très surprenant quand on sait que Kawhi a un palmarès individuel et collectif bien rempli, tandis que Paulo restait sur plusieurs fails en Playoffs. Cela aurait provoqué plusieurs conflits entre PG-13 et certains de ses coéquipiers, notamment dans la bulle avec Lou Williams et Montrezl Harrell. Mais c’est également l’incapacité des deux stars à créer des liens avec le noyau dur des Clippers qui a rendu la campagne compliquée en interne. On connaît The Klaw, il n’est pas vraiment le genre de mec à l’ouvrir dans le but de rassembler tout le monde, et quelque part cela a contribué à l’ambiance morose du vestiaire, avec une situation qui s’est progressivement dégradée. La défaite du Game 7 face aux Nuggets symbolise d’ailleurs très bien cela, avec une équipe de Los Angeles qui n’a jamais réussi à se faire violence et à se dire les mots nécessaires, ainsi qu’un Kawhi incapable de galvaniser ses coéquipiers. Selon des sources de la Ligue mentionnées par The Athletic, Leonard et George ne sont jamais vraiment sortis de leur zone de confort, le premier restant souvent avec l’assistant coach Jeremy Castleberry, une connaissance datant du lycée, et le second squattant la plupart du temps avec ses copains Reggie Jackson et Patrick Patterson. Certes, Kawhi a pris des initiatives en cours de saison dans le but de guider les siens sur le droit chemin, en organisant par exemple des sessions vidéo entre joueurs, mais cela restait des actions assez isolées qui ne s’inscrivaient pas dans un leadership quotidien. Pas de leader clairement identifié, un coach nommé Doc Rivers incapable de bouger son groupe, des gros caractères (Beverley, Marcus Morris…), une hiérarchie qui dérange certains, typiquement le genre de mélange qui peut plomber une équipe.

C’est donc après une campagne marquée par une grosse division interne que les Clippers vont revenir cette année, avec Tyronn Lue à la tête du groupe. Le nouveau coach, successeur de Doc Rivers, aura un rôle fort à jouer pour mettre tout le monde sur la même longueur d’onde, notamment en remplaçant certains privilèges par des responsabilités pour Kawhi Leonard et Paul George, qui peuvent pour info devenir agents libres en 2021…

Source texte : The Athletic


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