Zoom “The Last Dance” – la blessure de Michael Jordan lors de sa deuxième saison : le début de la fracture entre MJ et le management des Bulls
Le 22 avr. 2020 à 09:42 par Nicolas Meichel
À travers la sortie de deux épisodes de “The Last Dance” tous les lundis jusqu’au 18 mai prochain, on va bouffer du taureau pendant un mois, et découvrir – ou redécouvrir – de nombreuses anecdotes ainsi que des histoires concernant les Bulls de Michael Jordan. Alors en plus du débrief dédié à chaque épisode, on a décidé de faire un zoom sur certains passages de ce docu-série qui nous paraissent particulièrement intéressants. Allez, on attaque.
Nous sommes à peu près au milieu du deuxième épisode. Après un passage touchant sur la famille et l’enfance de Mike en Caroline de Nord, le docu nous emmène en octobre 1985, au tout début de la campagne sophomore de Jordan avec les Bulls. Au cours du troisième match de la saison, MJ est victime d’un gros bobo lors d’un match face aux Golden State Warriors. Verdict, fracture au niveau du pied gauche. Ouch.
# Un Jordan bien décidé à revenir le plus vite possible
Impatient et frustré suite à sa grosse blessure, Michael Jordan n’a alors qu’une seule chose en tête : retrouver les parquets dès que possible. Pour se remettre sur pied, il retourne à l’université de North Carolina après avoir reçu l’autorisation des Bulls. Jusque-là, tout est sous contrôle pour la franchise de Chicago. Sauf que Mike va n’en faire qu’à sa tête. Alors que le management des Taureaux souhaite évidemment prendre le plus de précautions possible concernant son joyau, Jordan ne se pose aucune question et commence à retâter la gonfle jusqu’à jouer en cinq-contre-cinq, ce qui représente habituellement l’étape finale de la rééducation.
“J’ai commencé à aller au gymnase pour prendre des shoots. Puis j’ai commencé à faire des un-contre-un, deux-contre-deux, trois-contre-trois, jusqu’à du cinq-contre-cinq, et les Bulls n’étaient au courant de rien. Quand je suis revenu chez les Bulls, le mollet de mon pied blessé était plus musclé que l’autre. Et tout de suite, ils m’ont demandé, ‘Mais qu’est-ce que tu as foutu ?'”
– Michael Jordan
Imaginez deux secondes ce genre de cas aujourd’hui. Imaginez Zion Williamson retourner à Duke pour faire sa rééducation suite à sa blessure au genou, et jouer des trois-contre-trois et des cinq-contre-cinq sans même que les Pelicans soient au courant. Vu à quel point la franchise de New Orleans s’est montrée prudente avec le phénomène, en y allant vraiment étape par étape malgré la volonté de Zion de faire ses grands débuts, David Griffin aurait probablement fait une attaque. On peut donc facilement comprendre le choc des Bulls quand ils ont appris la nouvelle.
# Deux visions diamétralement opposées
D’un côté, Michael Jordan veut rejouer et estime qu’il est suffisamment remis pour retrouver les parquets. De l’autre, les Bulls des deux Jerry – Reinsdorf et Krause – ne veulent prendre absolument aucun risque avec lui, même si les chances de rechute sont faibles. L’équipe ne semble de toute façon pas assez armée pour rivaliser avec les meilleurs à ce moment-là, et en plus ça permettrait à Chicago d’obtenir un meilleur choix à la Draft en loupant les Playoffs. Mais le compétiteur acharné qu’est MJ a une vision complètement opposée à celle du management. Il estime qu’il peut jouer, il veut absolument gagner, et n’en a rien à carrer des calculs réalisés dans les bureaux pour essayer d’améliorer l’équipe. Load management, vision à long terme, précaution, tanking… tous ces mots qui sont à la mode aujourd’hui ne font pas partie du vocabulaire de Jordan.
"Depends how f—ing bad the headache is!"
Classic Michael Jordan from Ep. 2 of #TheLastDance pic.twitter.com/npjnb2Trju
— SportsCenter (@SportsCenter) April 20, 2020
Comme on peut le voir dans le docu-série, les Bulls et Michael Jordan – après avis des médecins – se mettent finalement d’accord sur un retour avec restriction de minutes. Sept minutes par mi-temps pour commencer, et pas une seconde de plus. MJ revient sur les parquets à la mi-mars de l’année 1986, et on voit effectivement sur Basketball-Reference le temps de jeu très limité de Mike à son retour. Cependant, après quelques matchs, Jordan voit progressivement ses minutes augmenter et monte en puissance, portant ses Bulls vers les Playoffs malgré un bilan de 30 victoires pour 52 défaites. De 14 minutes, il grimpe jusqu’à 37 en fin de régulière. Le pied tient. Et la suite, c’est cette série au premier tour contre Boston, où Jojo plante 49 pions lors du Game 1, avant de se transformer en dieu vivant avec ses 63 points contre la bande à Larry Bird.
# Le début de la fracture entre Michael Jordan et le management des Bulls
Les différends entre Michael Jordan (et d’autres) et le front office, représenté surtout par le manager général Jerry Krause, est l’un des grands thèmes des deux premiers épisodes de “The Last Dance”. Arrivé au poste de manager général en 1985, Krause a rapidement été confronté à une situation pas évidente avec cette blessure de Jordan, et ces deux visions diamétralement opposées ont provoqué le début de la fracture entre la superstar et les dirigeants de la franchise.
“Michael était méfiant à l’égard de la direction, surtout de Jerry Krause. Il pensait qu’ils avaient violé l’aspect fondamental du sport, je dirais même l’aspect fondamental de la vision de la vie de Michael. […] Vous jouez pour gagner, toujours. À partir de là, les relations de Michael avec la direction étaient remplies d’amertume. Et c’est toujours resté.”
– Mark Vancil, auteur de “Rare Air”
Oui, c’est toujours resté. À plusieurs reprises dans les deux premiers épisodes, on voit Michael Jordan envoyer des piques envers Jerry Krause, même une décennie plus tard. La vision des deux camps est bien mise en avant, avec un Krause prêt à reconstruire et à changer l’effectif, alors que Jordan estimait que l’équipe avait gagné le droit de rester ensemble tant qu’elle continuait à gagner.
Les deux premiers épisodes de “The Last Dance” sont dans la boîte, et on peut dire qu’ils promettent pour la suite. En attendant la sortie des prochains, on va continuer à vous proposer du contenu sur TrashTalk, avec d’autres papiers zoom à venir. Courage les drogués, une semaine ça passe vite.