Meilleure Progression de l’Année 2019-20 : question, est-ce qu’un MIP peut devenir MIP l’année suivante ?

Le 04 déc. 2019 à 22:14 par Giovanni Marriette

Pascal Siakam
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Nouvelle page du grand livre des NBA awards avec cette fois-ci notre premier classement annuel des meilleures progressions de la saison, autrement dit ceux qui pourraient concourir pour le trophée de MIP 2019-20. Les meilleurs défenseurs c’est fait, les meilleurs remplaçants aussi, les sixièmes hommes ont également eu leur big-up, alors envoyez tout de suite… l’ode à ceux qui nous surprennent le plus cette saison.
On ne change pas une équipe qui gagne, alors le maitre-mot reste l’objectivité bien sûr, même si vous verrez assez vite que l’on se permet quelques raccourcis avec le “réglement”. L’important étant qu’on vous donne notre ressenti et qu’on en parle ensemble derrière, car à ce qu’on sache ce n’es pas – encore – à nous que la NBA demande de voter.

#10 Pascal Siakam

On commence avec une belle entorse aux habitudes de la NBA en se posant cette question… étrange : un MIP peut-il être de nouveau MIP la saison suivante ? Wow. Un délire. Un délire qui n’a évidemment jamais eu lieu, qui n’aura probablement pas lieu cette année, mais le simple fait de se poser cette question doit mettre le doigt sur la saison de Pascal Siakam. Sur l’excellence de la saison de Pascal Siakam, et par conséquent et fort logiquement sur sa progression. Car après avoir explosé la saison passée en tant que lieutenant parfait de Kawhi Leonard dans la conquête du titre des Raptors, Pascalou explose cette année en tant que… franchise player. Mais c’est quoi la suite Pascal ? L’année prochaine t’es entraîneur-joueur et dans deux ans t’achètes les Raptors avec Drake ? Tout va trop vite pour le meilleur camerounais de NBA et la seule raison aujourd’hui qui nous empêche de le mettre… n°1 de ce classement reste donc l’improbabilité notoire de voir un mec être MIP deux saisons de suite. Mais avouez quand même que ce serait croquignolesque, avouez que ce serait mignon tout plein.

Stats 2018-19 : 16,9 points, 6,9 rebonds et 3,1 passes en 31,9 minutes

Stats 2019-20 : 25,1 points, 8,6 rebonds et 3,9 passes en 36,9 minutes

#9 Les sophomores fous

Là encore on se permet, manquerait plus que la censure ne prenne le dessus. Parmi les joueurs potentiellement éligibles pour un trophée de MIP en fin de saison ? Quatre sophomores, rien que ça. Car, dans un ordre non-exhaustif, Luka Doncic, Trae Young, Shai Gilgeous-Alexander et Devonte’ Graham font juste halluciner tout le monde cette saison. Le premier vient d’être élu Joueur du mois et est carrément dans la course au trophée de MVP, le second tourne à 30 points de moyenne et tout le monde trouve ça normal, le troisième a pris les rênes d’une franchise en compagnie d’un vieux loup de mer et montre qu’il est capable d’être le futur de la NBA et le dernier participe à transformer les Hornets de “potentielle pire équipe de la décennie” à “candidats aux Playoffs”. Et beh… On aurait presque pu citer aussi le petit Anfernee Simmons qui s’éclate à Portland ou le gros Omari Spellman qui semble kiffer la bouffe californienne, mais les quatre premiers cités ont en tout cas des statistiques à faire rougir tous les mecs que vous verrez dans ce classement. Pas ou de très rares sophomores ont pu remporter ce trophée dans le passé, et si une saison peut venir apporter une exception de plus, ce pourrait bien être celle-ci…

#8 Jonathan Isaac

Peut-être celui dont la progression statistique est la “moins” impressionnante, mais alors si vous regardez de temps en temps des matchs du Magic vous savez probablement pourquoi on en parle aujourd’hui. Parce que les stats c’est une chose mais l’impression laissée en est une autre et cette saison le grand Jo est partout. En attaque, de plus en plus même s’il reste encore pas mal de boulot, mais surtout en défense où le gamin de 22 ans s’est déjà imposé comme le patron. Meilleur contreur de la Ligue, à deux doigts de taper un five by five en début de saison (13/10/5/6/4 à Dallas), Djosaque est entré à pleine vitesse dans le processus censé faire de lui l’un des freaks de la prochaine décennie et il ne lui manque aujourd’hui plus qu’à étoffer un peu son jeu en attaque pour devenir l’un des joueurs les plus excitants de toute la Ligue. On demandera aussi à Aaron Gordon de partir lâcher un peu plus la balle mais chaque chose en son temps, le petit n’a que 22 ans après tout.

Stats 2018-19 : 9,6 points, 5,5 rebonds, 1,1 passe, 0,8 steal et 1,3 block en 26,6 minutes

Stats 2019-20 : 12,9 points, 7,4 rebonds, 1,5 passe, 1,3 steal et 2,8 blocks en 31 minutes

#7 Terry Rozier

Celui-là on l’attendait, mais on l’attendait peut-être un poil… plus haut. Pas que sa saison soit décevante attention, mais l’épineux meneur des Hornets se heurte finalement à une sacrée concurrence mais également à un problème dont on aurait pu soupçonner l’existence il y a encore un mois : ça joue bien à Charlotte. Ca joue bien à Charlotte et donc les munitions sont forcément un peu plus distribuées que prévu, avec des grognards qui touchent le ballon dessous, un Malik Monk qui monte en puissance, un P.J. Washington qui détonne et surtout un Devonte’ Grahal qui s’est rué sur le trophée du Gérard d’Or de l’équipe, à savoir celui du joueur frisson. Malgré tout Scary Terry assure un minimum, passe parfois à côté de ses matchs mais a déjà su monter à plusieurs reprises en température, suffisant pour s’intégrer assez tranquillement dans notre classement. Car, très clairement on s’attendait à un Rozier à 23/24 points de moyenne dans le marasme des Hornets, mais on imagine encore plus clairement que les Hornets, justement, préfèrent aujourd’hui un Terry à 17 points de moyenne et un bilan à 8-14 plutôt qu’à 3-19.

Stats 2018-19 : 9 points, 3,9 rebonds, 2,9 passes et 0,9 steal en 22,7 minutes

Stats 2019-20 : 17,3 points, 4,2 rebonds, 4,1 passes et 1,2 steal en 32,4 minutes

#6 Malcolm Brogdon

Dans la catégorie des décorés que l’on attendait pas, je demande Malcolm Brogdon. Elu Rookie of the Year en 2016 alors qu’il ne tournait qu’à 10 points de moyenne mais qu’il avait face à lui un Jojo Embiid qui n’avait joué que 35 matchs, le cérébral meneur de jeu revient cette fois-ci mais dans la course au MIP, profitant à plein du joli début de saison des Pacers (c’est quand même aussi grâce à lui) et de l’absence de Victor Oladipo – et donc de toute forme de franchise player – pour s’imposer comme le patron de son équipe. Bête d’attaquant, bête de défenseur, gestionnaire comme un mec de quarante balais, Malcolm est ce genre de mec parfait dans n’importe quelle équipe de basket. Guettez plutôt sa moyenne de passe cette saison, celle de l’année dernière, et vous comprendrez ce que ça donne quand un coach lui demande de faire tourner une équipe et de nourrir les copains. Spoiler, s’il jouait pivot il prendrait 11 rebonds par match. La progression statistique n’est pas folle mais un peu comme Jo Isaac, là c’est… le ressenti qui prime. Le gars est juste passé de trois ou quatrième lame à véritable patron d’une équipe qui joue les Playoffs et ça, bah ça c’est du Improved Player à fond les ballons.

Stats 2018-19 : 15,6 points, 4,5 rebonds, 3,2 passes et 0,7 steal en 28,6 minutes

Stats 2019-20 : 19,4 points, 4,9 rebonds, 8 passes et 0,9 steal en 31,8 minutes

#5 Luke Kennard

On passe à un jeune homme qui progresse lui aussi à vitesse grand V, et ce pour plusieurs raisons. 1) le gars est juste super fort, sans blague, et il est dans sa troisième saison NBA, souvent celle de “l’explosion”. 2) Luke a pu profter sur ce début de saison des balbutiements de Dwane Casey en terme de rotations et des absences de Reggie Jackson puis Derrick Rose pour se retrouver très souvent avec le ballon dans les mains. Et quand Kennard a le ballon, disons que ce ballon se retrouve assez souvent dans le panier, plutôt pratique au basket. Un peu plus dur néanmoins depuis que les Pistons ont retrouvé leur meneur de jeu… Blake Griffin, le grand là, celui qui garde la gonfle 98% des possessions de son équipe, mais globalement le début de saison du poste 2/3 est bon, moins foufou que ce que l’on pensait mais pas cata non plus lorsque l’on voit le genre de jeu déployé par Detroit… A confirmer pour gratter quelques places, et si c’est pas cette année ce sera la prochaine.

Stats 2018-19 : 9,7 points, 2,9 rebonds,  1,8 passe et 0,4 steal en 22,8 minutes

Stats 2019-20 : 16,5 points, 3,6 rebonds, 4,3 passes et 0,5 steal en 33,2 minutes

#4 Andrew Wiggins

Alors là, il fallait vraiment le voir venir. Parce que très franchement, jusqu’à présent Andrew Wiggins concourait davantage chaque année pour le trophée de… Most Regressed Player. On est peut-être un peu méchant parce que Wiggo n’est jamais vraiment devenu très nul, mais disons que les attentes étaient tellement élevées que plus les saisons passaient, plus l’espoir de voir l’ailier canadien exploser semblaient s’amenuiser. Mais après avoir enduré – c’est le terme – une série de coachs tous aussi peu qualifiés pour le gérer les uns que les autres, Andrew semble avoir trouvé en Ryan Saunders un mec qui sait lui parler autant que l’utiliser. Résultat des courses ? 25 pions par match, des sourires, des victoires, et globalement un joueur transfiguré dans un groupe qui semble très bien vivre. Alors y’a toujours des shoots ratés, à la pelle, mais cette saison y’en a quand même un peu plus qui rentrent, ça défend très dur et ça c’est nouveau, et surtout… ça gagne et le gonze y est clairement pour quelque chose. Moralité ? Si Andrew Wiggins n’est pas MIP cette saison il sera au moins celui de Minneapolis, et même, peut-être, le MIP tout court “du début de saison”.

Stats 2018-19 : 18,1 points, 4,8 rebonds, 2,5 passes et 0,7 block en 34,8 minutes

Stats 2019-20 : 24,8 points, 5,4 rebonds, 3,5 passes et 1,2 contre en 34,9 minutes

Jayson Tatum

Place au podium désormais, et c’est donc le très jeune ailier des C’s qui prend le bronze, un peu comme un Français sur le Tour de France. On l’attendait à ce niveau et dans une moindre mesure c’est un peu le Terry Rozier problem qui fait que ce n’est pas encore “l’explosion” attendue. Au détail près que les Celtics sont devenus une machine à gagner et que pour se faire c’est un collectif ultra-léché qui s’est mis en place à Boston. Et qui dit collectif léché dit partage des responsabilités, avec un quatuor Tatum / Kemba / Jaylen / Smart qui se partage les tâches en attaque. A l’arrivée Jayson a évidemment progressé, sinon il ne serait pas troisième de ce classement, mais sa progression est d’autant plus intéressante pour sa franchise que pour les férus de chiffres et de grosses poussées de chaleur. Malgré cela des soirées chaudes il y en a eu, quelques coups de froid aussi, mais d’une manière générale c’est enfin un vrai joueur de basket complet et constant qui se découvre chaque soir un peu plus cette saison. Et ça aussi, ça fait partie des critères de choix pour un beau MIP.

Stats 2018-19 : 15,7 points, 6 rebonds, 2,1 passes et 1,1 steal en 31,1 minutes

Stats 2019-20 : 21,1 points, 7,1 rebonds, 2,7 passes et 1,5 steal en 34,6 minutes

Bam Adebayo

Encore un que l’on attendait au tournant, et celui-là fait mieux que confirmer : il est encore meilleur que ce à quoi on s’attendait. Incroyable en défense, mature comme jaja et de plus en plus efficace – déjà – en attaque, Bam est l’une des très belles surprises de ce… surprenant roster du Heat. On a presque envie de donner le COY à Spoelstra, le ROY à Kendrick Nunn et Tyler Herro, Jimmy Butler n’aura pas le MVP mais c’est peut-être bien le joueur le plus valuable de toute la Ligue depuis le début de saison, et donc… ce Bam, ce Bam qui n’en finit plus de montrer à quel point il est utile dans ce groupe qui gagne quasiment tous ses matchs depuis un mois et demi. Ça va très haut en attaque, ça on le savait, ça commence à taffer les guerres au sol, ça c’est vraiment pas mal, et surtout ça joue très juste et ça semble progresser encore un peu plus chaque match, si bien que l’ami Adebayo était à deux pils de cul de gratter le spot 1 de notre classement. On n’en viendrait presque à regretter que tut le monde soit aussi fort à Miami, mais pas sûr que la fanbase ne soit d’accord avec ça.

Stats 2018-19 : 8,9 points, 7,3 rebonds, 2,2 passes, 0,9 steal et 0,8 block en 23,3 minutes

Stats 2019-20 : 14,2 points, 10,4 rebonds, 4,1 passes, 1,5 steal et 1,3 block en 32,3 minutes

Brandon Ingram

And the (november) winner iiiiiiiiiiiiis Brandon Ingram ! La brindille la plus swag du game – devant Kate Moss – s’éclate dans le bayou en ce début de saison, et si les résultats de ces très jeunes Pels ne suivent pas ça n’est pas un énorme souci. Car la progression est fulgurante d’un point de vue individuel, car malgré les défaites ces Pelicans sont cool à voir jouer, parce que c’est pas les Knicks quand même, et parce que les victoires devraient bien finir par arriver, à défaut de Playoffs qui seront durs à aller chercher. Contrairement à tous les mecs cités ci-dessus à partir du seed 8, BI est LE franchise player de son équipe, et ses quelques cartons offensifs confirment pour l’instant ce que l’on pensait tous depuis sa draft : il y a bien un monstre qui sommeille en lui. Après un an à se fabriquer, des mois passés à jouer les deuxièmes ou troisièmes choix à Los Angeles ou encore une patate malvenue sur Chris Paul, l’ailier longiligne est enfin devenu un vrai joueur de basket, focus, constant, leader. La transformation est incroyable, il y a du Giannis dans ce corps et quand le QI basket aura mué comme son corps l’a fait depuis cinq ans, c’est peut-être dans un autre genre de classement que l’on pourrait retrouver l’ancien Laker. On attendra néanmoins de voir ce que ça donne une fois que la “vraie” star des Pels (Zion) aura remis les pieds sur un parquet (en 2027 ?) mais pour l’instant Brandon Ingram gagne peu mais gagne au moins ceci : il est notre MIP 2019-20.

Stats 2018-19 : 18,3 points, 5,1 rebonds, 3 passes, 0,5 steal et 0,6 block en 33,8 minutes

Stats 2019-20 : 25,4 points, 7,2 rebonds, 4,1 passes, 0,9 steal et  1,1 block en 34,2 minutes

C’est tout pour ce mois de novembre, et même si un tel classement ne veut forcément pas dire grand chose à cette période de l’année, on surveillera activement l’évolution de ces dix/quinze pépères. Peut-être même qu’un nouveau larron viendra prendre place dans la course mais une chose est sûre : ce ne sera probablement pas Hassan Whiteside, ni Julius Randle. Totalement gratuit ça, mais on assume.