Le numéro 9 de Tony Parker qui monte au plafond ? L’occasion, aussi, de faire le point… sur ce qu’un tel évènement représente

Le 11 nov. 2019 à 16:55 par Giovanni Marriette

Tony Parker 11 novembre
Source image : YouTube

Un accomplissement. Plus qu’une conclusion, un couronnement. Plus qu’une fin en soi, la véritable matérialisation d’une carrière, la couche de concret sur une vie faite d’exploits parfois non-palpables. D’autant plus pour nous d’ailleurs, nous petits Français guettant ça de très loin et avec une demi-douzaine d’heures de décalage et suffisamment de café ingéré pour avoir pu vivre l’essentiel de tout ça en direct. Une fois encore il faudra se lever très tôt, ou ne pas se coucher c’est au choix, mais cette fois-ci encore plus que les autres… ça vaudra le coup. Ça vaudra vraiment le coup, c’est promis.

Un maillot retiré dans votre franchise de toujours, dans la franchise qui vous a fait confiance, qui vous a accueilli, qui vous a mis au défi. La franchise qui vous a ensuite vu grandir, vous construire, et construire avec elle un palmarès parmi les plus étoffés de l’histoire de votre sport. Jusqu’à devenir une icône pour toute votre organisation, pour toute votre communauté. Et on ne parle même pas de la lumière faite sur le basket en France, ce serait indécent et c’est un coup à vous nommer Président de la République.

Mais pour les non-initiés, un maillot retiré… c’est quoi ?

Imaginez que si vous étiez acteur, ce serait comme voir la première salle de théâtre fréquentée dans votre enfance être renommée en votre honneur. Passer tous les jours devant le théâtre Christophe Perichon en allant acheter votre baguette, vrai bail. Car le maillot au plafond parle aux anciens, ceux qui ont vu suffisamment de têtes passer dans leur vie de fan pour savoir que ce Tony-là, il mérite ce qu’il va lui arriver. Ce maillot qui monte, il parle évidemment à… nous, contemporains des exploits de Tony, parce qu’on est quand même et sans prétention aucune les mieux placés pour juger ces 17 saisons de magie à San Antonio. Parce qu’on était là en 2001, parce qu’on était là en 2003, en 2005 et en 2007, parce qu’on était là en 2013 et en 2014, et voilà pourquoi on sera là cette nuit pour ce firework à la française. Mais ce maillot qui monte, il parlera aussi aux générations futures. Ces générations qui arrivent et qui se diront désormais que ce Tony était donc de la trempe d’Un Gervin, d’un Admiral Robinson, d’un Manu Ginobili ou d’un Tim Duncan. On en est donc là, à se dire que ce fameux concret posé sur une carrière de basketteur valide en fait cette dite carrière, et que si cette dernière était jusque-là sujette à tous les débats pour placer Tony Parker dans les livres d’histoire, la cérémonie de la nuit vient mettre définitivement un terme à certains de ses débats. Car Tony Parker fait partie de la grande histoire de la NBA, débat ouvert, mais Tony Parker est un véritable mur porteur de la maison Spurs, débat fermé à double-tour.

Avoir son étoile sur Hollywood Boulevard, sa statue au Musée Grévin, la Légion d’Honneur, recevoir le Prix Goncourt, le Prix Nobel, la médaille Fields… Les manières de voir son talent récompensé et officialisé aux yeux de tous sont nombreuses. Pas si nombreuses que ça dans le sport, hors médailles ou victoires strictement sportives j’entends, et la cérémonie du jour sera à n’en pas douter l’étape I avant le bouquet final dans quelques années. Le bouquet final ? Le Hall Of Fame évidemment, arrivée au sommet ultime pour un basketteur, concrétisation définitive d’une carrière et d’une vie, une estrade que Tony devrait fort logiquement arpenter dans quelques années et l’on peut déjà vous dire que nos petits cœurs fragiles de rédacteurs somnambules ne sont clairement pas prêts pour ce genre d’évènement…

Ceux qui ne savent pas ne peuvent pas comprendre. Ceux qui ne sont pas dans le game riront peut-être. Comment peut-on pleurer devant un maillot qui s’élève devant 20 000 cow-boys habillés en noir et blanc et présentant un évident manque de swag ? Ceux qui ne savent pas ne peuvent pas comprendre. Comment peut-on être pris de spasmes à 5h du matin, comment peut-on avoir des sueurs froides, puis chaudes, en repensant aux exploits d’un mec qui n’a finalement pas fait grand chose pour nous ? Ceux qui ne savent pas ne peuvent pas comprendre. Tu connais le palmarès du gars par cœur mais pas la date de naissance de ton neveu ? Ceux qui ne savent pas ne peuvent pas comprendre. T’as pas pleuré à ton mariage mais t’as pleuré quand Tony a joué un All-Star Game ?

Rendez-vous 4h30 pour les larmes, des larmes de joie, des larmes de nostalgie, des larmes de “putain j’ai vécu tout ça du début à la fin”, des larmes de mélancolie, des larmes de fierté d’être français, des larmes de vrai fan de basket-ball, des larmes d’être humain qui a quand même un p’tit cœur. Merci encore Tony, et à tout à l’heure.