La série all-time des Spurs en Playoffs devrait s’arrêter : 22 saisons de suite dans le Top 8, ce fut incroyable

Le 27 mars 2020 à 14:18 par Bastien Fontanieu

Tim Duncan Gregg Popovich Spurs
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C’est un record qui pouvait tomber cette année, mais cela ne devrait pas avoir lieu. C’est une anecdote, une poussière, un petit signe dans l’histoire de la NBA. Mais c’est pourtant un grand signe dans la récente histoire des Spurs. Terminer une saison sans Playoffs, ce n’était pas arrivé depuis 1997.

Toutes les choses ont une fin, et malheureusement à San Antonio, cet adage fonctionne aussi. Depuis plus de deux décennies, la vie avançait avec son lot de changements, de déceptions, de surprises, de satisfactions, de moments inattendus. Et au milieu de tout ça ? Les Spurs. Oui, pris souvent pour acquis, les gars de San Antonio étaient devenus tellement réguliers et monotones dans leur réussite qu’on les associait à des punchlines du quotidien. Death, taxes and the Spurs, voilà comment on parlait aux US depuis si longtemps. Une blagounette au premier abord, mais aussi une forme de respect pour cette franchise qui enchaînait les saisons avec toujours autant de victoires. Rien n’arrive par hasard, et ça les Spurs le savent bien. Après la désillusion de la saison 96-97, c’est Tim Duncan qui débarquait à San Antonio et changeait la cité à tout jamais. Le début d’une dynastie, 5 titres en l’espace de 15 ans, un pourcentage de victoires au-dessus de toute équipe américaine tout sport collectif confondu, et une capacité d’adaptation remarquable. Si si, on vous jure. D’où le fait de les prendre pour acquis. Regardez, ci-dessous, les ères par lesquelles Gregg Popovich et ses nombreux joueurs sont passés tout en restant dans les hauteurs de la NBA.

  • 1997-99 : Michael Jordan est encore dans la Ligue, les Spurs remportent un titre, David Robinson laisse sa place de patron à Duncan. Les débuts de Popovich en tant que stratège, on joue avec des Twin Towers et du role player autour.
  • 2000-03 : Shaq et Kobe sont intouchables, les Spurs y mettent fin en remportant le titre de 2003, Robinson prend sa retraite, Tony Parker et Manu Ginobili font leurs premiers pas à San Antonio. Jeu au poste, utilisation des corners avec Bruce Bowen, rythme lent.
  • 2004-06 : un nouveau titre en partageant cette fois les clés du camion entre Tim Duncan et Manu Ginobili. On laisse un arrière diriger l’attaque quand c’est la merde au poste, et on profite de Robert Horry quand ce n’est pas Derek Fisher ou T-Mac qui martyrisent les Spurs.
  • 2007-13 : période compliquée, allez, d’abord commencée avec un titre en passant de l’ailier-fort à l’arrière puis le meneur de jeu en patron. C’est la montée en puissance de Tony Parker, les Spurs doivent faire avec les Lakers de Kobe et Pau, une longue période de doutes mais un jeu en constante évolution. Le rythme s’accélère en fin de décennie, le load management fait ses merveilles, le shoot à trois-points tue presque le Heat avant que Ray Allen se prenne pour… Jésus.
  • 2014-18 : voyons voir, ailier-fort, puis arrière, puis meneur, on va désormais filer la maison à un ailier, c’est l’heure de Kawhi Leonard. Développement d’un cyborg sur le poste 3 pour s’ajuster face aux KD, LeBron et autres freaks de leur ère, retour au sommet avec le titre de 2014, puis retraite de Tim Duncan tout en continuant à gagner. Signe intouchable de cette capacité d’ajustement et d’avant-gardisme ? Les Warriors de Steve Kerr s’en inspirent pour créer leur propre dynastie, version moderne et accélérée.

Oui, on parle bien de 22 saisons consécutives en Playoffs. Le record all-time ? Et bien il est de 22, justement, partagé avec les Sixers de Philly. Avec le Big Three Duncan – Ginobili – Parker entouré de Gregg Popovich, l’émergence de Kawhi ou la transition de David Robinson, les Spurs ne vont proposer que deux saisons sous les 60% de victoires. Seulement deux, et ce sont les deux plus récentes. Pour le reste, on parle de 6 saisons à plus de 60 victoires, 8 saisons entre 55 et 60 wins, et les deux années de lockout à quasiment 75% de victoires… On est passés du franc à l’euro, on a connu Usain Bolt, Michael Phelps, l’iPhone, le 11 septembre, on a vu Jordan, Kobe puis LeBron en NBA, et San Antonio a continué à enchaîner les Playoffs. Malheureusement, c’est cette saison que tout devrait se terminer. Dans un contexte délicat, qui plus est, avec cette suspension en cours. Actuellement dans la course mais distancés par Memphis actuellement huitièmes, les Spurs ont de bonnes chances de regarder les PO à la téloche. Ce serait une première depuis 1997, ce qui empêcherait un record de 23 saisons consécutives dans le Top 8 de sa conférence. Quelque part, on a envie de soupirer en étant aussi prêt du but. Mais quelque part, on réalise aussi le chemin parcouru jusqu’ici, et le changement à venir. Quand Pop, lui aussi, laissera sa place à quelqu’un d’autre, après le changement de R.C. Buford et le départ des membres du Big Three. Toutes les choses ont une fin, encore une fois.

Le vrai signe que les temps changent ? Démarrer de futurs Playoffs sans les Spurs au premier tour. Véritables piliers de la NBA au mois d’avril depuis plus de 20 ans, les soldats de San Antonio vont devoir laisser leur place. Ce fût grandiose, ce fût inspirant, ce fût exceptionnel et il y a peu de chances pour que cela se reproduire de sitôt. Merci messieurs, tout simplement.


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