Star de demain made in France – Joël Ayayi : après une saison exceptionnelle, le petit prince de Gonzaga fait cap sur la NBA

Le 09 avr. 2020 à 13:03 par Arthur Baudin

joel ayayi 9 avril 2020
Source image : YouTube

Quelques mois avant la cérémonie fatidique de la Draft, TrashTalk vous propose un tour d’horizon des meilleures chances tricolores. Killian, Théo, Joel, Malcolm et encore Killian, ils ne sont pas le palmarès de Pascal le Grand Frère dans le 93, mais bien ceux qui espèrent serrer la pince d’Adam Silver en juin prochain. Oubliés l’emploi fictif de Batum et les 2 points de Frank Ntilikina en 18 minutes de jeu, la cuvée 2020 s’annonce révolutionnaire pour le basket français. Genre ? Révolutionnaire.

Comment passer d’un statut de parfait inconnu aux yeux des scouts NBA, à celui d’une star en devenir ? Comment crédibiliser, un peu plus encore, la french touch au pays de l’Oncle Sam ? Comment transformer une simple saison de sophomore… en souvenir de toute une vie ? Comment écrire la première page d’un probable livre qui s’annonce encyclopédique ? Tant de questions qui restent sans réponses pour un humain normal. Joël Ayayi, lui, est spécial : bienvenue dans son monde.

Joël Ayayi (Gonzaga Bulldogs)

Nous sommes le 5 Mars 2000, le petit Joël Ayayi ouvre pour la première fois les yeux en Gironde, sur la place de la Bourse à Bordeaux (on caricature). Son périple commence avec le club de la belle endormie : les JSA, où il y évoluera jusqu’à intégrer le centre de formation palois. Après une saison passée dans les Pyrénées, le prospect est repéré par le staff de l’INSEP et porte les couleurs du CFBB pendant deux ans. L’exercice 2015-16 est anecdotique avec des statistiques bien claquées au sol, là n’est pas le sujet donc on censure un peu. La saison suivante, le Bordelais joue 40 matchs pour 5,7 points, 2 assists et 3 rebonds en 21 minutes de moyenne sur le parquet. Encore loin d’un récital, Ayayi signe en tout cas son acte de naissance en tant qu’espoir du basket français car oui, planter 10 pions contre des darons alors que nos seuls revenus se comptent en V-Bucks, c’est du délire. C’est sur cette copie positive que le Frenchie met les voiles direction le pays de tous les possibles, où la démesure est devenue naturelle dans le quotidien de ces bouffeurs de burgers. Comment ça on force ?

John Stockton, Domantas Sabonis ou encore le tricolore Ronny Turiaf, nombreux sont les joueurs NBA passés par l’Université de Gonzaga. À l’été 2017, lorsque Joël Ayayi rencontre le staff et ses nouveaux coéquipiers, il n’a encore que 17 ans. On n’est pas sérieux quand on a 17 ans, c’est d’ailleurs ce qui pousse le prospect à se déclarer redshirt pour la saison qui débute. Concrètement, son jeune âge et sa condition physique trop éloignés des standards NCAA ne lui permettent pas encore de prétendre à un rôle majeur au sein de l’équipe. Ainsi, ce statut lui confère le droit de rester une année de plus à Gonzaga sans que sa première saison n’ait été comptabilisée. Éloigné de la compétition, Joël Ayayi profite donc de ce laps de temps pour perfectionner son jeu, suivre un programme athlétique et travailler son anglais. À l’été 2018, le Bordelais veut lui aussi toucher les étoiles et semble enfin prêt pour challenger les ricains. BOUM ! Jojo envoie… euh… 1,7 point, 1,4 rebond et la moitié d’un quart d’assist, y’a un truc qui a merdé les gars. D’après son coach, même si sa marge de progression est énorme, c’est tout son jeu qui doit prendre du volume et aucun domaine n’est épargné : le tir, la vitesse, le physique, le leadership… à deux doigts de vanner la coupe de cheveux l’enfoiré. Tandis que les cheerleaders de Gonzaga sont plus populaires que lui, Joël va travailler dans l’ombre et réaliser de grosses prestations avec les bleus, sur lesquelles nous reviendrons plus tard. L’exercice 2019-20 est lancé et le môme devient enfin un hombre : 10,6 pions, 6,3 rebonds, 3,2 passes et 1,3 interception à 48% au tir dont 35% du parking. Plus qu’une simple progression, la saison de Jojo est une révélation pour tous les observateurs qui lui voyaient un plafond trop restreint. Gonzaga est même sacré champion de sa Conférence (West Coast) après une victoire en finale contre St Mary’s et un Joël Ayayi élu meilleur joueur du tournoi. Bien entouré par Filip Petrusev, Corey Kispert et son compatriote Killian Tillie, le Bordelais semble alors en capacité de hisser les Bulldogs vers le titre de Champion NCAA. Qui peut donc arrêter le phénomène Ayayi ? Et bah, juste un pangolin. Boum, la March Madness est annulée et le DPOY n’est autre qu’un croisement raté entre un tapir et un ouvrier BTP. Seule satisfaction : le prochain parquet que foulera Joël peut être celui d’une franchise NBA.

Assez parlé des zitazounis, penchons-nous sur une love story comme on les aime avec plein de bombinettes du parking, quelques caviars et beaucoup de testostérone : car Joël Ayayi et l’Équipe de France, c’est l’amour fou ! En 2016, il participe à sa première compétition officielle avec les Bleus et décroche une triste sixième place à l’Euro U16 : Jojo envoie 11 points, 7 rebonds, 2 passes et 2 interceptions de moyenne qui font bel effet aux recruteurs de Gonzaga. Deux ans plus tard, Ayayi participe à l’Euro U18 et goûte au bronze avec une ligne statistique ultra-complète : 15,7 points, 3,6 rebonds, 2,3 assists et 1,7 interception qui lui font intégrer le cinq majeur du tournoi. Tenez-vous bien, ce pyromane en veut toujours plus et c’est lors du Mondial U19 l’été dernier qu’il réalise son plus gros braquage. Les Bleuets terminent troisièmes et Jojo atomise la compétition : 20,9 points, 5,6 rebonds, 3,4 assists et 2 interceptions de moyenne à 51% au tir dont 30% du parking. Encore une fois, il est élu dans le cinq majeur du tournoi et passe tout près du titre de MVP décroché par Reggie Perry. La sensation est totale et le rêve de NBA devient alors une réelle possibilité pour le Frenchie. Ces trois campagnes avec les jeunes bleus sont l’exemple-type du plus qu’apporte une expérience en équipe nationale : du palmarès, des statistiques et beaucoup de maturité. Un ingrédient qui s’est montré essentiel dans la recette de la réussite Ayayi.

Contrairement à Yves Pons, l’arrêt brutal de la saison aura sans doute moins de conséquences pour le joueur de Gonzaga. Joël Ayayi a rassuré les observateurs qui le jugeaient mauvais tireur l’an passé, avec 35% à trois points cette année. Du haut de son mètre 95, le Bordelais est polyvalent et peut aussi bien monter la balle que se mettre davantage en retrait, sa principale qualité étant la pénétration, comme Rocco Siffredi. Doté d’un touché soyeux et d’une belle agilité, le guard absorbe le contact du défenseur qui peine à gêner le français. Néanmoins, on émet une petite inquiétude quant à son physique qui est aussi la clé de son jeu : la NBA demande plus de volume et s’il réussit à tambouriner les pivots de NCAA avant de lâcher son meilleur lay-up, ce sera plus compliqué face à Dwight. M’enfin, comme d’habitude et pour tous les Frenchies qui tentent l’aventure, on a envie d’y croire. Alea jacta est, de Bordeaux à Gonzaga le chemin parcouru est déjà magnifique. De Bordeaux au Madison Square Garden ? Il le serait davantage.

Mocks Draft

Tankathon annonce Joël Ayayi en trente-deuxième position de la Draft 2020.

SportsRaid annonce Joël Ayayi en trente-troisième position de la Draft 2020.

The Athletic annonce Joël Ayayi en quarante et unième position de la Draft 2020.

Audace, rigueur et talent, des atouts que Joël Ayayi a su développer avec brio pendant sa formation. TrashTalk lui souhaite bon vent et continuera de suivre le prospect quelle que soit sa future destination (sauf la G League, faut pas abuser). Jouez avec nous en répondant à la question suivante par SMS au 36 30 : “Qui sera le meilleur Joël de NBA l’an prochain ?”. Vous avez trois mois à compter de ce jour, offres tarifaires incluses et appels surtaxés selon l’opérateur, bonne chance !