Le 29 décembre 1997, Bubba Wells prenait six fautes… en trois minutes : record NBA et naissance du Hack-a-Shaq validés

Le 29 déc. 2019 à 14:52 par Alexandre Taupin

Bubba Wells Dallas Mavericks 29 décembre 2019
Source : Youtube

Il y a des records qui vous donnent envie de vous vanter et d’autres… qu’il vaut mieux ranger au placard. Le record NBA battu par Bubba Wells ce 29 décembre 1997 est de cette dernière catégorie. Le rookie des Dallas Mavericks s’est ainsi fait expulser pour avoir pris six faute … en trois minutes. Allez, coup d’œil dans le rétro.

Que ceux qui connaissent la carrière de Bubba Wells lèvent la main, mais on devine qu’il n’y a personne. A moins de vous intéresser à un joueur du bout du banc des Mavs dont la carrière NBA se résume à une saison, les probabilités sont minces, très minces. Mais comment vous en blâmer cela dit ? C’est l’histoire d’un joueur drafté au second tour, en 1997, par les Dallas Mavericks de Don Nelson. 39 petits matchs dans la ligue nord-américaine pour 3 points de moyenne et peu de choses à se remémorer de ses exploits balle en main. Mais pour le jeu sans ballon par contre… c’est une toute autre histoire. Loin de nous l’idée de le comparer à un Klay Thompson des années 90 hein, puisque le joueur esten fait  connu pour ses fautes commises loin de l’action. Ce que vous appelez aujourd’hui le Hack-a-Shaq. Néanmoins cette pratique a forcément une origine et c’est là qu’entre en scène le duo Don Nelson – Bubba Wells.

Nous sommes le 29 décembre 1997 et le champion en titre Chicago reçoit les Mavs au United Center. Cela n’a rien d’une affiche car il y a un monde entre les deux équipes. Chicago remporte 62 matchs cette saison là quand Dallas en perd… bah 62. Malgré tout, le match est plus serré que les bilans respectifs. Don Nelson sait qu’il n’a rien à perdre alors il tente une petite expérimentation pour limiter le scoring adverse. Il choisit un jeune arrière rookie de son banc et l’envoie faire faute sur Dennis Rodman, pas connu pour être un bon shooteur sur la ligne. Dès le premier quart-temps, le jeune Bubba Wells a déjà trois fautes au compteur. Il prendra les trois suivantes au retour des vestiaires, suivant les consignes du coach. Le résultat n’est pas concluant car Rodman est à 9/12 sur la soirée et les Bulls l’emportent mais on assiste aux prémices de quelque chose de grand : le Hack-a-Shaq ou plutôt Hack-a-Dennis comme on aurait dû le nommer. Le coach des Mavs ne le sait pas mais il vient de créer une arme qui va faire faire des cauchemars à pas mal de big men. Si aujourd’hui cette pratique est largement connue des fans, à l’époque personne n’a jamais vu ça et chacun se fait son avis sur la question, à commencer par les acteurs présents sur le parquet ce soir là.

Steve Kerr (Bulls) : “Est-ce quelqu’un a compris ce qu’il s’est passé ?”

Dennis Rodman (Bulls) : “Je le respecte [Don Nelson, ndlr] mais c’était une stratégie de dingue, de dingue”.

Tommy Nunez (arbitre du match) : “Tout le monde était étonné en voyant ce qui se passait. Nous comprenions la stratégie en tant qu’arbitre et nous n’avons pas à nous en mêler. Mais ce n’était pas beau, ce n’était certainement pas beau.”

De l’avis général, cette stratégie est respectée car nul n’ignore les difficultés de l’intérieur des Bulls à shooter. En 1997-1998, les Bulls marquent 1,08 points par possession, du coup envoyer Rodman sur la ligne et le voir rater un lancer sur deux est bénéfique à l’adversaire, d’une certaine façon. La manière, par contre, laisse à désirer. Le rythme du match est coupé en permanence, on ne voit plus de jeu, la durée d’une rencontre s’allonge encore et encore. On peut aussi ajouter qu’envoyer un simple rookie prendre un record NBA aussi peu glorieux n’était pas un cadeau de la part de Don Nelson. Les plus optimistes diront que cela lui a permis de passer à la postérité alors qu’il était un no name, les autres diront qu’il y avait moyen d’être un peu plus protecteur envers un jeune joueur qui ne demandait qu’à jouer au basket. Le coach, lui, n’avait aucun regret…

“Il a fini par les mettre [ses lancers, ndlr] et gâcher mes plans mais c’était la bonne stratégie.”

Il y a vingt-deux ans naissait donc le Hack-a-Shaq, l’ultime technique pour mettre à la faute les big men pas foutus de mettre deux lancers. Sacrifié pour le plan de jeu de son coach, le jeune Bubba Wells entrait dans l’histoire bien malgré lui en prenant six fautes en moins de trois minutes. Un record NBA pour un rookie qui n’aura finalement fait qu’une saison pro, une phrase aussi WTF de bout en bout c’est beau non ? 

Source texte : New York Times


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