Luka Doncic et Trae Young : deux All-Stars parmi les enfants, la précocité n’a pas de limite
Le 14 févr. 2020 à 17:43 par Benoît Carlier
Cette nuit à 3 heures du matin, les plus grands espoirs de la NBA vont s’affronter dans une rencontre internationale entre Team World et les meilleurs Américains chez les rookies et les sophomores. Parmi eux, Luka Doncic et Trae Young, qui ont déjà quelques longueurs d’avance sur tous les autres joueurs de leur génération.
On ne va pas revenir sur leurs destins liés par le scénario de cette Draft 2018, tout le monde se rappelle du déroulé de cette soirée. Aujourd’hui, ce qui nous intéresse, c’est la précocité de ces deux prodiges qui ont dépassé depuis bien longtemps ce statut de future star. Le stade des projections est déjà fini, leur domination a démarré il y a plusieurs mois et c’est donc tout naturellement qu’on les retrouvera aussi au match des grands. Mieux que ça encore, ils seront tous les deux titulaires pour ce grand dépucelage prévu à Chicago. Luka Doncic n’était déjà pas passé très loin l’année dernière, il a fait l’unanimité cette saison, frôlant le capitanat devant LeBron James tandis que le meneur des Hawks a également convaincu les joueurs et les médias malgré un débat sur le pourcentage de victoire de son équipe. Comme en saison régulière, les deux jeunots se retrouveront face-à-face lors de l’entre-deux du All-Star Game dimanche soir. Ce sera seulement la deuxième fois de l’histoire que deux starters sont âgés de 21 ans ou moins après Kobe Bryant et Kevin Garnett en 1998. La comparaison est plutôt prometteuse mais peuvent-ils avoir le même impact que le Black Mamba et le Big Ticket sur la NBA durant les deux prochaines décennies ?
Même s’il n’y a pas de règle dans ce genre de cas, la question se pose forcément dès qu’un talent un peu précoce explose. D’autant qu’il y aura bientôt une place à prendre comme nouveau visage de la NBA. Du beau monde va rentrer au Hall of Fame en 2020 à commencer par l’immensément regretté Kobe Bryant alors que LeBron James arrive gentiment à la fin de sa carrière et que les Curry, Harden, Westbrook, Durant et compagnie ont tous atteint la trentaine. Ainsi va le cycle de la vie et la Grande Ligue n’y échappe pas non plus. Les noms se succèdent et il est difficile d’accrocher son blase à une époque. Pour cela, on remarque quand même une constante parmi tous les noms précédemment cités. Pour marquer son temps, il faut remporter un trophée de MVP de saison régulière. Sauf de rares exemples, c’est le prix pour garder une image suffisamment forte auprès du grand public et de la jeune audience de l’Association. Difficile alors de se prononcer sur les deux surdoués du jour même si les signes penchent plutôt dans la bonne direction.
Commençons par le Slovène qui, avant ses petits problèmes de cheville, était un candidat crédible au titre de MVP. A 20 ans, il y a de quoi flipper. Pourtant avec quasiment un triple-double de moyenne (28,9 points, 9,5 rebonds et 8,7 passes), il apparaît dans le Top 20 de ces trois grandes catégories statistiques cette saison et sa réussite ne fait même pas débat. Ses blessures ont coïncidé avec une baisse de résultat pour les Mavericks mais le projet est encore naissant et son duo avec Kristaps Porzingis nous réserve de belles surprises à l’avenir. La récompense individuelle ultime semble la suite logique pour celui qui a toujours eu plusieurs classes d’avance et qui a déjà tout gagné en Europe sur le plan individuel et collectif. Déjà adoré du grand public, il est seulement devancé par le King au nombre de votes des fans avec près de 200 000 bulletins de plus que le MVP sortant, Giannis Antetokounmpo. En plus, Dallas a l’air de prendre soin de son joyau et ne force rien en préparant la suite avec de grandes ambitions. Déjà comparé à Magic Johnson pour sa vision du jeu et souvent associé à LeBron dans des records de précocité, il représente unanimement l’avenir de la NBA et il est difficile de voir ce qui pourrait l’empêcher d’inscrire un jour son nom au palmarès des joueurs qui ont dominé une saison régulière dans quelques années si le bilan suit pour les Mavericks.
Du côté de la Géorgie, Trae Young cartonne comme peu l’auraient imaginé à sa sortie de l’université. Jugé trop frêle et limité en termes de QI basket, le poids plume d’Atlanta s’est servi de tous les doutes émis à son sujet comme une source de motivation supplémentaire pour prouver à ses détracteurs qu’ils avaient tort. Résultat, il est ce qui se rapproche le plus du Stephen Curry de 2016 devant le Splash Bro lui-même actuellement. Bien plus que son frère ou que n’importe quelle copie, il affiche une insolence rare et est aussi à l’aise dans le corner que les deux pieds plantés dans le logo au milieu du terrain. Il est déjà deuxième à la passe et troisième au scoring au bout de deux saisons chez les pros, difficile donc de passer à côté au moment de choisir ses All-Stars. Même avec les résultats négatifs des Hawks. Là encore, le projet d’Atlanta est tout jeune et les récents moves à la trade deadline laissent présager de jours meilleurs pour les Faucons prochainement. Avec du monde sous l’arceau pour transformer ses passes en points et une adresse indécente qui n’a aucune raison de baisser, il est le prototype parfait du guard des années 2020, prêt à tout brûler sur sa route vers la statuette tant convoitée. Bien sûr, là encore, aucune certitude. Son corps fragile pourrait lui causer quelques problèmes à l’instar de son idole. A la manière d’un Devin Booker, il doit aussi montrer qu’il est plus qu’un simple scoreur et qu’il peut aussi devenir un véritable leader pour son équipe. Tout le monde n’est pas fait pour ça, mais c’est seulement ainsi qu’il pourra compter parmi les joueurs les plus marquants de sa génération.
Encore beaucoup de questions entourent l’avenir des deux sophomores et il trop tôt pour dire si ce sera le duo iconique de la NBA en 2030. Néanmoins, on peut dire que les deux capitaines implicites du Rising Stars Challenge ce soir ont déjà pris de l’avance sur toutes les projections possibles. A eux de garder le cap et emmener toute leur franchise avec eux pour devenir ceux qui seront appelés au Hall of Fame en 2040. En tout cas, ils pouvaient difficilement rêver de meilleurs débuts.