Retour sur l’apogée de la décennie des Pelicans : un coup de balai sur les Blazers, et Jrue Holiday qui devient papa d’un petit Damian

Le 08 déc. 2019 à 17:48 par Alexandre Taupin

Blazers Pelicans Playoffs
Source image : TrashTalk

Toujours intéressants mais jamais assez fort pour aller titiller les gros contenders (surtout les Warriors), les Pelicans ont connu une décennie rageante. Trop de blessures, pas assez de talent pour entourer Anthony Davis et des gros manques dans les matchs clés. Un sentiment qui s’est volatilisé en avril 2018, le temps d’une série de Playoffs, histoire de nous donner un aperçu de ce qu’auraient pu être ces Pels, à savoir une très belle équipe. 

Comment devient-on fan d’une franchise ? Est-ce le style de jeu, les titres glanés, le glamour entourant une franchise, le maillot, un match marquant, un shoot décisif ? Ou une série de Playoffs peut-être ? Si c’est le cas, les Pelicans se sont sûrement fait quelques nouveaux adeptes en ce premier tour de postseason 2018. Une série plus équilibrée que l’on ne pourrait croire puisque le bilan des deux équipes était alors presque identique malgré trois places d’écart au classement. (49-33 contre 48-34) On pouvait donc s’attendre à un gros duel entre Lillard et Davis avec potentiellement une série en six voire en sept matchs. Mais que nenni ! Les Pels étaient en mission pour leur pote Boogie resté sur la touche, et ils n’avaient pas de temps à perdre.

Direction le match 1 du côté du Moda Center, avantage du terrain oblige. Une première manche serrée, accrochée jusqu’à son terme et qui verra le trio Davis-Rondo-Holiday briller de mille feux. Le Brow domine Nurkic dans les grandes lignes avec 35 points et 14 rebonds mais aussi 4 contres et 2 interceptions, dunkant sur tout ce qui passe dans sa zone. La connexion avec Rondo est bien établie et l’ancien celte distribue le caviar ce soir-là. Sur les 26 passes décisives de New Orleans ce soir là, 17 sont effectuées par le seul Rondo. ALTRUISTE. Enfin et non des moindres, c’était le début du show Holiday et du cauchemar de Damian Lillard. Capable d’apporter en attaque avec 20 pions, le combo guard a muselé Dam’ pendant toute la rencontre le limitant à 6/23 au tir. Surtout, c’est lui qui bloque le tir de Pat Connaughton en fin de match empêchant les Blazers de revenir à -1. Davis prendra le rebond et finira sur la ligne. Grosse victoire et première sensation sur cette série plus indécise que l’on croyait. Au passage il s’agissait de la première win d’AD en Playoffs dans… sa carrière.

Deuxième match, et déjà l’obligation d’assurer pour les locaux après la perte du Game 1. Comment la paire Lillard – McCollum allait-elle réagir après son 13/41 du premier match ? Pas beaucoup mieux malheureusement pour les joueurs de l’Oregon. Lillard est toujours en mode arrosage (7/18 dont 1/7 de loin) et c’est le duo McCollum – Aminu (14 points, 15 rebonds) qui maintient les Blaz’ dans le match. En face, Anthony Davis fait son match mais c’est surtout Jrue Holiday qui sort la masterclass. Non content d’éteindre le meilleur joueur adverse, Jrue les vacances joue le go-to-guy avec 33 points et 9 passes et nous offre un magnifique poster sur Nurkic dès le premier quart-temps. Et c’est sur une prise à deux sur lui que Rajon Rondo clouera le match… à 3-points. Tout un symbole. Le public ne s’y trompe pas et c’est sous les huées que le match se termine, ça sent déjà clairement le sapin.

C’est donc une équipe avec l’avantage du terrain qui se présente pourtant à… 0-2 sur le parquet du Smoothie King Center. Les doutes sont déjà bien ancrés dans les têtes des hommes de Terry Stotts et le scénario du match ne va pas aider à aller mieux. Les Pelicans sont au dessus, et dans les grandes lignes s’il vous plait. L’écart grimpera jusqu’à 30 points, autant dire qu’il y avait un niveau d’écart sur ce match. Dame Time n’est toujours pas chaud et il ajoute même huit ballons perdus à ses 35% au tir. Al-Farouq Aminu est toujours le meilleur joueur de son équipe. Vous avez bien lu. Pendant ce temps-là, la raquette de New Orleans s’amuse et c’est un petit nouveau qui veut cette fois-ci sa part du gâteau. Nikola Mirotic plante 30 points à 80% dont 4/6 de loin et lorsqu’AD ajoute 28 points c’est un casse-tête insoluble pour Dam et sa bande. Le spectre du sweep se rapproche alors que la quatrième manche se jouera une fois de plus en Louisiane. Qui l’eût cru.

Il n’est ici plus question de se qualifier mais bien de sauver l’honneur d’un côté. Mais la honte qui se profile est au moins aussi grande que l’accomplissement en face. Cool, il s’agit peut-être du meilleur match de la série, et pour les deux équipes. Même si Lillard est, encore, en dedans, les leaders sont au rendez-vous avec un C.J volcanique (38 points à 68%) bien secondé par le toujours discret Aminu (27 points) alors qu’en face le duo Anthony Davis-Jrue Holiday est injouable. Respectivement 47 et 41 points pour les deux hommes, servis magistralement par un Rajon Rondo toujours en mode distributeur automatique (16 passes). On appréciera la passe dans le dos pour mettre dans le vent deux Blazers et servir AD tout seul sous la panier, tellement rondesque. A une minute du terme l’écart n’est que 4 points mais Jrue encore lui va clore le match et la série à mi-distance sur la tête d’Aminu et Lillard. Un brevet de paternité et un sweep plus tard, la victoire était acquise. What? The. Fuck.

C’est l’une des séries les plus marquantes de cette décennie, de celles qui auront marqué deux franchises profondément et qui, paradoxalement, prendront deux trajectoires contraires sur l’année suivante. Une série qui montrera le monstre que peut être Anthony Davis, même en Playoffs, lorsque les matchs comptent. Jrue Holiday a prouvé qu’il avait le niveau All-Star tous les jours alors que Rajon Rondo a rappelé à ses détracteurs à quel point il pouvait bonifier une équipe par son jeu de passes. Un trio qui n’aura malheureusement duré qu’une année chez les Pelicans…