Ça s’est passé un 13 décembre : Pistons 186, Nuggets 184, une orgie all-time et un record… qui pourrait avoir chaud aux fesses
Le 13 déc. 2019 à 16:34 par Thomas Gaudet
Le mardi 13 décembre 1983 restera pour longtemps comme un jour assez extraordinaire dans le monde du basket. Les Nuggets de Kiki Vandeweghe recevaient les Pistons d’Isiah Thomas et les deux équipes allaient inscrire plus de points en un match qu’il y a de jours dans un calendrier : 184 pour Denver, 186 pour Detroit, 370 points au total. Un record absolu en la matière, jamais égalé, mais de plus en plus souvent imité…
Nous sommes au début de l’ère des Bad Boys, Isiah Thomas, Bill Laimbeer et Vinnie Johnson sont encore tous jeunes (ce n’est que la troisième saison d’Isiah par exemple), la NBA ne compte que 25 équipes, les Rockets sont bons derniers à l’Ouest et les Hawks jouent les Playoffs… une toute autre NBA donc. Ce fameux soir du 13 décembre s’affrontent deux des meilleures attaques de l’époque : les Nuggets, qui inscrivent 120 points par match et qui sont alors premiers au classement devant les Lakers de Magic Johnson et Kareem Abdul-Jabbar, et les Pistons (116 points de moyenne, quand on vous dit que c’était une autre époque). Et les deux formations, avides de démontrer leurs qualités offensives, se lancent alors dans une partie de panier-ballon complètement surréaliste. Équipez-vous d’une ventoline avant de lire les stats parce que ça donne le tournis.
John Long, le scoreur fou des Pistons de l’époque, se permet de rentrer ses treize premiers tirs et terminera la rencontre à 41 points, 6 rebonds et 8 passes décisives. Isiah Thomas vient y ajouter 47 points (18/34 au tir), 17 caviars et 5 rebonds, tranquille. En guise de riposte, Denver envoie ses propres machines à marquer en mini-short : Kiki Vandeweghe et Alex English. Le premier est un poste 4 germano-américain, très mobile du haut de ses 2m03, et si vous pensiez que le step-back était une arme réservée à l’ère moderne, sachez qu’à l’époque on appelait souvent ça le “Kiki Move” (on reparlera de la distance à laquelle se faisaient les step-back hein). Le second ? Juste l’un des scoreurs les plus prolifiques des années 80 (huit campagnes de suite à 25 points de moyenne minimum, dont une pointe à 29,8 en 1985-1986). Ce soir-là, Alex English inscrit 47 points à 18/30 au tir pendant que Kiki en plante 51 en ne ratant que… huit tentatives (21/29). Au total, douze joueurs finissent à dix points ou plus, dont 6 à 28 points minimum. L’adresse collective est démentielle étant donné le nombre de tentatives : 54,4 % (74/136) pour les Pistons, 59,1 % (68/115) pour les Nuggets. Tous les joueurs avaient la main chaude et l’ont surtout gardé pendant… 63 minutes. Car il faudra trois overtimes pour départager tout ce petit monde car personne ce jour-là ne voulait perdre un tel match. Notons d’ailleurs que c’est grâce à la plus vieille technique du monde que les Pistons avaient offert la première prolongation aux petits chanceux qui étaient venus assister par hasard à la plus folle séance de shoot de l’histoire du basket. Alors que Denver mène de 2 petits points (145 – 143) à environ cinq secondes de la fin du temps réglementaire, Bill Laimbeer ne dispose plus que d’un seul lancer franc. Le sage et doux Billou bazarde la gonfle sur l’arceau et devinez qui se saisit du rebond ? Isiah Thomas et son mètre 85. Rebound. Putback. Overtime in Colorado. Les commentateurs sont aux anges : ils viennent de gagner cinq minutes de jeu en plus et auront donc droit à du rab. Au final, les Pistons repartent de Mile High City avec la victoire, en remportant le dernier overtime 15 à 13, car même après deux prolongations ça faisait encore filoche des deux côtés.
On en voit déjà certains qui ne s’extasieront pas devant de telles prouesses offensives et qui nous lâcheront un petit “mouais” dédaigneux, au regard des perfs que claquent nos cyborgs contemporains. Mais le chiffre le plus ahurissant de cette rencontre ne se trouve pas forcément dans les statistiques individuelles : en effet, les 23 joueurs inscrits sur la feuille de match cumulent… quatre tirs à 3-points tentés dont deux réussis. Une stat qui donnerait une sacrée migraine à Mike D’Antoni. Cette année, aucune franchise n’a tenté moins de douze tirs derrière l’arc en un match tandis qu’en 83, la quasi-totalité des points provenaient de tirs à mi-distance et de simples double-pas. Les fameux step-back de Kiki se faisaient depuis la ligne des lancers francs, pas depuis le logo, comme c’est désormais coutume. Mais la mode actuelle est au tir du parking, n’en déplaise à certains, et il suffirait que deux équipes prennent un coup de chaud le même soir pour que l’on assiste à une nouvelle explosion des compteurs comme ce fut le cas pendant cette rencontre. Les Rockets et les Wizards nous avaient déjà offert un sacré spectacle (en attaque hein, cet article ne parle pas de défense, jamais) le 31 octobre dernier, dans la capitale, avec le match le plus offensif de l’histoire sans prolongation (158-159 en faveur des visiteurs). Combien de tentatives à distance ce soir-là ? 70 partagées entre les deux groupes.
Grandes sont les chances que ce record soit donc rapidement effacé des tablettes, au vu de la prolifération virale des bombinettes dans notre nouvelle NBA. Mais cela n’enlèvera rien à cette partie hors du temps entre les Nuggets et les Pistons, dont les highlights redonneront le sourire aux nostalgiques, amoureux des tirs à mi-distance avec la planche.