Rudy Gobert sera de la fête ce soir : double-DPOY et désormais All-Star… c’est quoi la suite maintenant ?
Le 16 févr. 2020 à 16:49 par Alexandre Taupin
Cette fois, c’est bon : Rudy Gobert est un All-Star en NBA ! Très marqué par son échec la saison dernière, Gobzilla s’était retroussé les manches pour obtenir le précieux sésame et il l’a finalement obtenu. C’est quoi la suite maintenant Rudy ?
MR RUDY GOBERT. Qui aurait pu dire en 2013, lors de sa draft, que notre Rudy national s’envolerait aussi haut ? Car voici un profil que l’on n’attendait pas forcément. Choisi en 27ème choix par Denver et envoyé direct dans l’Utah, Rudy Gobert n’était qu’un jeune prospect français comme plein d’autres. Un peu (très) frêle à son arrivée, mis en couveuse par sa franchise qui l’a même envoyé joué un peu en G League pour se forger une vraie carapace. On était loin de la hype d’un Anthony Davis, d’un Karl-Anthony Towns ou d’un Joel Embiid hein. Pourtant ce soir, Rudy Gobert partagera la balle avec l’un, défiera le deuxième tandis que le dernier sera sur son canap’ à se tourner les pouces. Comment en est-on arrivé là ? Comment ce jeune pivot à développer est devenu le meilleur défenseur de la ligue et l’un de ses meilleurs pivots ? Grâce au travail tout d’abord, à l’expérience acquise en sélection mais aussi à une hargne et une volonté de faire qu’on n’aurait jamais pu prédire. Parce que Stifle Tower, comme le surnomment les ricains, on ne lui a rien offert. Lorsqu’il débarque chez les mormons, il découvre la vie avec Enes Kanter et Derrick Favors qui se partagent le poste 5 et il ne récupère alors que des miettes. Une saison noire pour le jeunot qui va, heureusement, voir les choses se décanter rapidement autour de lui. Exit Tyrone Corbin et bienvenue Quin Snyder, le coach qui va révéler le meilleur chez RG. Exit aussi Marvin Williams, parti chez les Hornets, ce qui libèrera le poste 4 pour Derrick Favors. Rudy est désormais le back-up officiel d’Enes Kanter au poste 5 et il peut engranger des minutes pour se montrer. Le destin le favorise à nouveau puisque le Turc commence alors à péter un câble au fur et à mesure des semaines. Mécontent de son rôle dans l’équipe et de son temps de jeu, envie de changement, résultats décevants, c’est le moment de trader Kanter et son spleen loin de Salt Lake City. Le Thunder récupère l’intérieur et envoie un tour de draft, un jeune du bout du banc et Kendrick Perkins. Et le pivot champion avec les Celtics est coupé dans la foulée. Pourquoi ? Parce que l’avenir s’appelle Rudy Gobert et Quin Snyder n’a aucun doute là dessus.
Gobzilla valide rapidement cette confiance et empile les double-double comme Charles Barkley empile les donuts. Le Frenchy s’autorise même un match en 15 points et 24 rebonds sur la truffe de Marc Gasol, excusez du peu. On parle seulement d’un sophomore qui sort à peine du banc et qui a tout à apprendre. C’est le début de la Gobert mania dans l’Utah. Très vite, on voit le potentiel incroyable que présente le joueur, associé à un système de jeu qui est fait pour mettre en avant la défense, son point fort. Excellent rebondeur, très bon protecteur de cercle, il fait ce qu’on attend de lui. Ce n’est pas un Hakeem Olajuwon, un Shaq, il ne va pas détruire une équipe en attaque, par contre il peut faire flipper des attaquants par sa défense. C’est ainsi qu’il se fait connaître dans la ligue et qu’il gratte même quelques votes par-ci par-là pour le défenseur de l’année. Un plébiscite de plus en plus fort qui donnera finalement quelques années plus tard le résultat qu’on attendait. Il est ainsi élu Defensive Player Of the Year en 2018, puis rebelote en 2019 avec une saison encore plus abouti et surtout sans blessure. Le Graal pour l’ancien Choletais. Reste toutefois le All-Star Game, la récompense ultime pour faire partie de l’élite du basket ricain et être enfin reconnu à sa juste valeur. Ses larmes l’an dernier nous avait montré le compétiteur qu’est Rudy et cette année ce sont donc des larmes de joie qui viendront accompagner le speaker du United Center de Chicago lorsqu’il entendra son nom raisonner. Une récompense toute méritée tant le joueur pèse sur les résultats de son équipe, aujourd’hui quatrième à l’Ouest. Ne regardez pas les boxscores, les chiffres sont importants oui mais la peur de l’attaquant qui préfère reculer plutôt que prendre la bâche, ça ne se lit pas sur une grille. Le rebond défensif pris par Mitchell ou Conley, protégé par un bon bloc de Rudy, ce n’est pas dans la grille non plus. Attachons-nous donc au visuel pour juger de l’apport de Rudy Gobert au Jazz. Et en un mot ? INDISPENSABLE.
Et à présent, on fait quoi ? Un troisième DPOY est toujours atteignable cette saison, mais le pivot tricolore l’échangerait sans doute contre une place en finale avec son équipe de toujours. Utah a le potentiel pour viser loin en Playoffs mais encore faudra-t-il s’occuper des monstres angelinos avant d’aller possiblement se coltiner un gros grec pour la win. Pourquoi ne pas espérer une All-NBA First Team ? Il a déjà récupéré une place dans les deux autres, c’était en 2017 et en 2019. Clairement, c’est loin d’être gagné et il va falloir virer du Jokic ou du Davis pour cela. Mais allons, autorisons-nous aussi à rêver plus grand, maintenant que Gobzilla nous a montré que tout était possible.
Rudy Gobert sera de la fête ce soir à Chicago et c’est mérité avec un grand M. Double-défenseur de l’année en titre, deux fois membre d’une All-NBA Team et désormais All-Star, on attend désormais de savoir ce que notre géant nous réserve pour la suite. Avec des étoiles dans les yeux, bien entendu.