On a testé pour vous… la hernie discale : parce que non, nous ne sommes pas tous des robots insubmersibles perfusés au café

Le 03 août 2019 à 06:18 par Tom Crance

Hernie
Source image : doctissimo.fr

La radio était sans équivoque, l’avis du radiologue tranché et mon avenir sur les parquets plus que compromis. Le verdict de l’homme en blouse blanche était simple et direct : hernie discale mon salaud. Le disque intervertébral était sensible et j’en avais même le poil hirsute. Retour sur une expérience personnelle qui peut constituer, notamment pour les professionnels outre-Atlantique, un moment charnière d’une carrière. 

Galvanisé par mes trois minutes de jeu et un joli 0/2 au tir, je montais au lay-up, sûr de mon fait, le 14 février 2018. Un épais nuage blanc a brusquement altéré ma vision lorsque mes Nike Kobe X USA Independence Day ont entamé leur redescente. Cette fois-ci, le baume du tigre n’aurait aucune utilité tant la douleur dans le bas du dos allait être profonde, stridente. Amis puristes, mon hernie discale était nichée en L5-S1. Sans mon autorisation vous l’aurez compris. Dolipranes, Ibuprofènes, anti-inflammatoires, infiltrations de cortisone et whisky pur : aucun remède, même naturel, n’aura su calmer l’ignoble douleur héritée du bout de disque qui s’était détaché de sa cavité. Au-delà du handicap physique, le moral du basketteur irrité, touché. Il raccroche les Jojo, tire la grimace devant 2K car la position assise est inconfortable, et rencontre x difficultés à mettre la main au panier.

L’opération était prévue le 8 juillet 2019. À l’hôpital le discours des aides-soignantes était identique et ô combien répétitif : “c’est un peu jeune 23 ans pour une hernie non ?”, “vous êtes célibataire ?”. Le chirurgien m’avait indiqué qu’il était interdit de reprendre le basket pendant plusieurs mois. Les premières sensations après être passé sur le billard confirmaient les propos du spécialiste. J’étais allongé sur le dos, seul face à mes péchés, incapable de bouger et mentalement prêt à ne pas m’asseoir pendant trente longues journées afin de ne pas compresser le disque fragilisé. Ma mobilité était réduite voir inexistante afin de ne pas saper le processus de rééducation. Dans ce contexte particulier où le disque n’assure plus son rôle d’amortisseur entre les vertèbres, il est nécessaire de se poser la question suivante : comment assumer 82 games et des road trips herculiens avec Stephen A. Smith aux commentaires ? Impossible d’imaginer revenir à son meilleur niveau après un tel traumatisme, qui invariablement pousse le joueur en bout de banc tandis que la concurrence surfe sur la vague de ce triste destin. D’après les experts, entre 80% 90% des opérations “se passent bien”. Mais qu’en est-il des malchanceux ? Les chirurgiens rappellent que ce type d’intervention chirurgicale comporte de nombreux risques : infections, lésions de nerfs, difficultés à uriner, possibles réapparitions de hernies. Puisque seulement 5 à 10% de ces déplacements d’organes nécessitent l’emploi de la manière forte, toutes les précautions doivent être prises afin de ne pas enrayer la progression d’un joueur avide d’un gros contrat juteux.

Reggie Bullock devait s’engager avec les Knicks pour deux années moyennant 21 millions de dollars. L’ailier-shooteur allait ainsi exporter ses talents aux côtés de Kevin Durant et Kyrie Irving  Marcus Morris et Wayne Ellington contre un bon chèque, avant que la visite médicale ne toque à la porte de la banque. Bingo. Une hernie discale a là-aussi été diagnostiquée pour la gâchette de Baltimore. Après renégociation entre le front office et son agent, son contrat a été revu à la baisse de 21 à 8 millions. Aujourd’hui la direction new-yorkaise souhaite toujours miser sur Bullock malgré un état de santé fragile. Le disque abîmé a été remplacé par un greffon. Quand sera-t-il rétabli, lui qui plantait une douzaine de pions de moyenne en 44 titularisations sous la tunique purple and gold ? Aucune date retour n’a à ce jour été communiquée, signe de l’incertitude qui règne dans la Big Apple. On a coutume d’affirmer que les meilleurs partent toujours en premier. Double MVP en 2005 et 2006, Steve Nash a ainsi connu une fin de carrière hideuse chez les Lakers alors qu’il rejoignait Kobe, Pau, Dwight et Josh McRoberts afin de former une superteam. La raison ? Un mal de dos récurrent depuis plusieurs années, diagnostiqué par une probable hernie discale à l’aube de la saison 2012-2013. La suite, on la connait : 65 matchs joués entre 2012 et 2014, auxquels on peut ajouter une copie blanche pour l’exercice 2014-15. Il convient toutefois de souligner que l’ami Steve était plus proche des allocations chômage que des réductions étudiantes. Fléau d’hier et de demain, la hernie ne laisse personne indifférent. Malgré des promesses de retour à 100%, force est de constater qu’une intervention chirurgicale place le joueur dans une situation nouvelle et délicate. Opéré pendant l’intersaison 2018, James Johnson devait être de retour pour le training camp. Résultat des courses, la castagne de Floride n’aura joué que 55 matchs avec des moyennes statistiques en forte baisse. Hernie 1 – Playoffs 0.

La hernie marque généralement un point de non-retour dans la jungle NBA. Elle plombe le moral quand elle s’accouple à sa petite sœur la sciatique bien sentie dans la fesse gauche. Au pays des blessés, la hernie est roi. Et si Reggie Bullock venait faire mentir les statistiques en s’imposant sous drogues comme le nouveau visage des Knicks après une bonne convalescence ? Et si la planète TTFL vibrait pour Bubu en 2020 ? Éléments de réponse quand l’ailier aura joué 63 matchs en deux ans à New York.